La suite de votre contenu après cette annonce
Les ventes décevantes des voitures électriques en France reflètent un sentiment de réticence ambiant. Un récent sondage montre que les Français ne sont que 27 % à soutenir la fin du thermique en 2035. C’est une mauvaise nouvelle pour la transition énergétique qui s’impose. Un travail de pédagogie est nécessaire.
Alors que l’Union européenne a fixé l’arrêt de la vente des voitures thermiques neuves à 2035, les immatriculations des électriques ont marqué un coup d’arrêt inattendu en France (- 2,6 %) l’année dernière. Mais ce n’est peut-être pas un hasard. Un sondage réalisé auprès de 3 000 personnes par l’institut CSA pour la PFA (Plateforme automobile française) met en avant le scepticisme des Français à l’égard du passage au tout électrique.
À lire aussiCes voitures électriques aux ventes catastrophiques en 2024Le sondage en question révèle une profonde réticence des consommateurs. Seuls 27 % des Français soutiennent la décision européenne de bannir les moteurs thermiques d’ici 2035. Et à peine 43 % estiment que les voitures électriques sont une réponse efficace au défi climatique. Plus inquiétant encore : 37 % des sondés se rangent dans la catégorie des « électro-sceptiques », exprimant des doutes sur la viabilité des voitures électriques.
Ces résultats traduisent un décalage croissant entre les politiques publiques et les attentes des automobilistes. « Quand nos dirigeants européens ont décidé en 2022 la fin des voitures thermiques neuves en 2035, ils ont oublié que le consommateur a toujours raison », résume Luc Chatel, président de la PFA. Par ailleurs, cette échéance est critiquée par certains opposants politiques, mais Ursula von der Leyen semble vouloir la maintenir.
À moins de 10 ans de l’objectif de 2035, 73 % des personnes sondées considèrent cette échéance comme irréaliste. S’il y a de la « méconnaissance » et une posture jugée « conservatrice » par le CSA, ce scepticisme dépasse le simple manque d’informations. La position des Français reflète une inquiétude plus large sur l’impact du passage vers le tout électrique à propos de « la liberté de circuler et du pouvoir d’achat ».
Plusieurs facteurs alimentent cette méfiance. D’abord, le coût d’achat des véhicules électriques reste élevé. Et cela, malgré l’arrivée de modèles plus accessibles comme les R5 électrique, Hyundai Inster ou encore la Leapmotor T03. L’offre n’est pas encore assez importante en France. Aussi, la transparence des prix de la recharge pose problème. Sans oublier la complexité des normes et l’instabilité des politiques publiques.
Les automobilistes, autrefois encouragés à acheter des diesel aujourd’hui interdits dans certaines zones urbaines, peinent à accorder leur confiance à des décisions changeantes. Pour Gilles Le Borgne, ancien directeur technique de Renault, les avantages environnementaux des véhicules électriques sont pourtant clairs : « une voiture électrique familiale, de l’usine à la casse, émet 3 à 4 fois moins de CO2 qu’une thermique similaire ».
À lire aussiOui, il y a eu une grosse hausse des ventes de voitures électriques dans le monde en 2024Surtout en France où l’électricité est majoritairement décarbonée. Mais cette réalité peine à convaincre. « Nous ne sommes pas bons en matière de pédagogie », déplore Le Borgne, qui rappelle que 73 % des Français ignorent les aides à l’achat comme le bonus écologique ou la prime à la conversion. Ces dispositifs pourraient pourtant lever certaines barrières financières et inciter davantage de consommateurs à franchir le pas.
Malgré les incertitudes, une chose est sûre : la voiture reste un élément central dans la vie des Français. 80 % s’y déclarent « attachés » et 83 % la jugent « indispensable ». Les personnes interrogées expriment aussi un attachement et une certaine confiance à l’égard de l’industrie automobile française. En effet, 78 % d’entre estiment qu’elle a une bonne image. D’ailleurs, 86 % des sondés disent que le secteur « évolue dans le bon sens ».
Loin d’être une simple question de technologie, la transition vers l’électrique devra donc composer avec cet attachement profond et répondre aux attentes des consommateurs. Pour espérer atteindre les 50 % de ventes électriques exigées en 2030, il faudra convaincre les « électro-sceptiques » et les « électro-prudents », soit plus de 60 % des Français. Pour le moment, seuls 16 % se disent « électro-enthousiastes ». Il y a du travail !
La suite de votre contenu après cette annonce
Le meilleur d'Automobile Propre, dans votre boite mail !
Découvrez nos thématiques voiture électrique, voiture hybride, équipements & services et bien d’autres
S'inscrire gratuitement