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En Chine depuis dix ans comme professeur d’anglais, Cédric ne supporte pas les commentaires hâtifs sur la Xiaomi SU7 de la part de personnes qui ne l’ont jamais vue de près ni essayée. Pour lui, cette berline électrique est au contraire très convaincante et agréable.
À 37 ans, Cédric a déjà passé pas mal de temps à l’étranger : « J’ai habité en Colombie et au Canada dont j’ai également la nationalité. Sans avoir eu à ce moment-là le temps de me rendre en Chine, j’ai aussi voulu découvrir l’Asie en me lançant à moto dans un roadtrip de six mois. J’y suis allé ensuite, sans aimer ce pays, avec mes deux valises et un visa touristique. Ça fait maintenant dix ans que j’y enseigne l’anglais ».
La Xiaomi SU7 est sa première voiture électrique : « J’avais auparavant une Mazda Axela 3 que j’ai amenée à plus de 100 000 km. Ma compagne roule déjà en électrique, avec une Audi e-Tron ». Il ne cherche pas à inciter les électromobilistes dans l’Hexagone à opter pour ce modèle, mais à communiquer l’appréciation d’un utilisateur de la berline chinoise dans le contexte qui est le sien.
Deux choses ont décidé notre lecteur à nous contacter : « J’ai d’abord vu qu’un journaliste d’Automobile Propre est venu en Chine pour découvrir la SU7. Puis j’ai lu des commentaires qui m’ont fait hérisser le poil sur cette voiture, de la part de personnes qui se contentent de fausses informations teintées de China bashing. C’est pourquoi j’ai proposé à la rédaction d’essayer la mienne à Shanghai où je suis ».
Michaël Torregrossa qui a réalisé la vidéo de découverte de la SU7 étant depuis rentré en France, c’est donc sous la forme d’une interview prise à distance que nous vous livrons le témoignage de Cédric.
D’une certaine manière, les commentaires trop rapides sur la Xiaomi SU7 ont replongé Cédric dans la période du Covid : « Nombre de mes contacts s’inquiétaient et me demandaient ce qui se passait en Chine et comment nous vivions sur place cette pandémie. Mais d’autres n’avaient pas cette démarche et pensaient tout savoir et même mieux que moi à partir de ce qu’ils avaient lu sur les réseaux sociaux. Pour la Xiaomi SU7, c’est pareil finalement : des personnes qui ne la connaissent pas se permettent de donner un avis, parfois en colportant de fausses informations ».
En écoutant notre lecteur expatrié, difficile de ne pas penser à Tesla qui fait encore également l’objet de ce phénomène au moindre accident grave : « Vous allez trouver des posts chinois TikTok incriminant la SU7 à tort. Par exemple, celle où l’on voit la voiture exploser une barrière et finir par faucher des personnes à un arrêt de bus avec deux morts et des blessés ».
Depuis, les responsabilités ont clairement été établies : « Xiaomi collabore avec la police à chaque fois. Il a été démontré que ce n’est pas la voiture qui était en cause, mais son conducteur qui a eu du début à la fin le pied sur l’accélérateur. Le problème, c’est que maintenant la vidéo est faussement commentée en Europe ».
À lire aussiTémoignage – Comment les propriétaires français du Fisker Ocean se préparent à une éventuelle faillite ?« Cette façon de relayer les accidents, c’est du China bashing pour discréditer cette voiture électrique et que l’on constate d’ailleurs même ici en Chine. Aucune voiture n’est parfaite et pas davantage la SU7, mais la dangerosité attribuée à cette voiture est mensongère. Je suis dans un groupe WeChat qui réunit plus de 500 utilisateurs de la berline électrique de Xiaomi. Personne n’a rencontré de gros problèmes. C’est juste une voiture très agréable à conduire, très belle et très à mon goût », rectifie Cédric.
Il a cependant connu une situation qui peut expliquer certains accidents : « J’ai vécu une fois une très courte perte de contrôle en accélérant très fort alors que j’avais les roues braquées à fond. Ce qui se rattrape comme avec toutes les voitures. Ceux qui ne savent pas vraiment conduire et comptent en permanence sur les assistances risquent effectivement d’en faire les frais. Pour ma part, j’aime conduire, alors je désactive toujours ces systèmes ».
Notre lecteur apprécie le comportement de sa voiture de type propulsion : « La SU7 réagit immédiatement aux sollicitations sur l’accélérateur. Ce qui n’est pas le cas de l’Audi e-tron. À l’inverse, ma compagne utilise peu ma voiture pour l’instant, car elle a l’impression d’être au volant d’une Formule 1. J’ai pourtant choisi le modèle d’entrée de gamme ».
Avec une longueur de 5 m pour une largeur de 1,96 m, la Xiaomi SU7 dépasse de 3 cm la Tesla Model S. Trois versions de motorisation sont actuellement proposées : « J’ai pris celle d’entrée de gamme, largement suffisante en puissance pour rouler à Shanghai. Contre l’équivalent de 27 000 euros, elle est plusieurs milliers d’euros moins chère [NDLR : Environ 5 000 euros selon nos recherches, et davantage pour les versions supérieures] que la Model Y qui est la Tesla la plus vendue en Chine ».
Pour ce prix, la SU7 embarque une batterie LFP (lithium fer phosphate) d’une capacité énergétique brute de 73,6 kWh en alimentation d’un moteur développant une puissance en pic de 220 kW (299 ch) pour un couple maximal de 400 Nm. Pour quelle autonomie ?
« En roulant à Shanghai où l’on a aussi de l’autoroute, je consomme en moyenne 12 kWh/100 km en étant à 80 % en mode Sport et 20 % en Confort. Ce qui est conforme aux 12-13 kWh/100 km observés par les autres utilisateurs de mon groupe WeChat. Il m’arrive même de descendre dans les 10 kWh/100 km ». À 12 kWh/100 km, l’autonomie est de l’ordre de 580 km réels.
Le passage à l’électromobilité a été un peu particulier pour Cédric : « Je ne suis pas spécialement fan de l’électrique. Je ne me voyais pas devoir m’arrêter régulièrement pour recharger quand j’ai besoin de faire 13 à 14 heures de route. Mais je suis en quelque sorte un Xiaomi fan, en raison de la qualité des produits pour des tarifs modérés. Je n’ai jamais été déçu. J’ai commencé par un smartphone en arrivant en Chine, puis j’ai continué avec d’autres produits de la marque ».
Depuis la France, on n’imagine pas forcément tous les services et appareils qu’elle peut proposer : « Venant de changer d’appartement, j’ai acheté une serrure intelligente pour la porte d’entrée à 90 euros qui me permet, par exemple, pour une durée déterminée de laisser une personne entrer grâce à son smartphone. Xiaomi est venu me l’installer ».
Notre lecteur ne compte plus les objets connectés de la marque dont il dispose : « J’en ai bien une trentaine, tous contrôlables à distance. Ainsi un purificateur d’air, un robot de cuisine style Thermomix, des appareils de nettoyage, etc. Et tout fonctionne très bien ».
Ce confort d’usage, Cédric le retrouve dans sa SU7 : « Nous sommes deux à utiliser la voiture. Pas besoin de clé, elle reconnaît nos téléphones et s’adapte au conducteur. Quand c’est ma compagne, le véhicule reprend ses réglages du siège, de la conduite, du système multimédia en reprenant directement sur l’écran via Apple CarPlay sans fil l’image de son iPhone. Pareil pour moi, mais avec Android Auto. Et quand on quitte le véhicule, tout se ferme, y compris les vitres ».
Notre lecteur a craqué pour la berline électrique lors du live de présentation du 28 mars 2024 : « Beaucoup de Chinois sont à fond derrière le fondateur Lei Jun qui apparaît comme un personnage très humble. Il m’en fallait davantage, comme une adéquation avec mes besoins quotidiens et un prix abordable. La SU7 aurait coûté le double, je ne l’aurais même pas regardé. Nous sommes allés la découvrir deux jours après dans un magasin en nous asseyant dedans ».
Et pour l’acheter ? « Ça se fait en téléchargeant une application dédiée qui gère tout, y compris la mise en place d’un financement. Ici, alors que les Tesla se sont banalisées, les gens regardent cette voiture et la prennent même en photo. Certains disent qu’elle ressemble à une Porsche ».
Cédric aurait dû attendre des mois avant de pouvoir recevoir sa berline électrique : « On nous a annoncé 27 semaines de délai. Seuls ceux bénéficiant de la série ‘Founders Edition’ pouvaient la recevoir beaucoup plus vite, en pas plus d’un mois. J’ai interrogé mon réseau de connaissances ici en Chine. Une personne m’a transmis son droit sous la forme d’un QR Code à scanner. C’est grâce à cela que j’ai reçu ma SU7 dans les deux semaines, le 13 mai 2024 ».
Seulement 5 000 exemplaires composent la série inaugurale : « Chacun est identifié par son numéro que l’on retrouve sur les plaques et le volant. Tous reçoivent sans surcoût toutes les options. La série est identifiable de l’extérieur par ses coques de rétroviseurs traités façon carbone. Il y a une boîte qui peut diffuser au choix un des trois sent-bon ».
Notre lecteur est « super content d’avoir pu recevoir cette voiture si rapidement. L’écran est plus grand et plus intuitif à utiliser que dans l’Audi e-tron. Le GPS s’utilise aussi par ordre vocal, sans avoir à toucher l’écran. Où que je sois, il me suffit de dire que je veux rentrer à la maison pour que l’itinéraire s’affiche. C’est très pratique, comme avec Siri. Je peux également demander une sélection de musiques, en lien avec mes applications ».
Après environ 3 000 km parcourus en moins d’un mois au volant de la SU7, Cédric a fait part à Xiaomi de trois points qu’il aimerait voir s’améliorer : « Aujourd’hui, tout le système est en chinois, sans possibilité d’avoir un affichage en anglais. Je comprends bien que ce ne soit pas une priorité alors que ces exemplaires circulent uniquement en Chine pour l’instant ».
Seconde demande : « Comme j’aime conduire, je dois désactiver à chaque nouvelle utilisation du véhicule les assistances. Je souhaiterais que ce choix puisse être respecté jusqu’à nouvel ordre. Ainsi en particulier pour le freinage automatique ». Et enfin : « Les caméras détectent les ‘objets’ devant la voiture à une distance de 80 cm. Alors elle bipe et descend le volume de la sono. En ville, c’est infernal. Pour échapper à cela, il faudrait que je désactive les caméras. Mais je n’aurais plus d’images en cas d’accident. Ce fonctionnement doit être amélioré ».
Tout cela semble possible pour notre lecteur : « Des mises à jour sont régulièrement effectuées over-the-air. Depuis que j’ai la voiture, il y a eu 2 ou 3 grosses OTA ».
À lire aussiTémoignage – Frank a fait 1 100 km en une journée en Renault Zoé pour aller à Stockholm« J’entends parfois ici que Xiaomi représenterait le bas de gamme des voitures électriques face à BYD qui serait premium. Personnellement, je ne suis pas d’accord, même s’il est difficile de vraiment se positionner pour l’instant. Trop de gens se construisent une image, vraie ou fausse, à partir de deux ou trois infos. Avec le temps, j’ai arrêté d’argumenter. De toute façon, BYD n’a pas commencé dans le haut de gamme », rapporte Cédric.
Il peut aussi témoigner des efforts réalisés en Chine pour favoriser le développement des véhicules branchés : « Pour pouvoir recevoir les plaques d’immatriculation d’une voiture thermique, il faut sortir l’équivalent de 15 000 euros environ. C’est en revanche gratuit pour les électriques. Maintenant, même les étrangers comme moi peuvent en avoir à leur nom. Si un particulier achète une borne domestique pour sa voiture, le gouvernement se charge de l’installer sans frais ».
La Chine semble être un paradis pour ceux qui n’ont pas accès à une prise chez eux afin de brancher leur VE : « Il y a des stations de recharge partout à Shanghai, que l’on peut exploiter chaque fois que l’on va quelque part. À 200 m de chez moi, il y en a une avec 150 bornes, alignées des deux côtés sur une longue ligne droite ».
À savoir : « La puissance disponible dépend de la fréquentation. En général, je charge ma SU7 à une puissance moyenne de 90 à 100 kW. Je n’ai pas besoin de plus de 30 à 50 minutes pour recharger, avec une facture de l’ordre de neuf euros ».
Il y a toutefois une situation où un blocage est à prévoir : « C’est problématique en période de Nouvel An chinois. Beaucoup de gens se déplacent. Il faut parfois une heure rien que pour rentrer sur l’autoroute ».
Automobile Propre et moi-même remercions vivement Cédric pour sa disponibilité et son témoignage, mais aussi pour nous avoir proposé d’essayer son véhicule.
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Focus sur Tesla24 septembre 2024
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