Pourquoi Elon Musk tente d'influencer les élections législatives en Allemagne ?

Il semblerait qu’Elon Musk ait pris goût à la politique. Après avoir soutenu Donald Trump lors des élections présidentielles aux États-Unis, le patron de Tesla affiche désormais clairement son soutien pour l’AfD en Allemagne. Que prépare-t-il ?

Profiter du chaos ambiant

C’est un véritable chaos politique qui règne en Europe depuis quelques mois. Après la France, c’est au tour de l’Allemagne de se débarrasser de son gouvernement. Dans une situation similaire à celle que nous avons vécu chez nous, le président allemand Frank-Walter Steinmeier a décidé de dissoudre le Parlement. Il a fixé les élections législatives anticipées au 23 février 2025. Totalement isolé, le chancelier Olaf Scholz ne pouvait pas rester.

Comme si le monde n’avait pas assez entendu parler d’Elon Musk ces derniers temps, le patron de Tesla a décidé de s’exposer un peu plus. Il a clairement affiché son soutien envers l’AfD (l’Alternative für Deutschland), un parti allemand d’extrême droite, populiste et ouvertement anti-immigration. « Seul l’AfD peut sauver le pays de l’effondrement », a déclaré l’homme le plus riche du monde il y a quelques jours sur X.

Après Donald Trump, Musk se concentre sur l’Allemagne

Après avoir aidé à installer Donald Trump à la Maison Blanche, Elon Musk s’est fixé pour objectif de bouleverser l’ordre politique en Europe. Il a tenté d’expliquer son raisonnement auprès de nos confrères du Welt am Sonntag. Selon lui, « personne d’autre que l’AfD ne pourrait redonner force et prospérité au pays ». Il estime que le parti politique d’extrême droite est « la dernière lueur d’espoir » pour l’Allemagne.

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Dans un pays « au bord du gouffre », le patron de Tesla estime que l’AfD est le seul camp ayant une approche qui vise à « préserver l’identité culturelle de l’Allemagne face à la menace de la mondialisation et de l’ouverture des frontières ». Un discours très proche de celui de Trump. Son propos selon lequel « l’Allemagne s’est trop accommodée de la médiocrité » est, a priori, partagé par de nombreux chefs d’entreprise.

Plusieurs géants industriels allemands, notamment Volkswagen, ont annoncé des licenciements massifs et menacé de fermer des usines. Le soutien d’Elon Musk a suscité un débat houleux dans le pays. En effet, l’AfD a récemment été désignée comme une « menace d’extrême droite pour l’ordre démocratique libéral ». Certains représentants du parti ont carrément des liens avérés avec des néo-nazis.

Tesla a des intérêts en Allemagne

Mais pourquoi le milliardaire a-t-il décidé de s’immiscer dans cette campagne politique ? Elon Musk rencontre régulièrement des chefs d’État et la plupart d’entre eux tentent de courtiser Tesla. Cette position lui permet d’avoir une vue d’ensemble sur les différents marchés du monde. « Qui mieux que l’entrepreneur le plus prospère du monde peut mettre en évidence les faiblesses de l’Allemagne ? », questionne un média américain.

Elon Musk a également des intérêts en Allemagne. Tesla possède une usine dans l’est du pays. Une région structurellement pauvre. Il y a quelques mois, des militants d’extrême gauche ont tenté de nuire aux projets d’agrandissement de l’entreprise américaine en sabotant le site. L’incident a entraîné un arrêt temporaire des lignes de production et une perte d’un milliard de dollars selon la firme d’Austin.

Avec l’AfD au pouvoir, Elon Musk espère peut-être pouvoir étendre ses activités dans le pays avec plus de liberté. En mars 2024, il avait annoncé que le Tesla Semi, son camion électrique, pourrait aussi être fabriqué en Allemagne. En attendant, Christiane Hoffmann, la porte-parole du gouvernement, estime que si Musk est « parfaitement libre d’exprimer son opinion », la situation est d’une « grande absurdité ».

Le parti d’extrême droite allemand ne détenait jusqu’à présent « que » 77 sièges au sein du Parlement. On a vu ce qu’était capable de faire Elon Musk aux États-Unis. Certes la situation est très différente, mais son soutien pourrait compter lors des prochaines élections législatives dans la plus grande économie d’Europe.