Supertest - Mercedes G580 EQ, les temps de recharge et de voyage de notre essai

Le Mercedes G580 EQ a déjà livré tous ses petits secrets chiffrés. On le confronte désormais à l’exercice des longs trajets !

Le Mercedes Classe G adopte pour la première fois une motorisation 100 % électrique. Si la nouvelle peut séduire, le G580 EQ démontre si besoin est les limites de la technologie avec ce genre de véhicules exotiques : à l’image du Volkswagen ID. Buzz ou, dans une autre dimension, le Hummer EV SUV, le poids délirant et surface frontale font grimper les consommations en flèche. Résultat : le Mercedes G580 EQ affiche des autonomies dignes d’un SUV compacts. Ses capacités de recharges peuvent-elles faire des longs trajets une formalité ?

Courbe de recharge rapide du Mercedes G580 EQ : un plein utile en 33 minutes, mais …

Sur le papier, le Mercedes G580 EQ promet un pic de recharge rapide de 200 kW. Une puissance qu’il n’a pas de mal à aller chercher en début de ravitaillement, jusqu’à 20 % de charge. S’ensuit un plateau jusqu’à près de 50 %, puis une chute de puissance en forme d’escalier jusqu’à près de 115 kW à 80 % de charge. Au final, le plein utile réclame à peine moins de 33 minutes, avec une puissance moyenne à la borne de 153 kW. L’écart avec le pic annoncé est correct.

Toutefois, la fin de la recharge est excessivement longue, avec 15 minutes de plus pour atteindre les 90 %, et près d’une heure supplémentaire pour faire le plein complet. Autrement dit, les dix derniers pour cents sont inutilisables lors d’un long trajet ! Enfin, notons que nous n’avons pu observer qu’à deux reprises la courbe de recharge optimale, avec un temps proche de celui communiqué par le constructeur (32 minutes). Dans plusieurs autres cas, la puissance a été bridée prématurément. C’est l’un des très probables signes d’une température élevée de la batterie, avec des cellules entassées dans un boîtier aux parois épaisses. Rien de rédhibitoire cependant, puisque le 10-80 % n’a jamais excédé les 38 minutes, même dans le cas d’une utilisation intensive.

Autonomie récupérée : 158 km en 30 minutes

Si la puissance moyenne est correcte, la consommation excessive du SUV ne permet pas de récupérer rapidement de l’autonomie. En un quart d’heure, le SUV ne récupère que 90 km d’autonomie, et il peut compter sur 160 km au bout 30 minutes. Ces relevés sont semblables à ceux d’une… Renault 5 e-Tech !

Coûts des recharges du Mercedes G580 EQ

Les bornes de recharge rapide ont délivré en moyenne 84,23 kWh de 10 à 80 % de charge. Au prix moyen de 0,59 €/kWh sur ces bornes, le plein utile représente un coût de 49,7 €, soit 28,8 €/100 km. Même sans abonnement avec des prix préférentiels à la clé, c’est moins cher qu’avec Mercedes-AMG G63 qui gravite autour des 18 l/100 km sur autoroute. En parcours mixte, il faut tabler sur 19,1 €/100 km. Sur les bornes de recharge lente en courant alternatif, le G580 EQ ne dispose que d’un chargeur embarqué de 11 kW, permettant de faire le plein (10-100 %) en 9 h 30. Dommage, un système 22 kW aurait été plus adapté pour une batterie de cette capacité. En tout cas, avec ce type de recharge, le coût d’utilisation sur parcours mixte est compris entre 8,5 €/100 km (recharge à domicile) et 15,2 €/100 km. Inutile de chercher, il n’existe aucun Classe G thermique aussi peu coûteux à rouler !

Temps de voyage pour 500 km : 5 h 28

Le Mercedes G580 EQ est équipé de l’excellent planificateur d’itinéraire de la marque, toujours précis dans ses estimations, quoiqu’un peu pessimiste (c’est mieux dans ce sens). Avant notre départ, le système a anticipé trois arrêts pour 1 h 12 d’immobilisation. Une prédiction pas si éloignée de la réalité puisque nous n’avons eu besoin que de deux arrêts pour passer la ligne d’arrivée avec près de 20 % de charge restante.

Au final, 60 minutes de ravitaillement ont été nécessaires, avec, dans les deux cas, des temps de recharge conformes aux annonces du constructeur (nous avons enregistré des pertes de puissance à d’autres moments). En ajoutant le temps de trajet habituel (4 h 20) et un forfait de quatre minutes par arrêt, cela porte le chrono’ à 5 h 28 très exactement. C’est, à une poignée de minutes près, le temps qu’on enregistre avec une Renault 5 e-Tech ou un Volkswagen ID. Buzz. Un Smart #3 Brabus, un très lointain cousin pas forcément plus utile, réalise le parcours en 5 h 12.

Supertest Mercedes G580 EQ : le bilan

Il existe deux écoles pour ce type de mastodontes électriques. Dans un cas, le G580 EQ interroge légitimement sur l’intérêt d’un véhicule électrique de ce gabarit, qui cumule les superlatifs à l’heure de la sobriété. Sa carrure imposante et son poids délirant (une grosse batterie étant nécessaire pour camoufler les effets du premier point) se traduisent par des consommations déraisonnables. Dans l’autre cas, on peut toujours se satisfaire de l’électrification d’un tel mastodonte, une nécessaire solution pour convertir plus rapidement les conducteurs à la mobilité électrique.

Reste que la mission n’est pas facile pour ce Mercedes G580 EQ, dont la clientèle habituelle n’a que faire de ses aptitudes sur les terrains cabossés, et qui n’est pas plus inquiétée par l’appétit du V8 M177, ce dernier étant l’un des principaux critères d’achats (le seul ?) des riches clients en manque de reconnaissance. Mais, pour une certaine partie d’entre eux, le G580 EQ pourrait être plus séduisant : il propose toujours le même niveau de m’as-tu-vu extérieur et de raffinement à bord, tout en étant plus agréable à rouler au quotidien. Et il a aussi l’avantage d’être plus « abordable » : le SUV démarre au prix de 174 951 € en AMG Line, et grimpe à 196 351 € dans cette configuration Edition 1 d’essai. Le Mercedes-AMG G63 réclame un chèque de 204 701 €, sans compter les 70 000 € de malus plafonné puisque, conformément à la réglementation, le malus au poids ne s’applique pas ici. Bref, qui a dit que l’électrique était plus cher que le thermique ?