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La voiture électrique va-t-elle tomber en panne de minerais ?

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Fortement dépendante de minerais pour sa conception, la voiture électrique pourrait être menacée par une pénurie de certaines ressources si les gouvernements n’anticipent pas dès aujourd’hui les besoins de demain.  

Alors que les minerais joueront un rôle pour atteindre la neutralité carbone visée par les différents gouvernements, l’Agence Internationale de l’Énergie (IEA) alerte sur le fait que certains matériaux pourraient venir à manquer dans les années à venir. L’agence a résumé ses inquiétudes dans un rapport intitulé « Le rôle des minerais essentiels dans la transition vers les énergies propres ». Elle alerte notamment sur les efforts à mener en matière d’approvisionnement pour certains d’entre eux.

Un besoin en minerais six fois supérieur pour une voiture électrique

Si le bilan final est évidemment en faveur de la voiture électrique, on sait que cette dernière sera plus gourmande lors de sa fabrication. Il faut compter un peu plus de 200 kilos de minerais par véhicule électrique, contre moins de 50 pour une voiture thermique. Cette dernière n’utilise que du cuivre et du manganèse, là où l’on retrouve six minerais différents pour un véhicule électrique. Il faut plus de 50 kilos de cuivre et de graphite, mais aussi du lithium, du nickel et du cobalt pour constituer la batterie.

Dans le domaine de l’énergie, le constat est le même : les plateformes éoliennes, en mer ou sur terre, ainsi que les panneaux solaires, consomment plus de ressources à la fabrication que l’énergie fabriquée par le nucléaire, le charbon ou le gaz naturel.

Six fois supérieurs entre une voiture électrique et une thermique, ces besoins croissants en minerais sont la source de craintes pour l’IEA. L’agence anticipe des demandes six fois supérieures pour ces matériaux avant 2040, ce qui serait critique. Dans tous les scénarios d’avenir imaginés par l’agence, les énergies éoliennes prennent la majeure partie du marché, devant le solaire. Et on sait que l’automobile électrique va irrémédiablement prendre le pas sur les voitures à moteur essence ou diesel.

Éviter les ruptures de stock et la flambée des prix

Fatih Birol, directeur exécutif de l’IEA, craint que les problèmes liés aux pénuries de minerais ne « perturbent les efforts internationaux pour lutter contre le changement climatique ».

« Aujourd’hui, les données montrent un écart entre les ambitions mondiales renforcées et la disponibilité de minerais critiques » explique-t-il. « Ceux-ci sont essentiels à la réalisation de ces ambitions. Les défis ne sont pas insurmontables, mais les gouvernements doivent envoyer des signaux clairs sur la manière dont ils prévoient d’agir pour le climat. En agissant maintenant et ensemble, ils peuvent réduire drastiquement les risques de volatilité des prix et les perturbations de fourniture ». En effet, si la demande excède largement l’offre, les prix s’envoleront forcément.

Mieux investir et mieux recycler les minerais

Le rapport propose six points d’améliorations possibles pour les gouvernements, s’ils souhaitent réussir à endiguer cette tendance. Le premier est de mieux répartir les investissements et diversifier les sources d’approvisionnement. Selon l’agence, les gouvernements peuvent jouer un rôle fondamental dans ce meilleur équilibre.

L’Agence Internationale de l’Énergie propose aussi la promotion de technologies innovantes via la R&D pour mieux utiliser les matériaux. Remplacer certains matériaux et trouver d’autres possibilités d’approvisionnement aiderait à la fois dans la production et dans la vente de ces minerais.

Le troisième point concerne le développement de la filière recyclage. Celle-ci jouera un rôle essentiel pour limiter les besoins en ressources primaires et mieux gérer les produits arrivés en fin de vie. L’IEA conseille aussi aux gouvernements de renforcer les chaînes d’approvisionnement pour éviter des creux dans l’offre. Ainsi, la transparence du marché en serait améliorée, tout comme la stabilité des prix.

Le cinquième point que soulève l’IEA est celui des standards environnementaux et sociaux de gouvernance. Cela pourrait permettre d’avoir des produits durables et des volumes cohérents, tout en abaissant les coûts de revient. Récompenser les acteurs se pliant à ces standards pourrait permettre d’attirer d’autres candidats sur le marché.

Enfin, le dernier point soulevé est celui de la collaboration internationale entre les producteurs et les consommateurs. Basée sur l’échange et la transparence, celle-ci pourrait permettre un suivi en direct bien plus efficace. Les vulnérabilités du marché seraient ainsi plus facilement identifiées.

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