AccueilEssaisEssai – Mini Aceman SE : le chaînon manquant

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Mini Aceman
Mini Aceman

Pour faire oublier l’absence d’une Cooper électrique à cinq portes, Mini lance l’Aceman. Un crossover qui n’est pas sans intérêt.

Contrairement aux apparences, les toutes nouvelles Mini Cooper reposent sur des plateformes différentes. Alors que la version thermique peut être déclinée en trois ou cinq portes, la déclinaison électrique, qui repose sur une plateforme spécifique développée en partenariat avec le fabricant chinois Great Wall, ne conservera que deux portes latérales. Trop petite pour proposer une version cinq portes vraiment pratique, et avec un Countryman désormais parti chasser dans le segment des SUV compacts, il fallait combler le vide. C’est la mission de l’Aceman, pendant crossover de la Cooper et d’un gabarit identique au Countryman de première génération.

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Plus de place à l’arrière

Pour autant, les différences techniques ne creusent pas l’écart, puisque l’empattement a été étiré de seulement huit centimètres (2,61 m contre 2,53 m pour la citadine). Cependant, la voiture grimpe à une longueur totale de 4,08 m, soit 22 cm de plus que la Cooper. C’est donc au niveau du porte-à-faux arrière que se joue la différence. Le bouclier arrière est bien plus massif, mais la soute monte aussi d’un cran. Désormais, 300 l sont à la disposition des utilisateurs, quand la Cooper n’offre que 210 l. Pas plus large entre les deux passages de roues, il se montre un peu plus haut et surtout plus profond. Si cela ne suffit pas, la banquette 40/60 permet de monter jusqu’à 1 005 l. Dans l’absolu, le volume est acceptable et très similaire à ce que proposent ses concurrentes, toutes issues du groupe Stellantis. En revanche, à la seule bataille des chiffres, les DS 3 Crossback et Jeep Avenger font mieux avec 350 l. Mais on se souviendra que les Smart #1 et Volvo EX30, d’une tête de plus avec une longueur de près de 4,25 m, offrent moins de place.

A bord, la présentation ne change guère et l’on retrouve l’univers original des nouvelles Mini, avec bien trop de détails pour être tous notés. Seules évolutions à bord de l’Aceman : une (fausse) sangle derrière le volant, et des contre-portes retravaillées. La planche de bord, la console centrale et le bel écran rond de 24 cm de diamètre demeurent. Comme à bord de la Cooper, il faudra aussi s’en remettre à l’affichage tête haute à lame pour lire plus rapidement les informations liées à la conduite, puisque le crossover se refuse d’embarquer une instrumentation conventionnelle.

A l’arrière, la banquette est un peu plus accueillante et permet à de grands adultes de prendre place. Une caractéristique partagée avec la citadine, pas si ridicule en la matière. Et si l’aisance est toute relative, bien entendu, la banquette un peu plus reculée offre plus de place aux genoux, la garde au toit est un peu plus généreuse et il est toujours possible de glisser les pieds sous les sièges avant. Un petit peu par-ci par-là, mais qui font la différence. Surtout l’accès est en toute logique facilité par les deux portes arrière et la découpe correcte de la caisse.

Go-Kart Feelling préservé

Conduit sur les routes ennuyantes du Danemark et sous une pluie battante, le Mini Aceman n’a pas eu tout le loisir de nous montrer son potentiel. Il faudra pour cela l’emmener sur nos routes moins droites et moins parfaites pour livrer un bilan définitif. Cependant, le SUV a tout de même montré que l’on pouvait s’attendre à éprouver les mêmes sensations qu’à bord de la Cooper. Le train avant précis et volontaire, ainsi que des mouvements de caisses très bien canalisés, permettent de délivrer ce célèbre Go-Kart feeling cher à la marque. Dommage toutefois que la direction soit muette, et que la jante exagérément épaisse du volant édulcore un peu le ressenti. Reste qu’il est de loin le crossover urbain le plus plaisant à mener, si l’on écarte l’Alfa Romeo Junior Veloce et son délicieux train avant.

Mais cela se paie par une suspension particulièrement sèche et sautillante même sur autoroute. Encore une fois, le phénomène est certainement moins marqué sur le parfait bitume danois que sur les petites routes de Haute-Loire. Mais voilà qui ne devrait pas forcément séduire ceux qui ne sont pas habitués aux produits de la marque. Pavés, ralentisseurs, mauvais raccords… Le quotidien dans la jungle urbaine ne sera pas toujours de tout repos. La direction est certes avare en informations, mais pas la suspension !

Difficile aussi dans ces conditions d’essai de mettre en avant de quelconques différences dynamiques induites par les 105 kg supplémentaires dans cette version SE (1 710 kg contre 1 605 kg). Surpoids qui, sur le papier, fait perdre 0,3 s sur le 0-100 km/h, désormais réalisé en 7,1 s. Autrement dit, rien de bien perceptible derrière volant à ce niveau de performance. Et ce, même si les Goodyear Assurance ComfortTred (ces derniers semblent provenir d’Asie et n’apparaissent pas dans la gamme française du fabricant) n’ont pas vraiment eu de mal à faire passer les 218 ch et 330 Nm de couple au sol.

La minute technique : comment le Aceman parvient à conserver l’autonomie de la Cooper ?

Avec les thermiques, le passage d’un modèle trois portes à un dérivé cinq portes à peine plus long de 22 cm n’a qu’un effet insignifiant sur les consommations. Avec une voiture électrique, cela peut changer la donne et ne plus répondre au cahier des charges. C’est le problème logique auquel a été confronté Mini : un peu plus lourd et un peu plus gros, le crossover ne permettait plus de rester au-dessus de la barre des 300 km (version E) et des 400 km d’autonomie (version SE), et risquait d’afficher un rayon d’action plus faible que la citadine. Difficile à justifier auprès des clients pour qui l’autonomie compte toujours plus que tout. Des ajustements techniques ont donc été nécessaires.

En raison d’un coffre à batterie parfaitement identique entre les deux versions, l’Aceman E d’entrée de gamme peut recevoir quelques cellules supplémentaires. Et plus précisément quatre cellules prismatiques fournies par SVOLT, permettant de porter la capacité utile de 36,6 à 38,5 kWh. Ainsi configuré, le crossover affiche une autonomie de 309 km (contre 305 km sur la Cooper E). La consommation, tributaire des caractéristiques techniques, est logiquement à peine plus élevée.

En revanche, gonflé à bloc, le caisson de la version SE n’offre aucune marge de manœuvre. C’est donc sur la consommation que les ingénieurs ont dû travailler. Dans l’impossibilité de changer de machine électrique, c’est l’onduleur qui a évolué. Il s’agit désormais d’un équipement doté de transistors à effet de champ au carbure de silicium (MOSFET SiC), au lieu du système à transistors bipolaires à grille isolée (IGBT Si). Beaucoup plus performant, et habituellement réservé à des voitures haut de gamme à plateforme 800 V, le dispositif suffit à abaisser les consommations, et donc à préserver l’autonomie (405 km contre 402 km sur la Cooper) ! Mais cet équipement coute cher et, c’est ici une évidence, bien plus que l’installation de quelques cellules supplémentaires comme c’est le cas sur la version d’entrée de gamme qui n’a pas droit à ce type d’onduleur. En tout cas, il s’agit d’une solution ultime, qui explique aussi l’absence de ce dispositif à bord de la Cooper SE, dont le prix final pourrait dépasser les seuils fixés par la marque.

Une autonomie réelle de 330 km

Le Mini Aceman SE (ce n’est pas le cas sur la E) présente donc les mêmes niveaux de consommation WLTP que la Cooper équivalente. Et la solution technique fonctionne aussi sur le terrain, où nous avons noté un appétit final d’à peine moins de 15 kWh/100 km, soit dans les eaux de ce que l’on relève avec une Cooper SE. Cela correspond ici à une autonomie totale théorique de 330 km. Un résultat très proche d’un Jeep Avenger (mesure Supertest Automobile Propre). Sur autoroute, il faut s’attendre à une conso’ proche de 20 kWh/100 km, soit 240 km d’autonomie totale théorique. Là encore, les SUV de ce niveau de gamme ne font pas mieux.

Force est de concéder toutefois que l’utilisation sur autoroute sera épisodique. Tout comme l’usage du système de recharge rapide (95 kW en pic annoncé, mais plus dans la réalité), qui permet de réaliser le 10-80 % en 30 minutes selon la brochure. A n’en pas douter, la courbe devrait se rapprocher de celle mesurée avec une Cooper SE (voir ci-dessous). En revanche, le chargeur AC de 11 kW sera plus avantageux au quotidien pour faire des appoints rapidement sur les bornes publiques (0-100 % en 5 h 15).

Le cœur a ses raisons…

Si la Mini Cooper électrique apporte un vent de fraîcheur au milieu de l’indigestion de crossovers et SUV actuels, lui offrir une déclinaison qui joue les surélevées n’est en rien une mauvaise idée : quitte à offrir à la Cooper deux portes supplémentaires, autant le faire avec un modèle différent qui propose aussi plus de coffre, et ce même si, c’est subjectif, l’on pourrait regretter la bouille plus craquante de la Cooper. Et pour ne rien gâcher, le tour de passe-passe technique permet à l’Aceman de conserver le même niveau d’autonomie (plus de capacité en version E) et de ne pas impacter le niveau de consommation (onduleur spécifique en version SE), tout en préservant un comportement dynamique au demeurant plaisant.

Bref, il y a d’un côté la passion avec la Cooper, et d’un autre côté la raison avec l’Aceman. Ou presque, puisque le crossover sera toujours un achat coup de cœur. Surtout à ce niveau de prix. Affiché à partir de 37 350 € en finition Essential, le Mini Aceman SE réclame une rallonge de 2 900 € par rapport à la Cooper équivalente. Ecart qui passe à près de 3 500 € en finition Favoured d’essai (43 315 € pour le Aceman). En attendant un rapatriement dans l’usine d’Oxford, en Angleterre, le Mini Aceman sort des chaînes chinoises de Great Wall. Il ne peut donc pas profiter de bonus écologique.

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