Baptisée ACC, l’alliance franco-allemande entre Stellantis, Mercedes et TotalEnergies a officiellement décidé de mettre en pause la construction de deux sites en Europe. Mais l’Italie tente de convaincre le groupe de Carlos Tavares de relancer son projet dans le pays.

En plein doute sur l’avenir du marché des électriques, ACC (l’alliance entre Stellantis, Mercedes et TotalEnergies) a décidé de suspendre la construction des sites de Kaiserslautern (en Allemagne) et de Termoli (en Italie). Les travaux sont officiellement arrêtés pour « effectuer un pivot technologique ». ACC souhaiterait finalement développer des batteries LFP (lithium-fer-phosphate). Une alternative plus abordable que les packs NMC (nickel-manganèse-cobalt) produits dans l’usine du Pas-de-Calais.

L’Italie met la pression sur Stellantis

Comme Stellantis est le principal actionnaire d’ACC, l’Italie tente de faire pression auprès d’un géant de l’automobile qu’elle connaît bien. Selon un récent article de Reuters, le ministre de l’Industrie, Adolfo Urso, menace de retirer les fonds publics destinés au projet si le groupe « ne s’engage pas à reprendre la construction du site dans les heures qui viennent ». Au cours des derniers mois, les relations entre le pays et l’entreprise de Carlos Tavares se sont légèrement tendues.

Adolfo Urso aurait déclaré ceci : « Stellantis doit nous donner une réponse, et ce dans les plus brefs délais. Si le groupe automobile ne nous donne pas de réponse positive dans les heures qui suivent, nous transférerons les fonds ailleurs. Nous ne pouvons pas nous permettre de perdre ces fonds parce que Stellantis ne respecte pas ses engagements ». Pour le moment, le géant automobile n’a pas l’air de vouloir céder et décide même de maintenir son argumentation.

Dans un communiqué de presse officiel, le groupe a déclaré qu’ACC est « en train de peaufiner la stratégie des usines en Italie et en Allemagne pour introduire une nouvelle technologie de production de cellules et de modules, afin d’être en phase avec l’évolution du marché ». La suite des événements à Kaiserslautern et à Termoli sera précisée fin 2024 ou début 2025. On ne sait pas non plus dans quelle mesure ce pivot affectera la troisième usine en France.

Le constructeur est dans le flou

Le premier bloc de production de 13,4 GWh y était censé gagner en puissance. Ensuite, deux autres blocs étaient prévus pour atteindre 40 GWh. Mais ACC a peut-être fait l’erreur de se concentrer uniquement sur des batteries NMC. Dans cette phase de réflexion, Stellantis s’efforce de donner l’impression d’être actif. Début juillet, le groupe a annoncé qu’il avait convenu d’une collaboration de 5 ans avec le CEA, le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives.

En Italie, Stellantis avait promis de convertir son usine de Termoli (spécialisée dans la fabrication de moteurs) pour y fabriquer des batteries destinées aux voitures électriques. Ce plan convenait parfaitement au gouvernement italien. En tout, le groupe devait investir 2 milliards d’euros (dont 370 millions d’euros de fonds publics provenant de l’Union européenne). L’usine devait initialement prendre du service en 2026 et fournir jusqu’à 40 GWh de cellules par an.