ABRP et boîtier OBD2 : la solution idéale pour vos longs trajets en voiture électrique ?

À de trop rares exceptions près, les constructeurs automobiles ont encore bien du mal à nous satisfaire par la fiabilité de leur planificateur d’itinéraire intégré dans les véhicules électriques. La rédaction d’Automobile Propre s’est intéressée à une application alternative, compatible Android Auto et Apple CarPlay. Celle-ci vous la connaissez sans doute, il s’agit de A Better Route Planner, alias ABRP, que nous avons associé à un boîtier OBD2 pour collecter les données en temps réel de votre voiture. Verdict !

À l’approche des départs en vacances, la préparation des longs trajets a toujours de quoi faire naître quelques angoisses chez les conducteurs de véhicules 100 % électriques. Densité encore trop faible du réseau (même si celui-ci s’étoffe en France), nombre de stèles parfois (très) limitées par station et, dans le pire des cas, les bornes en panne… aucun doute, la qualité de l’infrastructure peut vite devenir un problème lors des traditionnels « chassé-croisé » sur les routes. Malheureusement, vous n’y pouvez rien, si ce n’est tenter de vous faciliter la vie au maximum en adoptant les bons outils. Pour cela, vous connaissez sans doute l’application A Better Route Planner, alias ABRP, mais saviez-vous qu’il est possible de faire communiquer cette application mobile avec l’électronique de votre voiture ? Il suffit pour cela d’ajouter un boîtier OBD2 sur la prise diagnostic de votre voiture et de le relier en Bluetooth à votre smartphone.

Choix et installation du boîtier OBD2

Le choix du boîtier OBD2 constitue la première étape de la mise en place de cette solution connectée. Cependant, comme vous devez vous en douter, nous n’avons pas testé une multitude de solutions. Notre choix s’est porté, presque par hasard, au détour d’une promotion (moins de 20 euros), sur le Maclean MC200 OBD2, aussi appelé Mini OBDII. La taille de l’adaptateur est en effet un point important qu’il vous faut considérer dans l’achat de votre boîtier. Si ce dernier est trop gros et que la prise diagnostic de la voiture se situe derrière un cache, vous pourriez être embêté pour remettre ce dernier en place.

Avec notre modèle dont la partie électronique est enfermée sous à peine 1 cm de plastique, nous n’avons rencontré aucun problème. Toutefois, celui-ci ne semble pas être le plus populaire. Vous verrez sur certains sites de vente en ligne que la solution iCar Pro (environ 30 euros) recueille souvent plus de commentaires, positifs pour la plupart, mais attention, il semble plus épais et pourrait vous poser des problèmes pour remettre le cache en place.

À noter qu’il existe une alternative qui consiste à y coupler une rallonge OBD2 pour y connecter ensuite le boîtier. Dans tous les cas, nous vous recommandons de faire de votre mieux pour garder cet adaptateur Bluetooth à portée de main, autant que possible.

Nous ne sommes pas des experts en la matière, mais certaines communautés d’utilisateurs émettent des recommandations quant au fait de débrancher le boîtier lorsque vous quittez le véhicule trop longtemps. La connexion Bluetooth de ceux-ci ne serait pas franchement sécurisée, constituant ainsi une faille critique permettant d’accéder à l’électronique de votre véhicule. Mieux vaut prévenir que guérir. Il peut être pertinent d’ôter cet adaptateur lorsque vous déposerez votre véhicule chez votre garagiste pour une révision. En effet, certains pourraient ne pas apprécier que vous ayez branché ce type de solution à l’électronique de la voiture.

Association du boîtier et configuration de l’appli

L’association du boîtier à l’application est un jeu d’enfant, mais pour que cela soit possible il faut inévitablement souscrire à la version payante de l’application. Celle-ci est proposée à 5 euros par mois, ou 50 euros par an. Toutefois, afin de vous faire une idée sur l’efficacité du service, vous pouvez opter pour la version d’essai de 30 jours.

C’est dans les paramètres de l’application mobile que vous pourrez sélectionner votre modèle de voiture parmi une longue liste de modèles disponibles. Une liste prend en compte les différentes variantes commercialisées. Dans le cadre de notre Hyundai Ioniq 5, on trouve donc les versions européennes, déclinées en autonomie standard et longue autonomie – comprenez les modèles avec batteries 58 et 73 kWh en attendant la nouvelle de 77 kWh – ainsi que les versions à propulsion et transmission intégrale.

Une fois la sélection réalisée, l’application est fonctionnelle et peut d’ores et déjà s’occuper de calculer des itinéraires basés sur les données de consommation collectées par la plateforme. C’est d’ailleurs ce qui explique les trois niveaux d’états des véhicules dans la liste à savoir « alpha, beta et mature » ci-dessus.

Contacté sur le sujet, Bo Lincoln, PDG d’Iternio Planning AB, nous explique que les différents niveaux sont établis en fonction du volume de données collectées et permettant d’affiner les estimations. À l’heure où nous écrivons ces lignes, « ABRP compte 2 millions d’utilisateurs actifs, dont 400 000 actifs, qui partagent de la donnée totalement anonymisée », nous explique-t-on. Le PDG reste néanmoins assez discret sur les modes de calculs et les détails, mais il nous indique la consommation comme les habitudes de recharge sont collectées pour affiner les algorithmes de calcul de l’application.

Toujours concernant notre Hyundai, le Ioniq 5 fait partie des modèles dits « alpha ». Un moindre souci dans notre configuration de test puisque le boîtier OBD2 se charge d’actualiser en permanence les données de consommation et l’autonomie estimée.

Pour affiner encore les estimations, l’application propose une multitude d’options comme la possibilité d’ajouter du poids – pratique si vous voyagez à plusieurs et/ou avec des valises – ou d’autres éléments tels qu’un coffre de toit, un attelage à vélo ou encore une remorque. On trouve même la possibilité de considérer les conditions météo (le froid ayant un impact considérable) et l’état du trafic dans le calcul d’itinéraire – avec la version premium d’ABRP seulement. Là encore, nous n’en saurons pas plus sur les méthodes de calculs appliquées par A Better Route Planner.

Avant de prendre la route, il faudra vous assurer que toutes les options liées aux calculs d’itinéraires sont configurées de façon à exploiter les données en live. Pour cela, il suffit de cocher le menu « Réglages automatiques » dans les paramètres, ce qui aura pour impact d’actualiser le niveau de charge au départ de votre calcul d’itinéraires ainsi que tout au long de votre trajet.
Vous pouvez également jeter un œil aux autres paramètres, comme la consommation de référence. Si celle définie par l’application vous semble erronée, vous pouvez changer la valeur sachant que celle-ci sera exploitée dans le calcul initial, mais qu’ensuite l’OBD2 se chargera de transmettre les données à l’application.

Pour plus de fiabilité encore sur votre temps de parcours, vous pouvez changer les vitesses de référence et vitesse maximum. Comprenez si vous êtes plutôt du genre à rouler strictement aux limitations de vitesse (ou un peu en dessous) pour le premier paramètre et quelle sera votre vitesse maximale durant vos trajets.

Pensez aussi à jeter un œil dans les paramètres de batterie pour renseigner quel niveau de charge restante vous souhaitez avoir une fois arrivé à destination. Par défaut, la valeur du SoC (State of Charge) à l’arrivée est réglée sur 10 %. Attention, c’est aussi cette dernière donnée qui fait office de marge dans les calculs et comme vous le savez, c’est une sécurité assez faible. Mieux vaut prévoir un peu plus, ce qui impactera naturellement le calcul d’itinéraire.

Vous pourrez aussi décider d’ajouter une étape au trajet, que ce soit un point de passage ou une étape « commodités ». Restaurant, hôtel ou Shopping… vous pourrez préciser quelques critères supplémentaires, notamment la distance séparant le restaurant du point de recharge par exemple.

Un ordinateur de bord qui rassure

Malgré toutes les options disponibles, l’application ABRP n’a pas la prétention de remplacer un planificateur d’itinéraire qui serait déjà intégré à votre véhicule. Elle ne sera pas capable, par exemple, d’indiquer aux systèmes de préconditionnement de la batterie qu’il est temps de mettre celle-ci à température pour optimiser ensuite la puissance de charge.

À lire aussiEssai – Hyundai Ioniq 5 HTRAC : les temps de recharge et de voyage de notre Supertest

Ajoutons que l’application et ses fonctions couplées à l’OBD2 sont encore à considérer comme étant en mode « beta ». Pour autant, si l’interface du système de votre véhicule ne vous satisfait pas, voire qu’il est dépourvu de toute option de planificateur, alors ABRP peut vous apporter quelque chose. A minima, une certaine forme de sérénité. En effet, là où certains constructeurs reconnaissent les efforts qu’il leur reste à faire pour améliorer l’interface de leur système embarqué – quand on pense que les conducteurs de e-208, par exemple, n’ont même pas l’indication du pourcentage de batterie dans leur superbe i-Cockpit 3D ! – la solution que nous testons ici permet de combler ce type de lacunes.

Sitôt le boîtier connecté avec l’application, on retrouve immédiatement les différentes informations liées à l’état de la batterie. Son pourcentage précis, mais aussi sa température, pour les plus curieux. Mais c’est lorsqu’on saisit sa destination que l’ensemble devient très intéressant. L’application se charge de vous créer un itinéraire avec l’ajout automatique des différents points de recharge en fonction des paramètres que vous aurez renseigné. Pour obtenir la vue la plus intéressante, nous vous recommandons de basculer le smartphone en mode paysage, puis cliquer sur « mode » et sélectionner le mode d’affichage « détails ». Ce dernier affiche en partie gauche un graphique indiquant la courbe de décharge estimée au départ (ou entre chaque recharge) par l’application via un trait bleu, tandis qu’un tracé en pointillé matérialise votre consommation. Le tout sur un fond de graphique indiquant le dénivelé tout au long de l’itinéraire.

Lors de nos essais, celui-ci s’est vraiment montré rassurant, et presque gratifiant. En effet, nous nous sommes volontairement comportés en utilisateurs lambda et n’avons pas décidé de ne pas modifier les consommations de référence renseignées dans l’application. En conséquence de quoi, lors de nos trajets réalisés par des températures plutôt douces (entre 17 et 25 degrés) et sans transporter de charges particulières (seul ou 4, mais sans bagage), nous avons toujours obtenu des résultats plus favorables que ceux estimés au départ par l’application. Durant la conduite l’écart avait même près de 12 % de consommation en moins sur le réel versus l’estimation – à l’occasion de notre aller-retour Paris Orléans, nous permettant alors d’opter pour une conduite un peu plus dynamique sur le reste du trajet. À noter qu’au volant du Ioniq 5 nous n’avons pas hésité à rouler à 130 km/h, mais avec la Corsa e, l’application nous a invités à adopter les 100/120 km/h sur autoroute pour être plus tranquille.

Un gros problème demeure

Mais alors si le lien avec boîtier OBD2 permet de garder un œil sur la courbe de décharge et de réagir en conséquence en fonction de la distance qui nous sépare de notre destination ou de notre point de recharge, qu’en est-il justement du planificateur de charge ? Et bien là, c’est encore un peu trop incertain. Oh, pas sur tous les opérateurs de réseaux de charge, mais nous n’oserons pas tirer des conclusions hâtives des bonnes expériences que nous cumulons chez Ionity. Dès lors, ABRP doit composer avec ses partenaires et leur capacité à fournir une information fiable et détaillée sur l’état de leur réseau.

Et si d’aventure l’opérateur fournit l’information, là encore à l’image de Ionity, vous retrouverez le détail des bornes disponibles sur chaque station. Ci-dessous, une capture d’écran de l’application saisie lors de notre arrêt à la station de Saran.

À notre arrivée, il y avait bien deux bornes 350 kW sur les six d’occupées, mais il aura fallu plusieurs minutes pour que la troisième prise que nous occupions, ainsi que la prise CCS occupée rapidement par une Renault Zoé soient déclarées occupées. Enfin, c’est en multipliant les essais sous différentes conditions avec votre propre véhicule que vous verrez si ABRP se montre aussi efficace qu’il l’a été pour nous dans la suggestion de l’arrêt pour la recharge et le temps nécessaire à la borne. Il faut rappeler que le Ioniq 5 offre des prestations assez incroyables sur ces superchargeurs grâce à son architecture 800 Volts. À chacun de nos essais, nous avons été impressionnés !

Une application compatible Android Auto et Apple CarPlay

Dernier chapitre de notre test : la comptabilité d’ABRP avec Android Auto et Apple CarPlay. Vous pourriez donc avoir envie d’utiliser les versions Premium de l’application directement sur le grand écran de votre voiture. Nous avons essentiellement testé la solution sous Android Auto, avec notre smartphone du quotidien, mais plus occasionnellement aussi avec un iPhone et donc sous CarPlay. Dans un cas comme dans l’autre, nous n’avons pas franchement été emballés.

Non pas que celle-ci ne soit pas ergonomique ou trop lente, mais elle présente selon nous moins d’intérêt dans cette configuration puisqu’il faut se limiter aux seules instructions de navigation et une petite inscription indiquant le pourcentage de la batterie et l’estimation du SoC à l’arrivée. Oubliez le fameux graphique ou encore la barre de progression que nous trouvons pourtant si pratique. À noter que la reconnaissance vocale fonctionne également pour dicter une adresse sur les versions Android Auto et CarPlay de l’application.

Finalement, selon nous, le setup idéal fait plutôt appel au duo à l’application ABRP sur mobile et Waze (Google Maps, ou autre) sur l’écran central de la voiture. Vous pourrez d’ailleurs ainsi comparer les deux services d’information trafic, car si Bo Lincoln, le PDG d’Iternio Planning AB n’a pas été très loquace sur son partenaire, il nous faut reconnaître que celui-ci nous a fait quelques suggestions d’itinéraires plutôt bien senties.

Cerise sur le gâteau : la sauvegarde de vos trajets

Si vous avez pris le soin d’activer l’enregistrement de vos parcours, alors vous pourrez les retrouver dans l’application mobile et cela soigneusement horodatés, mais aussi scindés en fonction de vos arrêts prolongés ou vos recharges. L’application peut ensuite générer une extraction Excel, mais le résultat est imbitable ! En revanche, en consultant le tout depuis son smartphone, c’est beaucoup mieux.

Il est même possible de choisir les courbes qu’on souhaite superposer pour en savoir un peu plus sur sa voiture et sa conduite.

Verdict : un modeste investissement qui rassure

À l’heure du bilan, il faut bien reconnaître que si la recette éprouvée ici n’est pas magique et qu’il nous aurait fallu la tester dans plus de situations (climatiques, routes, etc.) et de configurations (modèle de voiture, nombre de personnes, etc.), le combo ABRP+OBD s’avère néanmoins être un investissement intéressant, ne serait-ce que pour la paix de l’esprit que cela vous apportera. Plus besoin de multiplier les applications pour savoir où se trouvent les bornes, si elles sont oui ou non disponibles, quel sera le coût de la charge ou encore la puissance de la borne.

Certes, il vous en coûtera l’achat du boîtier et la souscription de l’abonnement premium, mais sur la route l’ensemble s’est révélé être un bon compagnon de route numérique. D’autant que nos échanges avec Bo Lincoln nous laissent penser que les équipes sont motivées pour faire progresser rapidement leur application et affiner encore les calculs d’itinéraires. En attendant, vous pouvez vous aussi « mettre les mains dans le cambouis » et renseigner plus précisément certains champs dans les paramètres de l’appli en vue d’améliorer la pertinence des calculs, cette fois-ci avec les données que vous collectez au cours de vos trajets.