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Dans son rapport annuel intitulé World Energy Outlook 2019 (Perspectives énergétiques mondiales) et disponible depuis quelques jours, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) confirme que l’explosion des ventes des SUV thermiques annule les bénéfices du développement encore timide des véhicules électriques.
Directeur général de l’AIE, Fatih Birol assure que les véhicules électriques jouent un rôle essentiel dans la réduction des émissions mondiales. Une bonne nouvelle ?
Oui, mais ternie par un phénomène : « Notre rapport montre que la star de la transformation de l’industrie automobile n’est pas la voiture électrique, mais le SUV », déplore le dirigeant. Il chiffre : « En 2010, seulement 18% de toutes les voitures particulières vendues étaient des SUV ». Un pourcentage qu’il compare aux 42% de parts de ventes enregistrés l’année dernière.
La situation contribue à l’augmentation des émissions de CO2, de polluants et à celle de la demande en pétrole. L’agence estime que les SUV consomment environ 25% de plus que les autres voitures moyennes thermiques.
Déjà, en octobre dernier, des rédacteurs de l’AIE avaient fournis des informations concernant la pénétration des SUV sur les routes mondiales : « Il y a maintenant plus de 200 millions de SUV dans le monde, contre 35 millions environ en 2010 ».
Aux Etats-Unis, la nouvelle tendance représente près de la moitié des voitures vendues, et un tiers en Europe. En Chine, cette situation apparaît d’autant plus critique que « les SUV sont considérés comme des symboles de richesse et de statut », souligne l’agence.
En Inde et en Afrique le phénomène est encore mineur, mais il s’accentue avec l’urbanisation et le développement économique qui permet à de plus en plus de personnes d’accéder à des véhicules haut de gamme et de luxe.
Entre 2010 et 2018, en raison de la progression des ventes de SUV, la demande quotidienne en pétrole « a augmenté de 3,3 millions de barils », se désolent les rédacteurs de l’AIE.
En dépit de l’amélioration des émissions des moteurs thermiques et du développement des modèles électriques, si le phénomène se poursuit, la demande par jour en barils s’alourdirait encore chaque année de 2 millions d’unités d’ici à 2040. De quoi ruiner les bénéfices de 150 millions de voitures électriques sur les émissions mondiales.
Actuellement, l’ensemble des VE en circulation dans le monde n’a permis d’économiser quotidiennement que 100.000 de ces fûts. Mais les ventes annuelles de voitures électriques devraient passer de « 2 millions en 2018 à 20 millions d’ici 2030 » envisage l’AIE, faisant progresser le parc roulant branché de 0,5 à 7%.
L’année 2030, c’est aussi celle où l’agence envisage une stagnation de la demande en pétrole dont le prix du baril devrait progresser de 60 à 90 dollars, puis à 103 dollars en 2040.
L’augmentation des ventes de gros véhicules a un impact direct sur les émissions de CO2. « La flotte mondiale de SUV a vu ses émissions augmenter de près de 0,55 Gt CO2 au cours de la dernière décennie pour atteindre environ 0,7 Gt CO2 », remonte l’AIE.
Ce qui fait de ces engins « le deuxième facteur contribuant à l’augmentation des émissions mondiales de CO2 depuis 2010 après le secteur de l’électricité, mais devant l’industrie lourde (y compris le fer et l’acier, le ciment, l’aluminium), ainsi que les camions et l’aviation », met en avant l’agence.
L’organisme isole un autre effet pervers de la présence de plus en plus grande des SUV dans les parts de marché, c’est leur difficile transposition à la mobilité électrique de nature à nuire « au développement des parcs de véhicules propres et efficaces ».
Afin de modérer les effets et conséquences du dérèglement climatique, l’AIE plaide pour une réduction générale de la consommation en énergie et à l’expansion de la part des sources renouvelables.
Pour la mobilité individuelle, elle appelle non seulement au développement des voitures particulières électriques pour économiser jusqu’à 4 millions de barils par jour, mais aussi au recours, pour les modèles thermiques, à des moteurs moins gourmands. A la clé : 9 autres millions de fûts de pétrole en moins au quotidien.
Pour autant, l’agence s’attend après 2040 à de nouvelles hausses d’émissions de CO2 du fait d’un développement économique qui s’appuiera encore sur le charbon pour de nombreux pays.
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