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Il peut apparaître paradoxal de constater que la plupart des voitures sans permis vendues en France font appel à un moteur diesel, alors qu’elles sont destinées à de petits trajets. Pourtant, quelques constructeurs proposent des modèles électriques, qui pourraient être la solution de l’avenir.
Le marché de la voiture sans permis existe purement et simplement par la grâce d’une réglementation. Car ces exacts équivalents (du point de vue administratif) sur quatre roues des scooters 50 cm3 sont définis par un cadre légal strict (poids, dimensions, puissance…) qui leur autorise un débouché commercial, celui des personnes n’ayant pas le permis de conduire, ou des jeunes de 14 à 18 ans, qui ne peuvent pas encore le passer. Dans tous les cas, la vitesse maximale est limitée à 45 km/h.
Parmi les contraintes techniques appliquées aux constructeurs de voitures sans permis, il en est une qui concerne directement le choix de la motorisation. La puissance est limitée à 6 kW (4,5 kW avant 2017). Et, à la naissance de cette catégorie, il était stipulé que la cylindrée des « moteurs à allumage commandé » ne devait pas excéder 50 cm3. Les années 1970 et 1980 ont vu nombre de constructeur se lancer dans l’aventure avec des moteurs de mobylettes. Las, ceux-ci n’étaient pas conçus pour supporter la masse plus élevée d’une voiturette. Résultat : les monocylindres cassaient comme du verre. Jusqu’au jour où un constructeur, Erad, a compris qu’un moteur diesel n’était pas un moteur « à allumage commandé », puisque le carburant s’enflamme de lui-même, par compression, et non par l’allumage d’une bougie. Et donc qu’il ne pouvait y avoir de limite de cylindrée sur ce type de bloc. En 1982, l’Erad Capucine CE 2/50 D ouvre la bal à ce qui deviendra la normalité, avec son monocylindre diesel Farymann de 290 cm3.
A l’heure actuelle, deux fournisseurs (l’italien Lombardini et le japonais Kubota) se partage le gâteau du marché de la voiture sans permis, qui doivent depuis 2018 respecter la norme Euro 4. L’arrivée en 2020 de la norme Euro 5 (sur les deux roues comme sur les quadricycles) va chambouler la donne. Si Kubota annonce d’ores et déjà pouvoir adapter sa motorisation à la future réglementation, Lombardini n’a pas communiqué en ce sens. Voilà qui laisse certains petits constructeurs dans l’expectative.
A ce titre, l’électrique pourrait être une des solutions d’avenir pour la catégorie des voitures sans permis, comme aime à la répéter Philippe Colançon, PDG d’Aixam, le numéro 1 du marché. « Nos voitures sont légères, car le poids est limité par la réglementation. La vitesse est également limitée par la réglementation et on sait que c’est à haute vitesse qu’un moteur électrique consomme plus. Enfin, nos clients font en majorité de petits déplacements réguliers, ce qui signifie que l’autonomie est moins problématique que sur d’autres applications. Nous avons donc tous les atouts réunis pour que la motorisation électrique soit l’avenir de notre marché ». Sans compter que l’électrique élimine les bruits et vibrations, très présents sur les bicylindres diesel.
Il n’en reste pas moins qu’aujourd’hui, le marché reste confidentiel. Principalement à cause du tarif plus élevé de ces modèles. Une Aixam City Premium coûte ainsi 16.899 € en version électrique, contre 13.299 € en version thermique. Ce, malgré la volonté d’Aixam de ne faire aucun bénéfice sur la batterie et le moteur de ces voitures, pour en contenir le tarif. Egalement, la clientèle rurale est assez conservatrice, tout comme le réseau de distribution dans ces mêmes régions, qui aime pouvoir réparer les autos sans outillage électronique. Sans compter que certains usagers font parfois des trajets de plusieurs centaines de kilomètres avec leur voiture. Résultat, c’est avant tout une cible jeune et urbaine qui est visée, mais il s’agit là d’un créneau encore naissant, que plusieurs constructeurs ont investi.
Aixam e-City et e-Coupé
Aixam est le numéro 1 de la voiture sans permis. Ce constructeur basé à Aix-les-Bains propose une gamme complète. Ses deux modèles destinés à une clientèle jeune sont déclinés en version électrique. La e-City, modèle la plus court de la gamme (2,76 m) la destine à un usage urbain. Elle se décline en version d’entrée de gamme Pack (14.899 €) ou plus chic Premium (16.899 €). Quant au e-Coupé, au style plus original et sportif, il affiche une longueur de 3 m (le maximum autorisé par la réglementation) et il se décline en finition Premium (17.999 €) ou sportive GTI (19.499 €).
Cette gamme électrique a été renouvelée en 2016. La batterie au lithium n’a pas été modifiée, avec toujours une capacité de 6,1 kWh. Mais l’autonomie est passée de 60 km à 80 km grâce à un nouveau moteur plus économique : le moteur asynchrone Leroy-Sommer a laissé place à un synchrone à réluctance variable, fourni par l’italien Mavel EDT et conçu avec le concours de l’IFEN.
Aixam Pro E-Truck
Aixam décline également sa mécanique électrique sur son petit utilitaire sans permis. Ce E-Truck seconde ainsi le D-Truck Diesel. Ce modèle se décline en version plateau-ridelles (17.299 €) ou fourgon (17.999 €).
AS&PP City Fun
Cette petite voiture est construite en Chine par Jiayuan, une entreprise spécialisée dans les véhciules électriques de faible puissance, qui correspond à une réglementation particulière en Chine, assez proche de celle des quadricycles légers en Europe. Voilà qui permet d’homologuer ce modèle en version sans permis chez nous. Une version homologuée en quadricycle lourd (comme le Renault Twizy) est également disponible, avec une vitesse de pointe de 70 km/h.
Si, à première vue, ce modèle affiche une conception assez basique, il dispose tout de même d’une batterie au lithium, ce qui ne va pas de soi sur ce genre de modèles chinois. L’équipement est complet (climatisation, direction assistée, verrouillage centralisé, écran tactile…) et le tarif assez contenu : 11.490 € batterie comprise. L’importation est assurée par une société basée dans les Alpes Maritimes. Une version utilitaire est également disponible (City Cargo en pick-up et City Van en fourgon), uniquement proposée en quadricycle lourd.
Bellier B8
Acteur historique de la voiture sans permis, Bellier commercialise depuis 2015 sa B8, qui a signé une vraie renaissance de ce constructeur vendéen. Cette voiture sans permis au style très inspiré par la Fiat 500 a marqué un net progrès de la qualité et des prestations par rapport à la Jade qu’elle remplace. Une version électrique a reçu son homologation et elle s’approche d’une commercialisation. Celle-ci répond à la volonté du propriétaire de la marque, la Holding Neuvessel, qui possède également l’équipementier aéronautique Sermat. La B8 est ainsi animée par un moteur de commande d’avion.
La B8 électrique dispose d’une batterie au lithium, dont la capacité n’est pas encore communiquée. Deux versions seront proposées, avec une autonomie de 60 km ou de 120 km. Les tarifs ne sont pas encore communiqués. Notons que cette B8 se décline également en une charmante version cabriolet, unique sur le marché de la voiture sans permis.
Bellier Docker
Comme Aixam, Bellier décline sa chaîne de propulsion électrique sur son utilitaire, le Docker. Celui-ci se distingue par sa cabine avancée, qui permet de maximiser l’aire de chargement. La commercialisation, imminente, devrait intervenir avant celle de la B8.
Estrima Birò
Véritable OVNI sur la marché de la voiture sans permis, l’Estrima Birò se distingue par ses dimensions extrêmement compactes, avec une longueur qui n’excède pas 1,74 m, et une largeur contenue à 1,03 m. Conçue pour un usage exclusivement urbain, elle peut accueillir deux occupants côte-à-côte, dans un habitacle entièrement vitré (les portes sont optionnelles, comme sur le Twizy). La version Big, avec un hayon, dispose d’un coffre plus spacieux de 300 litres.
Le principal atout de cette petite voiture italienne est de pouvoir disposer d’une batterie amovible. Située entre les roues arrière (qui intègrent les moteurs électriques dans leurs moyeux), celle-ci se retire comme une valise à roulette, pour pouvoir être chargée à domicile. Notons qu’une version homologuée en quadricycle lourd, dénommée Bolt, est également proposée, avec une vitesse de pointe de 60 km/h au lieu de 45 km/h. Les tarifs oscillent entre 10.776 € et 16.776 €.
Essai Estrima Birò : que vaut la concurrente du Renault Twizy ?
Little 4
Little est une marque qui se destinait au départ à la fabrication de modèles électriques, homologués en catégorie quadricycles et au style néo-rétro. Si les versions les plus sportives n’ont jamais vu le jour, la Little 4, au style rappelant tour à tour la Mini Moke et la Citroën Méhari, file gentiment vers ses dix ans de carrière. Le châssis tubulaire, largement dimensionné et rigide, est presque digne d’une voiture de course mais la conception demeure basique, avec une suspension très sèche, des sièges en plastique moulé très inconfortables sur la version de base et une batterie au plomb, qui ne donne pas droit au bonus gouvernemental.
Cette petite voiture au style sympathique, vendue 15.768 €, est personnalisable à l’infini, à condition de mettre la main au portefeuille. Une version quatre places existe mais, réglementation oblige, elle ne peut être homologuée en sans permis.
Little e-Box
Comme Aixam et Bellier, Little propose un utilitaire électrique sans permis. Celui-ci est disponible en une infinité de variantes, avec ou sans permis, à deux, trois, six ou neuf places. Une batterie au lithium existe, mais les tarifs augmentent très vite (de 12.588 € à 42.468 €).
Renault Twizy
Voilà évidemment la plus célèbre des voitures sans permis électriques. A mi-chemin entre scooter et voiture, le Renault Twizy est commercialisé depuis 2012 avec des ventes qui ne sont pas à la hauteur des espoirs très ambitieux du constructeur. Qu’on le veuille ou non, le marché des quadricycles demeure une niche… Basique dans sa définition, le Twizy apparaît dépouillé en version de base, puisque dépourvu de portes. Et aucun modèle ne dispose de ventilation. Le châssis a été mis au point avec le concours de Renault Sport : de quoi garantir un comportement amusant, mais la suspension est franchement inconfortable.
Depuis son lancement, le Twizy n’a que très peu évolué. Une version Cargo a fait son apparition en 2013, sacrifiant la place arrière au profit d’un coffre fermé. La batterie au lithium, uniquement proposée à la location au lancement, peut désormais être achetée en même temps que la voiture. Dans cette configuration, les tarifs oscillent entre 10.000 € et 11.500 €.
Tazzari Zero Junior
Le petit constructeur italien, qui avait fait son apparition avec la Zero à la fin des années 2000 était avant tout un spécialiste de l’aluminium. Puis, sa gamme s’est élargie, au point de proposer depuis 2017 une gamme totalement renouvelée comportant une version sans permis, la Zero Junior. Las, la marque (reprise depuis début 2019 par l’allemand Artega) n’a pas d’importateur en France et les tarifs sont très élevés.
Waaijenberg Canta
La Canta est une spécialité typiquement batave. Aux Pays-Bas, il existe une réglementation, parallèle à celle des voitures sans permis, pour de petits véhicules urbains pouvant circuler sur les pistes cyclables, à condition de mesurer moins de 1,10 m de large. La Canta est la seule, avec l’Estrima Birò, à répondre à cette exigence. Elle existe en version essence ou électrique et n’est pas exportée hors de son pays d’origine.
Aussi étonnant que cela puisse paraître, suite aux modestes résultats de vente de Renault avec son Twizy, deux grands constructeurs se sont penchés cette année sur le cas des voiture sans permis, avec des concept-cars présentés au Salon de Genève. Il s’agit de Citroën et de son Ami One, ainsi que de Seat et sa Minimo.
Cela signifie-t-il que ces marques vont se lancer sur le créneau ? Rien n’est moins sûr, mais cela a pour mérite de souligner la pertinence de la motorisation électrique pour ces petits véhicules légers.
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