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Le SUV transalpin adopte une chaîne de puissance hybride rechargeable qui constitue le premier pas sur la route (rapide) de l’électrification.
Cinq ans pour un virage à 180°. En 2027, Alfa Romeo ne proposera que des voitures 100 % électriques à son catalogue… alors que la marque ne commercialisait aucun modèle électrifié il y a quelques mois à peine.
La première étape (sérieuse) sur cette feuille de route est l’apparition au catalogue du SUV Tonale avec une chaîne de puissance hybride rechargeable. Ce rival des Peugeot 3008, Volvo XC40 et autres Volkswagen Tiguan reprend la mécanique issue d’un cousin du groupe Stellantis, le Jeep Compass.
Alfa Romeo, c’est souvent un look. S’il est moins équilibré que le concept-car présenté au salon de Genève 2019, le Tonale détonne parmi la foule des SUV avec son profil tout en courbes.
Les esprits chagrins argueront que l’engin manque un peu d’épaules. D’autres rétorqueront que ce design moins musculeux que la moyenne des SUV compacts est rafraîchissant. Choisissez votre camp.
Ce qui fait (presque) l’unanimité, c’est la beauté IRL de la peinture « vert Montréal » proposée sur le configurateur. Selon la lumière et l’angle, la teinte oscille entre l’émeraude, le vert bouteille ou le bleu marine.
Avec son faciès aquilin et ses trois rangées de feux, l’avant reprend la grammaire des coupés et cabriolets S.Z. « Zagato » sortant des chaînes à l’époque de l’Acid House. Les jantes dites « téléphone » complètent le camouflage du parfait alfiste canal historique.
Les références ne s’arrêtent pas là. Le conducteur ou la conductrice fait face à une instrumentation numérique coiffée de l’habituelle double casquette. Nous aurions apprécié là-dessous une plus grande jauge pour la batterie. La présentation est conservatrice, mais de bon aloi. La finition se montre inégale, avec une foule de matériaux plus ou moins engageants au toucher.
Ici, nous sommes loin du tout écran. La climatisation ou le volume sonore de la radio se commandent grâce à des boutons et touches. Et la commande de rapport (P, R, N, D) s’effectue via un levier bien « tradi ». L’imposante console centrale – si vous venez de l’univers électrique, c’est presque choquant – loge un emplacement pour la recharge à induction d’un téléphone, deux ports USB (USB et USB-C) et une prise 12V bien pratique. L’écran tactile de plus de 10 pouces de largeur est réactif et dans la moyenne en termes d’ergonomie. Il propose le nécessaire actuel. On préfèrera sans doute naviguer via Apple CarPlay ou Android Auto pour retrouver le prolongement de son smartphone.
Petit regret : alors que l’Alfa Romeo Stelvio propose une position de conduite surbaissée digne d’une berline – et très agréable – le Tonale vous assied… comme dans un SUV. Notons tout de même que le cerceau s’ajuste en hauteur comme en profondeur. Les assises sont enveloppantes, mais fermes.
Les passagers et passagères arrière découvrent un habitacle un chouia obscur en raison de la hauteur élevée de la ceinture de caisse et l’absence de toit panoramique. L’espace aux genoux est dans la moyenne de la catégorie, sans plus. On se satisfera surtout de la faible hauteur du plancher, qui évite aux rotules de se retrouver au niveau de la poitrine (un défaut récurrent des électriques). Le/la cinquième membre de l’équipage pourra se réjouir de ne pas être surélevé(e) par rapport à ses pairs.
Les mauvaises nouvelles concernent la soute. Avec l’hybridation, le volume du coffre chute de 500 à 385 litres, ce qui est peu eût égard à la longueur du véhicule (4,53 m). Les dos les plus fragiles se lamenteront devant la hauteur du seuil de chargement. Le câble de recharge serpente heureusement dans un emplacement situé sous le plancher.
Pour la traversée de la ville de Biella (Italie), nous nous calons sur le mode « all efficient » grâce au sélecteur rotatif situé à la droite du volant. Le Tonale évolue en silence et avec une direction extra-souple digne du mode « city » des Fiat.
Grâce à la batterie de 15,5 kWh située le coffre, Alfa Romeo promet jusqu’à 90 km d’autonomie en 100 % électrique selon le cycle WLTP. Ce chiffre nous paraît excessivement optimiste. Un bon cinquante bornes dans toutes les conditions nous semble nettement plus atteignable, ce qui est tout à fait honorable.
Le mode recharge forcée – qui s’active grâce à une touche sur la console – ne remplit la batterie qu’à très petite vitesse sur route.
Et qu’en est-il du cuore sportivo typique des Alfa Romeo ? Dans les lacets, on trouve vite les limites du bloc 1 332 cm3 partagé avec le Compass. La boîte de vitesse automatique à 6 rapports est contrainte de « tirer » sur les rapports – sans toujours choisir le bon – dans les montées abordées énergiquement. Si le 0 à 100 km/h s’exécute en 6,2 secondes sur circuit, on reste un peu sur sa faim côté sensations. Notamment en raison d’un environnement sonore très quelconque. Étonnement, l’oreille est plus joliment sollicitée lorsqu’elle se trouve à l’extérieur du Tonale, sans doute grâce à un échappement bien conçu.
La direction en est aussi responsable de ce manque de caractère. Légère et peu informative, elle reste quasi-muette sur l’activité du train avant. Oh que les Stelvio et Giulia semblent loin… Notons cependant qu’elle demeure assez directe et un peu plus consistante en mode « performance ». La différence entre les deux règles d’amortissement est très sensible. En naturale, le Tonale est bonhomme, pompant légèrement après un gros cahot, mais ne s’écrasant vers les roues extérieures en courbe. Un paramétrage confort plutôt réussi, en somme.
En mode sportif, on rentre dans le dur et les gendarmes couchés deviennent immédiatement moins sympathiques. On se réjouit donc de pouvoir rebasculer le réglage des suspensions en normal tout en bénéficiant du retour de volant plus ferme du mode perf grâce à une commande spécifique. Malgré une masse importante (1 835 kg à vide), le Tonale freine droit et bien. Les ingénieurs de Stellantis ont surtout trouvé le bon dosage entre régénération électrique et freinage hydraulique. Contrairement aux Peugeot 508 Hybrid – par exemple – le Tonale s’arrête grâce à une pédale au ressenti naturel.
Si le Cuore sportivo reste discret, reste à connaître son efficience. Sur un parcours mixte de 105 kilomètres effectué avec une batterie pleine au départ, nous avons relevé une consommation moyenne pas très représentative, mais pas inintéressante. Elle s’élève à 5,5 litres/100 km. Le Tonale ne se montre pas vraiment à son avantage sur la partie autoroutière. Le vent souffle dans les montants, mais ce désagrément auditif est tout à fait supportable. En revanche, l’ordinateur nous indiquait un chiffre proche de 10 litres/100 km à la vitesse maximale légale. Dur. Le réservoir d’essence conserve une capacité de 42 litres, permettant d’envisager des trajets mixtes de 450 à 600 kilomètres sans repasser par la pompe ou la borne.
D’ailleurs, la batterie peut se recharger en 2h30 sur une Wallbox délivrant 7,4 kW ou cinq heures sur une prise domestique. À noter pour les travaux dans votre garage : l’emplacement de la prise se trouve à l’arrière du véhicule.
Notre version d’essai Veloce, très bien équipée avec les inserts en Alcantara et la suspension moelleuse ou sportive à deux réglages est facturée 56 000 euros. Une finition Edizione Speziale est proposée à partir de 51 000 euros en attendant la Ti, qui arrivera dans les prochains mois.
Le Tonale est cher, mais plutôt bien placé face à une concurrence allemande à prix équivalent, mais proposant une puissance inférieure. Après la flamboyante époque Stelvio/Giulia, Alfa Romeo retrouve le chemin de la raison. C’est sans doute ainsi que le Biscione pourra survivre.
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