AccueilArticlesDroits de douane : Donald Trump prêt à semer le chaos dans l'industrie automobile

Droits de douane : Donald Trump prêt à semer le chaos dans l'industrie automobile

La suite de votre contenu après cette annonce

Il y a encore quelques mois, les constructeurs automobiles occidentaux n’avaient pas spécialement à s’inquiéter des droits de douane. Mais l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche rebat les cartes. Sous couvert de protectionnisme, le nouveau président veut imposer une taxe de 25 % sur les marchandises en provenance du Mexique et du Canada. L’Europe pourrait également être concernée. On fait le point.

Une nouvelle taxe de 25 % : oui ou non ?

Donald Trump a trouvé son arme favorite pour faire plier ses opposants, mais aussi ses alliés historiques : les droits de douane. Après des menaces et une suspension temporaire, le président américain a annoncé que les importations en provenance du Canada et du Mexique seraient taxées à hauteur de 25 % (10 % pour les hydrocarbures canadiens).

Ces nouveaux droits de douane sont entrés en vigueur le 4 mars 2025. En cause, l’importation du fentanyl, un opioïde responsable de la mort de dizaines de milliers de personnes dans le pays de l’oncle Sam. Le locataire de la Maison-Blanche affirme que ses voisins ne font pas assez pour lutter contre ce trafic.

Les voitures électriques (et les autres) en provenance du Canada et du Mexique sont donc théoriquement soumises à cette taxe. Un coup dur pour les fabricants d’automobiles. Mais cette situation n’aura pas duré longtemps. Dernier rebondissement en date : les droits de douane ont finalement été suspendus pour un mois supplémentaire à la demande des constructeurs automobiles le 5 mars 2025. Affaire à suivre.

Beaucoup de constructeurs automobiles concernés

La politique de Trump n’est pas un cadeau pour les marques américaines. En effet, Stellantis fabrique 39 % de ses véhicules destinés au marché nord-américain au Mexique ou au Canada, tandis que General Motors et Ford en fabriquent respectivement 36 % et 18 %. D’autres constructeurs sont concernées : Audi, BMW, Honda, Kia, Mazda, Nissan, Toyota et Volkswagen disposent tous d’usines sur le sol mexicain.

À lire aussiVoitures électriques : Audi mise sur le Mexique, mais est-ce vraiment une bonne idée ?

En réponse à cette « agression commerciale », les pays concernés ont décidé de réagir. Le Canada souhaite introduire des droits de douane de 25 % sur les marchandises américaines. Dans un premier temps sur des produits d’une valeur totale de 30 milliards de dollars. Au bout de 21 jours, les marchandises au-delà de 155 milliards seront concernées. Les voitures électriques en provenance des États-Unis ne seront pas épargnées.

De son côté, Claudia Sheinbaum, la présidente mexicaine, assure que le Mexique a déjà « un plan A, un plan B, un plan C et un plan D » contre ces nouvelles taxes. Aux États-Unis, cet isolement commercial commence à inquiéter consommateurs et entreprises. Ils se rendent compte que la politique du président Trump pourrait se retourner contre eux. Signe de nervosité des marchés, Wall Street est dans le rouge depuis quelques jours.

Une récente étude a permis de montrer que si les droits de douane de 25 % sont appliqués, le prix des automobiles risque de grimper en flèche. Jusqu’à 12 000 dollars dans certains cas. Cela pourrait se traduire par une baisse historique de la production de véhicules aux États-Unis, au Canada et au Mexique. Certains analystes parlent même d’un tiers en moins. La fabrication du Toyota RAV4 au Canada pourrait carrément s’arrêter.

La Chine est aussi dans le viseur de Trump

Et la Chine dans tout ça ? Alors que Joe Biden avait déjà sanctionné Pékin en imposant des droits de douane de 100 % sur les voitures électriques, le nouveau président va encore plus loin. L’administration augmente les droits de douane sur les marchandises en provenance de Chine de 20 %. Mais Pékin ne se laisse pas faire non plus avec une surtaxe de 15 % sur le charbon et le gaz naturel liquéfié en provenance des États-Unis.

Le pays a également annoncé de nouveaux droits de douane à venir sur le poulet, le blé, le maïs et le coton, ainsi qu’une surtaxe de 10 % sur les produits agricoles en provenance des USA à partir du 10 mars. Les automobiles sont encore épargnées, mais cela ne durera pas. La Chine pourrait prendre des mesures pour barrer la route aux firmes américaines et ainsi les priver du plus grand marché automobile au monde.

Quid de l’Union européenne ?

Pour le moment, la Maison-Blanche n’a pas officialisé l’entrée en vigueur des droits de douane sur les produits européens. Donald Trump avait toutefois annoncé fin février que l’Europe serait visée par une taxe de 25 %. Ce serait un coup dur supplémentaire pour les marques du Vieux continent qui luttent déjà contre une transition plus lente que prévu vers les véhicules électriques.

Si Trump met ses menaces à exécution, l’Union européenne prendra des « contre-mesures fermes et proportionnées », selon la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Bref, c’est un véritable chaos politique et commercial. Autant d’incertitudes qui empêchent les constructeurs automobiles de se projeter. Et à la fin, ce sont les consommateurs qui risquent d’en payer le prix.

Avis de l'auteur

Les accolades et les longues poignées de main entre Emmanuel Macron et Donald Trump sont déjà loin. Le président américain a décidé de bouleverser l'ordre mondial et pour le moment, rien ne semble pouvoir l'arrêter. Cette nouvelle vague de taxes risque de poser de sérieux problèmes à l'ensemble de l'industrie automobile. Le marché repose depuis de nombreuses années sur un principe de libre-échange, à quelques exceptions près. Si cette guerre commerciale mondiale ne s'apaise pas, j'ai bien peur que les ventes de voitures électriques soient directement impactées. C'est un marché « naissant », encore en phase d'accélération, qui a besoin que les conditions soient réunies pour continuer sa phase de développement. La politique protectionniste de Donald Trump, et les contre-mesures adoptées un peu partout, pourraient mettre à mal la démocratisation tant attendue.

Valentin Cimino

La suite de votre contenu après cette annonce

La suite de votre contenu après cette annonce


Nos guides