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En quelques années seulement, les trottinettes électriques sont passées du statut de gadget high-tech pour bobo-écolo-geek à un produit de plus en plus prisé des habitants des grandes villes. Beaucoup plus efficiente qu’une voiture pour se déplacer seul en ville sur des distances excédant rarement 3 kilomètres, la trottinette électrique ne se contente pas de faire la une des médias : son caractère minimaliste et ses capacités à répondre aux contraintes du monde urbain séduisent de plus en plus d’usagers et lui confèrent un capital sympathie que beaucoup d’autres modes lui envient. Explications.
Comparativement à n’importe quel autre engin motorisé dépourvu de pédale, la trottinette électrique fait figure d’extra-terrestre dans le paysage encore très motorisé des villes françaises.
Doté d’un moteur électrique capable de fournir 250W nominal (un peu plus en pointe selon les modèles) et d’une batterie Li-ion offrant une capacité proche de celle qui équipe un vélo à assistance électrique, l’engin se déjoue des aléas de la circulation urbaine avec une facilité déconcertante. Capable de gravir des pentes pouvant atteindre 10% (voire un plus très ponctuellement), la plupart des modèles sont équipés d’un système de récupération d’énergie à la décélération afin d’optimiser l’énergie disponible et accroître ainsi leur autonomie de quelques kilomètres.
A l’heure où les (vieux) constructeurs automobiles ne jurent plus que par les SUV, la trottinette électrique s’inscrit dans l’extrême opposé : confort (très) spartiate, encombrement réduit, efficacité maximale.
Produites en Chine, transformées en business par des start-up américaines (Lime, Bird, etc…), réglementées à tout va en Europe : le produit et les services qui vont avec décrivent tristement la manière dont l’économie mondiale fonctionne depuis près de 20 ans.
Même si le marché de la trottinette électrique ne peut pas se résumer à celui des trottinettes en libre-service qui ont pris d’assaut les trottoirs parisiens, il est très frustrant de constater qu’y compris sur un sujet comme celui-là, l’industrie européenne brille par son absence. C’est d’autant plus incompréhensible que les grandes villes européennes, et notamment les centre-villes conçus bien avant l’arrivée de l’automobile de masse, constituent un terrain de jeu tout indiqué pour ces petits engins ultra-maniables et très peu encombrants.
Preuve que sur ce sujet comme sur beaucoup d’autres, la technocratie bruxelloises et les dirigeants européens sont davantage préoccupés à sauvegarder le monde d’hier plutôt qu’à préparer celui de demain…
Selon les chiffres fournis par la fédération des professionnels du secteur, il s’est vendu l’an dernier plus de 230.000 trottinettes électriques dans l’Hexagone ! Plus que le nombre, c’est la dynamique qui impressionne : + 129% de croissance entre 2018 et 2017, + 300% depuis 2016 ! il a fallu quasiment 10 ans au vélo à assistance électrique pour atteindre de tels volumes … bien aidé par les aides à l’achat proposées par plusieurs collectivités locales.
Et tout indique que la progression devrait se poursuivre cette année encore vu la maturité des produits disponibles et le coût très compétitif auxquels ils s’affichent en magasin ou directement en ligne.
Rien qu’en France, le marché potentiel est considérable. Il ne sera que plus important le jour où les élus locaux et les citoyens auront pris conscience de l’urgence à adapter les villes à ce type d’engins plutôt qu’à continuer à gaspiller l’espace à coup de parking, de rocade et autres infrastructures routières hors de prix qui ne répondent en rien aux enjeux à venir.
De la même manière que l’industrie automobile ou celle du cycle a su se diversifier en proposant une gamme toujours plus large de produits, la micromobilité est un marché qui possède un très fort potentiel de croissance. A elle seule, la trottinette électrique dispose de solides atouts : facile à prendre en main, très maniable, utilisable quotidiennement en complément des transports collectifs ou de la voiture, elle est surtout très peu encombrante. De fait, elle gagnerait à être déclinée en de multiples versions afin de pouvoir répondre au mieux aux différents usages. Elle mériterait par ailleurs d’être facilement personnalisable afin de répondre à toutes les envies et les exigences des utilisateurs potentiels.
Si les best sellers actuels des géants chinois offrent un excellent rapport prix/prestations, il reste encore pas mal de choses à améliorer pour espérer conquérir les clients les plus exigeants qui, au volant d’un SUV, préfèrent les selleries en cuir au tissu synthétique et les roues de 20 » plutôt que les versions de plus petites tailles…
Y compris dans la communauté Tesla, certains clients seraient prêts à investir quelques centaines d’euros (en option) pour avoir en permanence dans le coffre avant de leur voiture, une trottinette éponyme paramétrable à souhait depuis un smartphone. Certains modèles au design très épuré ne sont d’ailleurs pas sans rappeler les productions du constructeur californien par leur haut degré de connectivité. L’analogie pourrait être poussée beaucoup plus loin encore : version avec des roues plus grandes pouvant atteindre 10 » voire plus, Dual Motor (!), chargeur rapide en option, possibilité de recharger la trottinette Tesla directement depuis le coffre avant via une prise dédiée, etc…
Après plus d’un demi-siècle de politique mono-orientée en faveur de la voiture et des modes motorisés (lourds), le moment est enfin venu de passer à autre chose dans les villes petites, moyennes ou grandes.
En complément des solutions déjà existantes (marche à pieds, vélo, VAE, Transport collectif, etc…), la trottinette électrique dispose de solides atouts pour contenter celles et ceux qui ont compris que l’automobile en ville pose beaucoup plus de problèmes qu’elle n’apporte de solutions.
A l’instar du vélo, la trottinette électrique permet d’appréhender les déplacements en ville avec un regard très différent de celui des millions d’automobilistes qui continuent de circuler seuls en ville au volant de leur voiture malgré les problèmes de congestion et de pollution.
De la même manière qu’il existe déjà depuis plusieurs années une communauté d’inconditionnels du vélo pour se rendre au travail – les vélotafeurs – on commence à observer ici et là, sur les réseaux sociaux notamment mais également au sein de certaines grandes entreprises ou administration, des communautés se fédérer autour de la trottinette électrique (les trottitafeurs?). Le plus souvent pour partager leur expérience et/ou leur impression à propos d’un modèle précis ou plus généralement, pour vanter les capacités de ces petits engins, y compris lorsqu’il s’agit de réaliser des déplacements qui sur le papier sortent du champs d’application habituel auquel la plupart des usagers se cantonnent.
Et vous, quel est votre sentiment par rapport à ces petits engins électriques ? Sont-ils en mesure de venir bousculer l’ordre des choses dans les grandes villes françaises ou à l’inverse, sont-ils condamnés à échouer faute d’infrastructures adaptées à leur mesure ?
Pensez-vous que parmi les acteurs en place (industriels, société de service, exploitant de réseau de transport, opérateur en mobilité, etc…), certains auraient intérêt à se positionner sans attendre sur ce marché d’avenir de la micromobilité pour espérer contrer l’offensive chinoise avant qu’il ne soit trop tard ?
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