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Les valeurs de revente des voitures électriques suscitent des inquiétudes. Si les professionnels, comme les loueurs ou concessionnaires, risquent d’être particulièrement impactés, les particuliers peuvent aussi en faire les frais.
Vous le savez. Dès qu’une auto neuve sort de la concession, elle perd de la valeur. Et c’est au début de son cycle de vie qu’elle en perd le plus rapidement. La voiture électrique ne va évidemment pas être épargnée par ce phénomène. Mais la chute de valeur peut même être renforcée dans son cas.
La situation actuelle n’est en effet pas favorable. Il y a déjà le basique jeu de l’offre et de la demande. Sur le marché de l’occasion, l’offre se renforce, alors que les ventes d’électriques stagnent. Illustration avec un des derniers baromètres d’Indicata, qui analyse les ventes mensuelles des professionnels sur Internet : entre début 2023 et mi-2024, les prix des électriques d’occasion ont baissé de 20 %.
Une chute qui découle aussi de la guerre des prix lancée sur le marché du neuf, notamment sous l’impulsion de Tesla. La firme américaine est d’ailleurs la parfaite illustration de la situation. En ayant cassé les prix de ses véhicules neufs début 2023, elle a fait chuter la valeur de revente des modèles déjà en circulation et provoqué la colère de nombreux clients.
Une situation qui se reproduit chez tous ceux qui ont été obligés de réduire leurs tarifs pour exister face à Tesla. Exemple parmi d’autres, quelques mois après sa sortie, un Toyota bZ4X a vu son prix reculer jusqu’à 11.500 €. Et cela va continuer avec les véhicules qui vont être remplacés par un modèle bien moins cher, comme la Zoé avec la R5.
De quoi faire de nombreux perdants ? Il y en a déjà eu, il y en aura d’autres. Un aspect important permet toutefois de limiter la casse : une grande majorité des voitures électriques est prise avec des formules de location. On rend donc le véhicule à la fin, sa valeur de revente n’est pas un souci. Du départ, on est ainsi épargné, et on connait même la valeur de rachat avec une LOA.
À lire aussiGuide d’achat : comment bien choisir sa voiture électrique d’occasion ?Dans ce cas de figure, elle peut avoir été surestimée, soit par excès de confiance au début, soit comme astuce pour rendre le montant du loyer mensuel plus acceptable. Au printemps 2023, Renault avait par exemple pu jouer sur ce levier pour améliorer les offres de location de sa Mégane électrique quand celle-ci s’est retrouvée fort chahutée par les MG 4 et Tesla Model 3. Reste que début 2024, le prix catalogue des Megane a baissé jusqu’à 4.500 €, de quoi donc perturber cette valeur de revente face au neuf.
Dans ce cas de figure, le perdant est d’abord la concession, qui se retrouve avec une occasion trop chère. Une situation qui a d’ailleurs été renforcée avec la mise en place du leasing social. Ce dispositif a permis à certains d’avoir jusqu’à 13.000 € d’aides sur le neuf, pendant que l’occasion perdait son bonus ! Et beaucoup s’inquiètent de la valeur de revente de ces dizaines de milliers de voitures écoulées en leasing, qui reviendront sur le marché de la seconde main quand les prix du neuf auront encore plus chuté.
Les pros s’inquiètent donc de ces valeurs de revente, et un secteur montre déjà à quel point cela coûte de l’argent : les loueurs professionnels. Hertz en est le parfait exemple. En 2021, il annonçait fièrement passer commande de 100.000 véhicules électriques, principalement des Tesla.
En 2024, il essaie de s’en débarrasser, en raison de coûts d’entretien trop élevés, mais surtout en raison de la perte de valeur des modèles de la firme américaine. Hertz indiquait que cela lui avait déjà coûté 150 millions de dollars. De son côté, Sixt a révélé que les électriques comptaient pour 40 millions dans ses pertes en 2023.
Le souci est que les loueurs sont pris dans un mauvais engrenage. Face à des valeurs de revente en chute, ils sont tentés d’augmenter les prix de location pour limiter la casse. Ce qui n’incite donc pas les clients à opter pour l’électrique… déjà qu’ils n’étaient guère enclin à le faire. Les loueurs s’inquiètent face aux projets de renforcer les quotas d’électriques dans leurs flottes, une idée poussée par certains pour raison écologique mais aussi pour permettre au marché de l’électrique d’occasion de se renforcer.
Si on n’est jamais gagnant en revendant une voiture achetée neuve, hors cas exceptionnel, il peut y avoir beaucoup de gros perdants avec la valeur de revente d’une électrique. Une situation qui semble toutefois être un passage obligé sur la route de la démocratisation de l’électrique. Une fois que celle-ci coûtera le prix d’une thermique, d’ici quelques années, on reviendra à une situation conventionnelle en occasion.
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