Le Toyota Hilux FCEV ne sera commercialisé qu’en 2026, mais nous avons déjà pu nous installer au volant de l’un de ses démonstrateurs roulants. Les objectifs intermédiaires, intégration de la pile à combustible et conduite, sont atteints.

Lancé en juillet 2022, le projet du pick-up Toyota Hilux H2 est devenu une réalité en ayant franchi depuis quelques étapes de développement, d’évaluation et de démonstration. Il reste du chemin à parcourir, mais le projet est bien lancé ; La preuve ? Automobile-Propre a fait partie des quelques invités de Toyota pour rouler quelques instants avec ce Hilux H2 et discuter de l’avancement du projet avec ses ingénieurs.

En préambule, rappelons qu’une pile à combustible combine de l’hydrogène et de l’oxygène pour générer de l’électricité et de l’eau. Cette dernière constitue le seul « polluant » de ce process. Implantée dans un véhicule, une pile à combustible produit de l’électricité utilisée par le ou les moteurs électriques servant à déplacer le véhicule. Pour les véhicules utilitaires et les poids lourds, la pile à combustible semble pertinente face au tout électrique à batteries.

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Ce projet s’appuie sur la, déjà, longue expérience de Toyota dans le domaine de la pile à combustible. Aux premières initiatives des années 2000, le constructeur lance, au cours de la décennie passée, une démarche construite évaluant toutes les problématiques des différents composants et de leur fonctionnement au sein d’un système. La première Toyota Mirai apparait en 2014 et la seconde génération est commercialisée six ans plus tard. Néanmoins, ne s’appuyer que sur ces seules voitures semble difficile et Toyota accélère vers d’autres véhicules et applications des technologies développées pour des questions d’économies d’échelle. Comme l’indique Timothy D’Herde, directeur de la R&D moteurs de Toyota Europe, « Cela va jusqu’aux poids lourds, dont les sept unités que nous mettons actuellement sur la route avec le constructeur VDL ».

Un développement mené en Grande-Bretagne

Pour sa part, le premier Hilux H2 roulant a posé ses pneus sur la route en juillet 2023 et les dix exemplaires existants ont atteint les objectifs assignés en ce milieu de projet. Celui-ci vise à commercialiser ces pick-ups H2 en 2026. Deux d’entre eux seront visibles cet été aux Jeux Olympiques de Paris en marge d’épreuves hippiques.

Utilisant les briques technologiques présentes sur la Mirai, ce Toyota Hilux FCEV est développé en Grande-Bretagne par Toyota Motor Manufacturing UK avec des partenaires locaux (Ricardo, ETL, D2H Advanced Technologies et Thatcham Research) et le soutien financier de l’Advanced Propulsion Centre (APC), une organisation soutenue par le gouvernement britannique.

L’intégration de la pile à combustible, de ses systèmes thermiques, des batteries et des réservoirs d’hydrogène n’a pas été aisé, mais l’objectif de démonstration a été atteint : sous un capot avant plus court que celui d’une Mirai, l’installation de la pile a constitué un défi tant pour sa gestion thermique que pour l’implantation des autres éléments tels la direction et le système de freinage. Pour gagner de la place, la suppression du pont avant s’est imposée : à ce stade du projet, le Hilux H2 n’est plus entraîné que par ses roues arrière.

Les trois réservoirs d’hydrogène, de 2,6 kg chacun, ont trouvé leur place dans le châssis, mais les batteries sont implantées dans un compartiment en avant de la benne. La pile à combustible utilisée est dite de génération 2.5, identique à celle de l’actuelle Mirai.

En route vers 2026

Installons-nous à bord de ce pick-up Hilux H2 en version cabine approfondie et… direction à droite. Ce dernier détail ne nous gênera guère, car nous ne roulerons que dans la carrière d’essais de JCB, le constructeur britannique d’engins de chantier, et sur une vingtaine de kilomètres.

La mise en route est immédiate et le mélange des deux univers, celui du Hilux et celui d’une motorisation électrique, se produit tout naturellement : le couple immédiat du moteur électrique offre une belle vivacité lors des remises en vitesse. La puissance est disponible sans retard et l’on ne perçoit aucun à-coup lors des phases de transition. Il en est de même lors des ralentissements et des freinages.

Les bruits mécaniques habituels ont été avantageusement remplacés par quelques ronronnements d’origine électrique. À ce stade du projet, l’intégration dans ce véhicule démonstrateur est une réussite.

Mais il reste du travail en vue de la commercialisation en 2026, car Toyota s’est fixé d’autres objectifs. Ils portent sur l’installation d’une pile à combustible de troisième génération plus compacte, offrant une consommation d’hydrogène abaissée de 20 % et un coût réduit de 37 % pour un volume de ventes de 100 000 unités. Avec cette pile, Toyota promet une autonomie de plus de 600 km. La compacité accrue de la pile permettra au Hilux de retrouver un pont avant et les capacités de franchissement offertes par les quatre roues motrices. De plus, Toyota repositionnera les batteries pour libérer le compartiment de charge.

Ainsi, le Toyota Hilux FCEV devrait réussir à marier ses capacités professionnelles actuelles (charge utile et capacités tout-terrain) et le déplacement sans émissions sur près de 600 km. Rendez-vous dans deux ans pour vérifier cela.

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