Une famille pique-pique sur l'autoroute pendant la recharge de sa voitire électrique

Même si cela ne rassure pas encore tout le monde, la France est l’un des pays leaders en matière d’infrastructure pour la recharge de voitures électriques. C’est vrai notamment sur les grands axes et les autoroutes. D’après l’Association des sociétés françaises d’autoroutes (ASFA), toutes les aires de services sont maintenant dotées de bornes de recharge rapide, ce qui représente un total de 3 107 points de charge, dont 83 % offrent une puissance excédant 150 kW.

De quoi voyager sereinement, et ce d’autant plus quand on sait que, selon une étude de Vinci en 2022, le temps moyen d’arrêt sur ce type d’aire – toutes motorisations et types de véhicules confondus – est situé entre 20 et 30 minutes. Ce qui correspond à une recharge permettant en moyenne de repartir pour environ 250 à 300 kilomètres, soit plus qu’il n’en faut avant d’observer une nouvelle pause, recommandée par toutes les instances de sécurité routière.

Mais dans ce secteur en forte croissance, il y a une nouvelle donnée, que certains appelaient de leurs vœux et que d’autres n’avaient pas vue venir, celle de l’ouverture de nouveaux points de recharge sur les aires de repos, ces parkings d’autoroutes sans distribution de carburant, avec la plupart du temps juste des toilettes et parfois quelques tables de pique-nique.

Quand les aires de repos deviennent des aires de service(s)

Et il ne s’agit pas d’un simple effet d’annonce puisque les déploiements ont déjà commencé, et que les opérateurs impliqués affichent des plans particulièrement ambitieux dans ce domaine. Ainsi, Electra vient de remporter un appel d’offres pour installer 18 stations en partenariat avec Vinci. Au total, ce seront 174 points de charge en plus avec des hautes puissances, de 200 à 400 kW. Le mouvement est déjà enclenché puisque la première aire de repos dotée de bornes Electra, celle de Bornaron, dans la Drôme, sur l’autoroute A7, a été inaugurée il y a déjà quelques semaines. D’autres vont suivre à un rythme soutenu, au total ce seront 174 points de charge en plus avec des hautes puissances, de 200 à 400 kW qui équiperont les aires de repos sur les autoroutes françaises.

Cette tendance va très probablement se généraliser et s’étendre à d’autres concessionnaires d’aires de services et d’autres opérateurs de recharge. De quoi imaginer à terme que – à l’instar des aires de service – toutes les aires de repos seront équipées de bornes de recharge.

Une évolution importante, et qui ne sera pas sans conséquences. D’une part bien sûr pour les électromobilistes, qui vont voir leurs voyages encore simplifiés et fluidifiés par ces nouvelles offres de recharge. Mais aussi pour tout un écosystème, celui des services autoroutiers, qui va devoir s’adapter à cette nouvelle norme. Car qui dit recharge dit pause d’une durée comprise généralement entre 20 à 45 minutes, ce qui suppose que ces aires de repos apportent des prestations de services supplémentaires, comme des aires de jeu, ou des blocs toilettes plus grands. Mais on pense également à la restauration, et pourquoi pas à des services annexes comme des zones WiFi, voire des lieux au calme pour pouvoir travailler.

Deux types de stations pour deux types de motorisations

Autre conséquence, les aires autoroutières vont se scinder en deux catégories : les stations d’essence et les stations de recharge électrique. Car si toutes les aires de service sont désormais dotées de bornes de recharge, il est fort à parier qu’aucune aire de repos ne recevra de pompe à essence. Une évolution qui devrait contribuer à redéfinir le paysage autoroutier. Il faudra par exemple que le législateur se penche sur la question et impose aux opérateurs une signalétique pour les aires de recharge identique à celle des stations essence, à savoir l’affichage en amont de la distance jusqu’à la prochaine station de recharge, le nombre de bornes (et idéalement le nombre disponible en fonctionnel en temps réel), les tarifs et le nom et logo de l’opérateur.

Avec ces évolutions, l’ère des aires [*] de repos au calme pourrait bien connaître ses dernières heures. C’est probablement la direction vers laquelle nous emmène la transition vers l’électrique, une direction que certaines marques ont déjà empruntée avec des stations de recharge organisées autour de l’accueil et du confort des utilisateurs.

[*] cette allitération de vacances vous est offerte par la rédaction