La nouvelle génération de la boîte à malice qu’est la Fiat Grande Panda a été révélée à Turin, à l’occasion des 125 ans de la marque. Automobile Propre y était et a laissé traîner ses oreilles.

La Fiat Grande Panda est lancée. Avec ses composants techniques identiques à la Citroën ë-C3, son espace intérieur bien agencé et son prix compétitif, elle devrait participer à la relance de Fiat en France, en Italie et ailleurs dans le monde.

Elle a été présentée pour la première fois jeudi dernier sur le toit du Lingotto, usine emblématique dans l’histoire de la marque, située à Turin.

Toutes les infos essentielles sur la Fiat Grande Panda sont à lire par ici.

Voici donc le superflu…

Le bon câble ?

L’une des (bonnes) surprise de la Fiat Grande Panda se situe sur le bandeau fumé qui sert symboliquement de calandre, à l’avant du capot. Une trappe actionnable sans bouton renferme un logement. Duquel on peut extraire un câble type 2, branché en permanence au véhicule.

Ce cordon spiralé comme sur un bon vieux téléphone fixe – ceci facilite le pliage et le dépliage – permet de brancher la voiture en courant alternatif (puissance : jusqu’à 7 kW), tandis que les charges rapides peuvent (par exemple) se faire via une autre trappe située à l’arrière gauche du véhicule.

C’est une bonne idée, car cela permet de désencombrer le coffre – rappelons que cette plateforme ne permet pas la disposition d’un frunk – et de protéger vos bagages de la graisse accumulée sur les câbles. De surcroît, cela offre un emplacement alternatif selon la configuration de votre borne ou de votre garage.

Et cette idée vainc la flemme de brancher le véhicule… Reste à voir si le pliage/dépliage restera toujours aussi souple au fil des années.

Et niveau coffre, qu’offre la Fiat Grande Panda ?

La Grande Panda est basée sur la plateforme Smart Car de Stellantis. Cette version révisée de la CMP part du principe que les thermiques ou les électriques sont des tractions. Le moteur synchrone à aimants permanents se trouve à l’avant.

Heureusement, le coffre arrière de la Panda est profond et propose plus de 360 litres d’emport. Pas mal pour un véhicule de moins de 4 mètres de longueur.

Si l’on a vu sur les exemplaires de pré-série à Turin une banquette fractionnable, ce ne sera peut-être pas le cas des entrées de gamme. La Citroën ë-C3 dans sa finition You se contente ainsi d’une simple banquette monobloc rabattable, au détriment de la modularité. Il pourrait en être de même sur la Fiat Grande Panda.

Des prix compétitifs pour la Fiat Grande Panda

Fiat a confirmé que son nouveau modèle serait vendu en entrée de gamme : « en dessous de 25 000 euros » en VE et sous la barre des 19 000 euros en hybride. « Ce sont des estimations prudentes » précise Olivier François, le patron de Fiat, laissant entendre que les tarifs pourraient être encore plus agressifs.

Rappelons que la Citroën ë-C3 démarre aujourd’hui à 23 300 euros (hors bonus). La Dacia Spring – récemment remaniée et essayée par Automobile Propre — est facturée 18 900 euros, mais ne dispose plus d’aide de l’État en France en raison de sa fabrication en Chine.

Le directeur général a d’ailleurs donné quelques éléments sur le positionnement de Fiat, évoquant notamment un match avec Dacia. La Panda peut ainsi être vue comme une rivale pour la Dacia Sandero.

La griffe transalpine entend être « un peu au-dessus des tarifs » pratiqués par la marque roumaine « parce que nous apportons un petit quelque chose en plus » argue Olivier François.

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La fiche technique de la Fiat Grande Panda reste à compléter

Fiat n’avait pas très envie de parler des détails de sa Grande Panda et préférait se concentrer sur ses 125 ans. D’où la fiche technique très parcellaire qui nous a été fournie. Pour l’heure, la marque ne dit rien sur les puissances de recharge ou encore les performances de sa « boîte à malice ».

Il y a cependant fort à parier qu’elle devrait être très proche (voire identique) à celle de la Citroën ë-C3. La puissance de recharge devrait plafonner à 100 kW, le 20-80 % bouclé en un peu moins d’une demi-heure et le 0 à 100 km/h biffé en un peu plus de 11 secondes.

Si la fiche technique de la Grande Panda hybride n’a pas non plus été révélée, il s’agira très probablement de la motorisation 1.2 PureTech légèrement hybridée de 100 ch, associée à une boîte double embrayage à 6 rapports.

Une Fiat Grande Panda 4×4 pas impossible

Dans les alpages, nombreux sont les nostalgiques de la Panda 4X4. Lancée en 1983 et disponible sur les trois générations, la déclinaison 4-roues motrices a souvent servi d’utilitaire léger, agile et bon marché dans la boue comme sur la neige.

La Fiat Grande Panda 4X4 sera-t-elle un jour proposée au catalogue ?

Interrogé sur la possibilité d’insérer une transmission intégrale sur la plateforme Smart Car, Olivier François, le patron de Fiat a répondu : « Oui, c’est techniquement possible ».

Il a ensuite embrayé sur la technologie 4xE, récemment inaugurée sur le Jeep Avenger. Sur le SUV, les 4-roues motrices sont entraînées par une chaîne de puissance hybride de 100 ch. Une version 4×4 électrique est donc improbable.

Olivier François a également soufflé le froid sur le volet commercial. Il a rappelé que si la Panda 4×4 a connu un grand succès d’estime, les ventes étaient moins spectaculaires. L’idée aura donc besoin d’un business case solide, comme on dit dans les écoles de commerce.

Urso mal léché

Invité à la cérémonie des 125 ans de Fiat, le ministre des Entreprises et du made in Italy, Adolfo Urso, a prononcé un discours pas très agréable pour huiles de Stellantis. Carlos Tavares et John Elkaan ont observé la charge depuis le premier rang. Le gouvernement de Rome met la pression pour faire repasser le nombre de voitures produites par le groupe dans la Botte au-delà de la barre du million.

« Le succès de la Fiat est le succès de l’Italie (…). L’usine n’est pas qu’un lieu de production, mais le moteur du développement et du progrès pour la nation entière. J’espère qu’il en est toujours ainsi ». Pause appuyée : « J’espère qu’il en est toujours ainsi ».

Le membre de Fratelli d’Italia (parti de la chef de gouvernement Giorgia Meloni) a poursuivi : « C’est le moment des choix et de la responsabilité (…). Le groupe doit assumer la responsabilité sociale de la relance de l’automobile en Italie, aussi en raison de ce que l’Italie a donné à Fiat ».

Dans son propre discours, le patron de Stellantis, Carlos Tavares, a répliqué avec des chiffres – Carlos Tavares aime les chiffres – comptabilisant 63 % d’export dans les usines transalpines de Stellantis et 40 000 salariés dans la Botte… Il a également rappelé les efforts déjà concédés à propos de l’avenir de l’usine de Mirafiori (« cœur battant de Stellantis »), évoquant le futur hub de recyclage spécialisé dans les VE et 2 milliards d’euros investis d’ici à 2030.

Situé à quelques centaines de mètres du Lingotto – où Fiat soufflait ses bougies — ce site fermera ses portes pour sept semaines en raison de l’écroulement de la demande pour la Fiat 500e.

Quelques heures plus tard, le journal Il Sole 24 Ore – dont l’actionnaire principal est l’équivalent de notre Medef – révélait que le Ministère des Entreprises et du made in Italy avait déposé les noms Autobianchi et Innocenti au registre des marques commerciales. Ces deux appellations historiques serviraient potentiellement de cadeau dans la corbeille d’un constructeur chinois ouvrant un site de production en Italie.

On s’en reparle très vite sur Automobile Propre.

Une 500 hybride en vue

La cérémonie portait une autre nouvelle pour les salariés de l’usine de Mirafiori. La Nuova 500 – lancée en 2021 – ne devait marcher qu’à l’électrique. Or, Fiat a officialisé l’arrivée « d’ici à un an et demi » d’une déclinaison micro-hybride, confirmant des bruits émis depuis quelques semaines par les syndicats du site. Celle-ci sera à l’arrêt pendant près de deux mois cet été face à la mévente des 500 électriques.

La 500 dite « Torino » — en hommage à son lieu de naissance — sera commercialisée avec le 3-cylindres Firefly de 70 ch assisté par son alterno-démarreur. Ceci devrait contribuer à redonner un coup de fouet aux ventes de la Fiat 500. L’an dernier, l’ancienne génération présentée en 2007 par un certain Luca de Meo et ses motorisations essence ont surclassé la 500 elettrica au palmarès des ventes. Gênant.

D’autant que cette « vieille » 500 ne pouvait pas satisfaire aux exigences de la réglementation GSR-2 confirmait Olivier François, le patron français de Fiat : « Nous avons pensé : elle disparaîtra et tout le monde basculera à l’électrique. Ce n’est pas ce qui est arrivé, et encore moins en Italie ».

« Évidemment, nous y avions pensé avant », assure Olivier François, qui explique la décision par le coup de frein de la progression de l’électrique sur ce millésime. « Le scénario était que l’on aille très vite vers le VE (…) Il y avait l’idée que la progression de l’électrique serait plus rapide, que les coûts baisseraient. Et nous ne pouvions pas envisager qu’une partie des acheteurs européens reviennent en arrière sur les solutions durables. Je reste convaincu que l’avenir de la mobilité urbaine est électrique. Tous les marchés ne vont pas à la même vitesse ».

Le boss a résumé son propos : « Vous savez ce que c’est le vrai problème ? C’est que les gouvernements européens tirent dans une direction et les clients dans une autre. Nous, les constructeurs, nous sommes au milieu ».

L’Abarth 600e arrive

Sur le toit du Lingotto, le ministre mécontent, le maire de Turin, les militaires en uniforme – pour des raisons inconnues, il y en a presque toujours dans les réceptions des constructeurs italiens — ou les journalistes brandissant leur téléphone ont également découvert pendant quelques secondes la future Abarth 600e.

L’exemplaire présentait une livrée mauve, un bouclier à stries et force scorpions, symboles de la marque sportive de Fiat. Oh, et elle faisait un vrai-faux bruit de bas régime.

La chaîne de puissance sera probablement celle de la récente Alfa Romeo Junior Veloce avec ses 280 chevaux et son Torsen pour les canaliser sur le train avant. Mon collègue Soufyane Benhammouda l’a mentalement désossée pour vous, n’hésitez pas à lire son article par ici.

Une petite réflexion

« Aujourd’hui, les gens sont contents d’acheter des véhicules thermiques. Mais dans quelques années, les valeurs de revente seront au plus bas » — Olivier François

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Deux futurs modèles floutés

Les écrans géants ont diffusé pendant la conférence de presse les images de deux véhicules pixélisés s’ébrouant sur le toit du fameux Lingotto. Il s’agit des deux prochains modèles qui seront lancés par Fiat dans les 24 mois à venir.

Deux ébauches avaient été présentées en mars. La première sera un SUV à placer probablement en face du Dacia Duster. La seconde une fastback probablement proche de la Citroën C4x.

« Ils auront un design différent de la Fiat Grande Panda même s’il y aura un air de famille » confirme Olivier François. Les deux futurs modèles seront basés sur la même plateforme Smart Car que la Panda et peuvent s’adapter à l’électrique, à l’hybride (pas trop lourd) et à l’essence.

Le patron confirme le positionnement : « Je pense que ce seront des instruments valides face aux low-cost ou aux véhicules chinois. Ce sera la réponse italienne ».

Mais pas forcément made in Italy. Le boss de Fiat a refusé de confirmer le lieu de production de ces futurs modèles. Il s’est contenté de répéter que la stratégie de Fiat était d’être en mesure de fabriquer des véhicules adaptés aux besoins des différents marchés sur des plateformes « globales ».

C’est là une vieille lune. Le concept de la world car fut très à la mode dans les années 1990 et trouva une traduction concrète dans la Fiat Palio.

En 2023, la marque n° 1 du groupe Stellantis regroupait plus de 70 % de ses ventes sur trois marchés (Brésil, Italie, Turquie). L’investissement réalisé sur l’usine de Tafraoui, près d’Oran, en Algérie, traduit les ambitions de Fiat en Afrique du Nord. Et l’un de ces deux nouveaux modèles pourrait – au moins en partie – être assemblé en Algérie.

La question serbe

Ce qui nous ramène (encore une fois) à la brulante question du lieu de naissance d’une voiture. Lors de la conférence de presse, deux journalistes serbes ont pressé de questions le patron de Fiat. La Grande Panda naîtra, en effet, sur les chaînes de l’usine de Kragujevac, quatrième ville du pays.

Ce site – qui assembla dans les derniers jours de la Yougoslavie l’intéressante Yugo Florida – est à l’arrêt depuis la fin de la production de le la Fiat 500L.

Les premiers exemplaires de la Grande Panda seront lancés : « en toute fin d’année ».