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J’ai toujours pensé que le moteur à explosion et son indispensable réservoir à carburant constituait un ennemi redoutable face au moteur électrique sur batterie. Le GNV fait-il partie de la menace ?
Face aux difficultés persistantes à stocker l’électricité et au puissant frein que représente l’inertie des mentalités face au changement, le moteur à explosion devrait continuer à nous polluer la vie pendant quelques décennies encore. D’ailleurs, le cumul des ventes de VE depuis le début de l’année confirme que le changement d’ère énergétique tant attendu n’est pas pour tout de suite, hélas.
En Europe, malgré d’importants incitatifs fiscaux en faveur des VE, les ventes peinent à décoller. Beaucoup s’accordent à dire que la faible autonomie et le manque criant de points de recharge en sont les principales raisons.
En Amérique du Nord, il faudra bientôt y ajouter la menace réelle que représente le GNV en tant que carburant alternatif à l’essence. La forte augmentation de la production de gaz naturel ces 5 dernières années sur le continent Nord Américain (*) ouvre de nouvelles perspectives pour l’industrie automobile américaine.
Faute de capacités significatives pour exporter le gaz naturel produit ailleurs dans le monde, l’offre en gaz naturel est désormais supérieure à la demande, ce qui a eu pour conséquence de faire plonger le prix du MWh ces 3 dernières années (**). A tel point qu’il est désormais question de convertir plusieurs milliers de trucks américains au GNV, un carburant devenu bien moins coûteux que l’essence ou le gazole. Beaucoup s’en réjouissent. A titre personnel, j’y vois surtout un nouveau frein au développement du marché de l’efficacité énergétique, à commencer par exemple par le développement des véhicules électriques.
Comme l’électricité, le gaz naturel dispose d’un avantage non négligeable, celui d’être considéré comme une énergie de réseau, au moins à proximité des grands centres de consommations. Là où l’électricité ne demande qu’une « simple » borne de recharge, le GNV requiert une station de compression pour remplir le réservoir d’un véhicule avec du gaz naturel liquéfié. Des investissements importants qui pourraient bien engloutir une partie des budgets à consacrer aux infrastructures de recharges électriques…
Qu’on se le dise, lorsque l’on parle de mobilité et d’énergie durable, la politique des bas prix est définitivement l’ennemi du bien. D’autant que ces prix artificiellement bas sont la conséquence d’un refus viscéral de taxer des sources d’énergies non renouvelables, émettrices de gaz à effet de serre (CO2, CH4), dont l’impact environnemental global continue d’être pointé du doigt par de nombreux experts indépendants.
(*) production principalement issue des gaz de schiste (…),
(**) Ces prix bas ont d’ailleurs pour autre effet d’avoir considérablement accru les investissements des multinationales du gaz dans la filière GNL afin de pouvoir transporter du gaz liquéfié par bateaux entre les continents.
Photo: Pascal Ratthé
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