Renault a remis au goût du jour son slogan des voitures à vivre… tout en proposant des autos moins astucieuses et modulables.

Il y a quelques jours, une petite Hyundai m’a tapé dans l’oeil. L’Inster est une citadine électrique qui pourrait bien être un succès surprise en 2025, si les prix restent contenus. Un argument qui s’ajouterait alors à la bouille sympathique, à l’équipement digne des catégories supérieures et à l’autonomie généreuse (300 ou 355 km selon les versions) en rapport du format (3,82 mètres).

Mais ce que j’ai retenu de sa première présentation, c’est son côté astucieux. L’Inster est dotée d’une banquette coulissante, qui permet de favoriser aux choix l’espace pour les jambes des passagers arrière ou le coffre. Cette banquette se replie en formant un plancher plat, et il est possible de replier le siège passager pour transporter des objets longs.

Autant d’aménagements que je n’ai pas vu avec la nouvelle R5, qui voit débarquer là une coréenne ambitieuse. Si je n’ai pas encore pu monter à bord de l’Inster, et dois donc être prudent sur son sens de l’accueil, j’ai pu approcher la R5. Je ne suis pas très grand, et pourtant je me suis senti à l’étroit à l’arrière. Je n’attendais certes pas de miracle dans un véhicule de 3,92 mètres de long. Mais il m’est apparu fâcheux que Renault n’ait déjà tout simplement pas mieux dessiné les sièges avant pour pouvoir y glisser plus facilement le bout des pieds et ainsi gagner quelques centimètres…

Côté coffre, si le volume est bon, il faut faire avec un seuil haut perché et la banquette forme une grosse marche une fois repliée. Et impossible de rabattre le siège passager. C’était pourtant possible dans la dernière Twingo ! Si la R5 soigne son look, ses technos ou encore sa base technique, côté pratique, le bât blesse. Peut-être est-ce pour laisser cet argument à son futur dérivé SUV, qui sera un revival de la 4L ? On n’en est pas vraiment sûr quand on voit le nouveau Scénic.

La pub le dit, Renault a tout changé, sauf le nom. Le Scénic est maintenant un SUV compact 100 % électrique. Et dans sa transformation, le modèle a laissé au bord de la route tout le côté pratique qui faisait de lui… le Scénic.

Or à l’évocation de ce nom, la clientèle attend assurément un véhicule astucieux. Elle doit maintenant faire avec une auto dotée d’une simple banquette, accueillante pour deux, mais pas vraiment pour trois, et qui n’est pas capable de se cacher dans le plancher une fois rabattue. La présence d’une grosse batterie pour avoir une belle autonomie impose des sacrifices ? Des concurrentes électriques y arrivent…

Renault présente pourtant bien le Scénic comme une voiture familiale. Familiale, mais pas trop, car lors de la présentation de l’engin, j’ai entendu un curieux discours décrivant un Scénic plus taillé pour des parents avec deux ados que pour des parents avec trois jeunes enfants.

Dommage pour un Scénic donc, et plus globalement pour une Renault. Car une Renault, c’est une voiture à vivre ! Une image du passé ? Que nenni. Dans le grand recyclage opéré par le Losange pour sa relance, on nous ressort donc les vieux modèles comme la R5, mais aussi les vieux slogans, dont celui de la voiture à vivre. Le Captur restylé a été présenté comme “la voiture à vivre du segment B”, le Symbioz comme “la nouvelle ère de la voiture à vivre familiale”.

Ces derniers font mieux que le Scénic, mais se limitent tout de même au service minimum : banquette coulissante, plancher quasi plat en mode cargo. Les trois sièges individuels, c’est de l’histoire ancienne. Et même les petites astuces appréciables se font rares. Oubliez donc les tablettes au dos des sièges, les rideaux pare-soleil dans les portes, les rangements cachés du sol au plafond, la lunette qui s’ouvre indépendamment semble appartenir à un autre siècle…

L’ère de la voiture à vivre allait de pair avec l’ère du monospace. Renault a bien sûr été le grand spécialiste du monospace. Chez le Losange, la voiture familiale a connu son âge d’or avec les premiers Espace puis Scénic. Le genre est passé de mode, il a tenté de faire un peu de résistance dans la gamme du constructeur français, avec d’ultimes générations au look plus sexy.

C’était bien de soigner la silhouette, mais nettement moins d’avoir pensé que cela pouvait s’accompagner d’économies sur l’aménagement intérieur. Le précédent Scénic avait déjà osé abandonner les trois sièges individuels au profit d’une banquette, certes qui donnait l’illusion de places indépendantes. Quel intérêt pouvait-il donc avoir si sa modularité n’était pas plus intéressante que celle d’un SUV ? Forcément, la courbe des ventes ne pouvait que plonger plus vite encore.

Le monospace étant has been, les appellations Scénic et Espace désignent maintenant des SUV. Une évolution logique, compréhensible : les noms sont populaires, autant les conserver. Mais pourquoi ne pas avoir su associer le style baroudeur à la mode avec le vrai sens de l’accueil de leurs ancêtres ? Dans un marché de plus en plus concurrentiel, le savoir-faire de Renault en la matière pourrait l’aider à faire une différence.