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Durant le dernier week-end du mois d’avril, la Formule E faisait escale à Monaco, pour y disputer un E-Prix, une manche du Championnat du monde des monoplaces électriques. Nous y avons assisté au cœur d’une des équipes qui y participe.
Cet événement ouvre un mois de sport automobile dans la Principauté, où se tient aussi le Grand Prix Historique, puis le Grand Prix de Formule 1 lors du traditionnel dernier week-end de mai.
La Formule E a obtenu il y a trois ans le statut de championnat du monde, ce qui la place parmi l’élite du sport automobile mondial, au sein de la fameuse FIA, la Fédération Internationale de l’Automobile. Mais la discipline conserve en grande majorité son esprit des débuts, avec comme volonté première de venir à la rencontre du public dans les villes, et non de demander au public de se déplacer sur les circuits permanents.
Nous avons ainsi assisté à cet événement du pinacle du sport auto électrique. C’est l’équipe Cupra qui nous a fait vivre cet E-Prix de l’intérieur. L’équipe utilise des moteurs Mahindra et engage deux voitures pour Nico Müller et Lucas di Grassi.
En matière de technique, la discipline se veut être un laboratoire pour l’automobile. La Formule E aligne des voitures au châssis monotype. Plus précisément, cela veut dire que tous les teams ont la même voiture.
En revanche, c’est le moteur qui change, car chaque constructeur fabrique le sien. Il y a aussi des équipes clientes, qui achètent leur groupe motopropulseur aux marques. Du côté de la batterie, c’est une technologie standardisée.
C’est Williams Advanced Engineering qui fabrique les batteries des Formule E. Cela permet de contrôler les coûts et de plafonner le budget pour une saison à 13 millions de dollars.
Les constructeurs et le public ont toutefois fait de la Formule E un sport unique au fil des ans. Et l’ambiance qui s’en dégage est différente de celles d’autres disciplines aux accents plus traditionnels.
La F1 s’est d’ailleurs rapprochée de cet esprit depuis le rachat par les Américains de Liberty Media. La Formule E se veut donc être un festival axé autour d’une thématique de sport automobile. Le Fan Village, qui à Monaco s’excentre légèrement du circuit, est crucial pour cette ambiance de festival.
On trouve dans celui-ci une zone avec des simulateurs, où se déroulent des concours. On y trouve une scène, avec des groupes qui se succèdent, un stand de produits à vendre, une billetterie et des choses plus ludiques, comme le calculateur d’empreinte carbone.
Pour ce qui est de la compétition, elle s’étale sur une seule journée. Ainsi, les spectateurs se déplacent uniquement le samedi et peuvent assister aux essais, aux qualifications et à la course.
Ayant décidé d’arriver le plus tôt possible le samedi matin dans le paddock et autour de la piste, nul besoin de préciser que l’ambiance n’était pas encore au rendez-vous. C’est à 7 h 30 qu’ont eu lieu les premiers essais, devant une foule très réduite, et sur une piste rendue très froide par les averses de la veille.
Le circuit ne s’est pas franchement rempli entre les EL1 et EL2. L’occasion pour les médias, dont nous faisions partie, de profiter de la voie des stands et de la proximité des voitures. Comme les tribunes, les zones réservées sont, elles aussi, clairsemées, car les Essais Libres attirent peu.
À lire aussiIoniq 5 N : la sportive électrique de Hyundai va partir à l’assaut de la course de côte de Pikes PeakTout le monde attend évidemment les qualifications, premier plat de résistance du jour. Au sein des équipes en revanche, le travail bat son plein. Les mécanicien·ne·s démontent les voitures pour modifier les réglages. Un travail important se fait au niveau des suspensions, un des organes vitaux des voitures.
Mais le gros du travail de préparation a lieu derrière les cloisons des garages, là où les ingénieurs font leur premier débriefing du jour. En effet, les Formule E ont une partie logicielle cruciale pour la performance.
Chez McLaren, c’était le branle-bas de combat après la sortie de Sam Bird en EL1. En effet, le pilote britannique s’est blessé et a dû déclarer forfait pour le reste de l’E-Prix. L’équipe a donc dû installer avec précipitation le jeune débutant Taylor Barnard au volant.
Les EL2 ont eu lieu sur une piste plus chaude, baignée par le soleil qui se décidait enfin à se montrer après une journée pluvieuse le vendredi et des nuages matinaux le samedi. Les pilotes ont attaqué pour se préparer à la qualif, et l’impression visuelle de vitesse en bord de piste a déjà changé par rapport aux EL1.
Sur le sinueux tracé monégasque, ces voitures peuvent atteindre 220 km/h en vitesse de pointe. Le freinage, en revanche, n’est pas aussi impressionnant que d’autres disciplines. Et pour cause, les pilotes pratiquent le ‘lift and coast’, une technique de relâchement de l’accélérateur pour régénérer un maximum d’énergie.
Mais cela n’empêche pas les voitures de se dérober sur les bosses des célèbres virages, telle l’épingle de la Rascasse, qui s’aborde par un freinage en appui depuis les ‘S’ de la Piscine. Les voitures de troisième génération ne sont pas très puissantes, mais le peu d’appui aéro et les pneus très durs font la part belle au pilotage.
Après un nouveau temps mort, c’est l’heure de la qualification. Le circuit se remplit, tout comme le Fan Village, dont les activités battent désormais leur plein. Le format de qualifications est unique en Formule E, et la séance dure près de 1 h 30. C’est plus long que la course, et cela en fait un moment important de la journée.
Les pilotes s’affrontent d’abord en deux groupes, les quatre meilleurs de chaque groupe se qualifiant pour la phase suivante. Les éliminés sont classés dans l’ordre des chronos de la neuvième à la dernière place. Ensuite, les pilotes s’affrontent par duels en format de phase finale de coupe.
Ainsi, on a des quarts de finale, des demi-finales et une finale, qui constitue la première ligne. L’équipe Jaguar a été la seule à amener ses deux voitures en demi-finales. Mais ses pilotes, Mitch Evans et Nick Cassidy, ont perdu leur demi-finale, et ce sont Pascal Wehrlein (Porsche) et Stoffel Vandoorne (DS Performance) qui se sont partagés la première ligne.
Après un passage dans les stands pour des interviews des cadres de Cupra, où nous avons constaté de manière encore plus nette l’augmentation du nombre de spectateurs, nous sommes retournés à l’Emotion Club. Cet espace se situe à Monaco en face des stands, au-dessus de la piste entre la Piscine et la Rascasse.
Nous y avons croisé de nombreuses personnalités du sport automobile. Le pilote Mark Webber, ancien de la F1 et égérie de Porsche, y était présent. Il a été rejoint par le président de la FIA, Mohammed Ben Sulayem. On y a aussi croisé Laurent Mekies, le directeur de l’équipe RB F1, et ancien directeur sportif de Ferrrari.
Difficile également de passer à côté de la star du jour, le boxeur Anthony Joshua. Invité par la Formule E, il a parcouru la voie des stands, la grille et l’espace VIP. Sa présence était facile à remarquer, puisqu’il était sans cesse suivi par une trentaine de personnes, parmi lesquelles gardes du corps, médias, proches et fans.
La course a offert un beau spectacle, avec une domination de Jaguar. Evans et Cassidy ont parfaitement géré leur énergie et se sont protégés mutuellement de la concurrence. En Formule E, il faut, en effet, activer deux fois un boost qui s’appelle Attack Mode.
Celui-ci offre 50 kW de puissance supplémentaire pendant un total de 8 minutes. Mais pour l’activer, il faut passer hors trajectoire et perdre du temps. À Monaco, la zone d’activation se trouvait au virage du Casino. Et, à chaque fois, Cassidy et Evans ont ralenti la concurrence pour que l’un et l’autre puissent l’activer sans risque.
Du côté de nos hôtes, Cupra, le week-end n’a pas été de tout repos. Après une double élimination en phase de groupes, l’équipe a terminé 11ᵉ avec di Grassi, soit à la porte des points. De son côté, Müller s’est fait envoyer dans les barrières et a dû abandonner.
Un dernier passage dans la voie des stands après la course a permis de goûter une dernière fois à l’ambiance de cet E-Prix. Certaines équipes démontaient de manière studieuse les voitures, pour beaucoup abîmées par la course. Chez Jaguar, la sono hurlait des musiques festives alors que le directeur James Barclay se faisait féliciter par les invités et partenaires du team.
La Formule E reçoit beaucoup de critiques pour sa communication et les performances des monoplaces. Certes, le championnat vit sa dixième saison et a encore beaucoup à apprendre. Mais son cahier des charges initial, de faire du sport automobile une fête urbaine, est parfaitement respecté.
La discipline a présenté sa Gen3 EVO pour la saison prochaine, avec des caractéristiques impressionnantes, notamment en matière de régénération, et un look très légèrement revu. De quoi asseoir un peu plus l’électrique dans le milieu du sport auto. Une chose semble sûre, la discipline est promise à un bel avenir.
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