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Pourquoi vouloir à tout prix faire de la Bolloré Bluesummer la Méhari des temps modernes, alors que la mythique voiture de plein-air alimentée à l’énergie électrique existe bel et bien ! Spécialiste du modèle historique depuis 25 ans environ, Méhari-Loisirs assemble son engin en France avec des éléments fabriqués en Europe, à l’exception des batteries. L’E-Story, proposée depuis quelques jours, est unique, dans le sens où elle permet aux électromobiliens amateurs d’anciennes voitures de réunir deux mondes qui leur sont chers et qui s’opposent souvent.
Comment expliquer la passion des Citroën anciennes autrement que par le génie bouillonnant dont faisait preuve son bureau d’études, si précisément décrit par Roger Brioult dans deux volumes quasiment introuvables aujourd’hui et intitulés « Citroën : L’histoire et les secrets de son bureau d’études ». Sans les Flaminio Bertoni, André Lefèbvre, ou Paul Magès, pas de DS, de 2 CV, d’Ami 6 ou de Traction ! Et pour la Méhari, qui est ainsi présentée par l’ancien directeur de la Revue technique automobile, incollable sur l’histoire des chevrons : « 1968 – La Méhari.
Une voiture d’un caractère absolument nouveau dans sa conception comme dans son utilisation. C’est la première fois qu’une voiture de série reçoit une carrosserie en plastique souple (un copolymère d’acrylonitrile butadiène styrène thermoformé ». Encore une idée géniale à mettre au compte de l’équipe d’André Lefèbvre !? Eh non ! La Méhari est l’exception Citroën de l’époque.
Le concept ne sort pas de son bureau d’études, mais lui a été presenté par un héros de la Seconde Guerre mondiale et industriel visionnaire : le Comte Roland Paulze d’Ivoy de la Poype. Donné en Afrique du Nord au dromadaire, le nom « Méhari » attribue nombre de qualités à l’engin, dont l’endurance et la sobriété, et souligne ses deux applications principales : utilitaire et véhicule de loisirs.
Comme la DS et la 2 CV, la Méhari fait partie des voitures anciennes qui tiennent la cote. On la trouve rarement en bon état en dessous de 10.000 euros. Sa concurrente principale, la série Rodéo (4, 5 et 6) de chez Renault, ne suit que de loin ! Les Méhari ont leurs spécialistes qui proposent aujourd’hui de les entretenir, de les rénover, ou de fournir pour elles des pièces détachées neuves.
Parmi eux, c’est Méhari-Loisirs, installé à Le Pouzin, en Ardèche, qui intéressera les électromobiliens. Car c’est de là qu’est partie l’aventure de la E-Story. Il ne s’agit pas d’une conversion à la mobilité électrique d’une voiture ancienne, mais d’une véritable réplique qui dispose de spécificités propres et qui est livrée neuve ! Pour parfaire la ressemblance, le nouvel engin est présenté dans les mêmes coloris (jaune, beige, blanc, vert, orange, etc.) que la Méhari historique, à l’exception du rouge jugé peu attrayant. La série « Marina » la prolonge en s’appropriant pleinement un de ses rôles, celui de véhicule de loisirs. Gérant fondateur de l’entreprise, Rodolphe Berdiel bénéficie du soutien du constructeur aux chevrons dans son équipée.
Pour arriver à remettre la Méhari sur la route en la retouchant à peine, juste ce qu’il faut pour l’adapter à la mobilité électrique d’aujourd’hui, il fallait abandonner l’idée de conserver son type préfecture « VP ». Comment une entreprise au format familial pourrait-elle assumer les frais d’un passage au crash-test ? Avec un ensemble châssis-carrosserie qui reste fidèle au modèle d’origine, la E-Story serait de toute façon recalée. En faire un quadricycle lourd était la seule solution envisageable.
La catégorie L7e, dont elle fait partie, ne ternira même pas, ou à peine, les performances de l’époque. Une vitesse de pointe un peu en retrait, mais des accélérations plus vives, pour, au final, un juste équilibre. « Véhicule à moteur à quatre roues dont la puissance maximale nette du moteur est inférieure ou égale à 15 kilowatts, le poids à vide n’excède pas 550 kilogrammes pour les quadricycles affectés au transport de marchandises et 400 kilogrammes pour les quadricycles destinés au transport de personnes », indique le ministère de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie pour la catégorie L7e.
A la technique, l’ingénieur Jérôme Arsac. C’est lui qui a conçu la chaîne de traction électrique, au sein de laquelle le moteur de 15 kW est capable d’entraîner la E-Story jusqu’à 90 km/h. Il faudra toutefois être un peu plus raisonnable pour bénéficier de la centaine de kilomètres qui constitue son autonomie avec les batteries embarquées, d’une capacité totale de 10 kWh.
Un pack 20 kWh existe, qui permet de doubler le rayon d’action. Développé avec des accumulateurs lithium fer, l’engin devrait cependant être livré dès le mois de mai 2016 avec des éléments lithium-ion Samsung placés sous les sièges. Une disposition qui gommerait le défaut structurel de répartition des masses sur la Méhari. A partir d’une prise 16 A, il faudra compter environ 3h30 pour régénérer les cellules.
La transmission du mouvement s’effectue sur les roues avant, via un réducteur. Exit le rituel de manipulation du levier qui imposait un mouvement du bassin du conducteur. Quatre personnes peuvent prendre place à bord, en respectant un maximum de 250 kilos, charge du coffre comprise. Le système de suspension est similaire à celui de la Méhari, toutefois amélioré par l’emploi d’amortisseurs à gaz. Un équipement que Méhari-Loisirs utilise aussi pour reconditionner les modèles thermiques historiques.
L’édition 2015 du salon Epoqu’Auto qui rassemble annuellement à Lyon un peu tous les genres d’acteurs et passionnés des véhicules anciens s’est déroulé du 6 au 8 novembre dernier. Directeur commercial de Méhari-Loisirs, Philippe Charrin témoigne : « E-Story a reçu un très bon accueil des visiteurs. L’image du véhicule historique attire la sympathie des gens ». Pour lui, le concept, « sans précédent en France », ne peut que réussir, car « il permet d’associer le désir de rouler au quotidien à bord d’une voiture ancienne avec le souhait d’en limiter l’impact sur l’environnement ». D’ailleurs, « les particuliers comme les professionnels se montrent très intéressés par la E-Story, au point que nous avons déjà reçu 150 demandes, pour une capacité de production de 5 exemplaires mensuels actuellement », se réjouit-il.
« A l’origine, nous visions les professionnels des loisirs, campings, ports de plaisance, domaines viticoles, loueurs côtiers de véhicules, habitants de la France Outre-Mer, mais les caractéristiques de la E-Story font qu’elle séduit aussi les citadins qui la trouvent adaptée aux déplacements en ville », révèle Philippe Charrin, qui insiste sur la polyvalence de l’engin.
Le succès du concept fait que le quadricycle est en priorité proposé aux clients de Méhari-Loisirs. « Nous avons même reçu des commandes des puristes de la Méhari », s’étonne quelque peu Paul Berdiel, fils du fondateur de l’entreprise. À 20 ans, celui qui a été trimbalé dans cette voiture depuis sa plus tendre enfance, a imaginé la série « Marina », blanche et bleue, de toute beauté.
À bord, le bois de teck est très présent un peu partout, depuis le tableau bord jusqu’au couvercle de la malle. « Associé au plein-air, le bois est un élément utilisé dans la marine qui résiste aux conditions extrêmes », justifie le jeune designer. Et le résultat est à la hauteur de ses convictions, donnant véritablement l’impression que c’est Citroën qui propose une série limitée pour l’anniversaire du modèle « Azur », arborant les mêmes teintes blanche et bleue, et justement incorporé au catalogue en 1986. Soit exactement 30 ans avant les premières livraisons de la E-Story !
« Si on retrouve la simplicité légendaire de la Méhari dans notre voiture, c’est avec bien des touches de modernisme », tient à signaler Paul Berdiel. Il suffit d’observer le tableau de bord et la liste des options pour s’en convaincre. Et puisqu’il s’agissait de « retoucher un véhicule mythique sans le dénaturer », c’est vraiment gagné !
Seule proposition sur le marché branché d’une parfaite réplique modernisée d’un best-seller automobile, la E-Story n’a donc vraiment pas grand chose à craindre de la Bolloré Bluesummer qui ne saura autant attirer la sympathie des amateurs de véhicules d’époque. Les catégories quadricycles étant encore actuellement exclus des bonus et superbonus gouvernementaux, l’engin est affiché à la vente à partir de 22.772 euros. Un prix qui ne devrait pas trop effrayer les Citroënistes progressistes, souvent à l’affut d’un modèle d’exception, ni quelques professionnels qui pourront exploiter leur investissement pour donner un coup de vert à l’image de leur entreprise.
On imagine aisément que dans les cartons de Méhari-Loisirs s’entassent quelques autres projets branchés en rapport avec la Méhari et la 2 CV. Bien sûr, l’équipe se mobilise aujourd’hui pour transformer l’essai en succès ! Peut-être qu’ensuite la version utilitaire sera proposée, tout comme un modèle 4×4 qui intégrerait un moteur électrique dans chacune des roues arrière. « La technologie avait un temps été envisagée avec la E-Story à 2 roues motrices, mais l’absence d’un possible réducteur donnait un moteur très coupleux incapable d’emporter la voiture à une vitesse satisfaisante, ou l’inverse », témoigne Paul Berdiel. Un défaut qui s’efface lorsqu’il s’agit de soutenir le travail de l’appareil principal, placé sur l’essieu avant.
Site dédié à la E-Story : http://www.renaissanceelectrique.com
Automobile Propre et moi-même remercions l’équipe de Méhari-Loisirs pour sa mobilisation dès notre première sollicitation. Passionné de véhicules anciens, et tout particulièrement de Citroën, je me suis à nouveau senti immergé dans cette forme d’émulation qui devait à tout instant être palpable au sein du bureau d’études Citroën dirigé par André Lefèbvre. Chapeau !
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