Plus léger et plus efficace que les ventilateurs de refroidissement classiques, celui que Mahle va présenter à Hanovre en septembre prochain a été conçu avec l’aide de l’intelligence artificielle en s’inspirant des ailes du hibou.
Chasseur silencieux
Au départ, la recherche d’un ventilateur plus silencieux et performant ciblait les véhicules utilitaires et camions électriques à batterie et/ou à pile hydrogène. Une fois le programme bien avancé, il a été décidé d’inclure également les voitures particulières. Mahle évoque un système « bionique ».
Qu’est-ce que cela signifie ? Il s’agit d’imiter le monde du vivant pour le fonctionnement d’un dispositif électronique. Et c’est bien cela qui a été à l’œuvre pour l’innovation de l’équipementier allemand. Le hibou a inspiré les ingénieurs. Réputé pour être l’un des oiseaux les plus silencieux au monde, ses ailes ont été étudiées pour réaliser les pales du nouveau ventilateur.
« A l’aide de l’IA, nous avons analysé les caractéristiques des chauves-souris, des espadons et de nombreuses autres inspirations de la nature. Nous avons finalement choisi le hibou, le chasseur silencieux, comme modèle principal de notre nouveau ventilateur », a expliqué Uli Christian Blessing, responsable du développement de la gestion thermique chez Mahle.
Diviser par deux le niveau sonore
Concrètement, le dessin des pales est une interprétation du plumage du hibou, ce qui donne presque une forme de vague pour mieux fendre l’air avec un crantage à l’arrière pour l’évacuer plus silencieusement en minimisant les turbulences sonores. Sur un ventilateur de refroidissement tournant à pleine puissance dans un camion électrique, le gain peut aller jusqu’à 4 dB(A).
Au niveau du perçu, ça équivaut à diviser par deux le niveau sonore. « On peut imaginer la puissance de réduction du bruit de notre ventilateur comme celle de la désactivation d’un des haut-parleurs d’une chaîne stéréo », a comparé Uli Christian Blessing.
De jour et dans un trafic dense de véhicules essence et diesel, difficile de percevoir la différence. Mais de nuit, les riverains à proximité des bornes de recharge pourraient y gagner en tranquillité. Cerise sur le gâteau, le dispositif est aussi 10 % plus efficace et autant plus léger. Voiture particulière ou camion à fort tonnage, c’est le même ventilateur qui sera embarqué, mais avec une puissance de fonctionnement différente, entre 0,3 et 35 kW.
Présenté au sein d’un ensemble systémique
Le coffrage et le support du ventilateur ont également été développés selon des principes bioniques. L’ensemble est déjà testé par des constructeurs de voitures et de camions électriques. Il sera présenté à Hanovre (Allemagne) du 17 au 22 septembre prochains, aux visiteurs du salon du transport et de la mobilité IAA Transportation (Hall 12, partie dédiée à la diversité technologique).
L’équipementier mettra en scène cette innovation dans un ensemble de démonstrateurs symbolisant l’approche systémique de Mahle pour un camion électrique à PAC H2. Il y aura donc aussi sur place une pile à combustible fonctionnelle, ses périphériques, son système de gestion thermique comprenant le fameux ventilateur, et un essieu à deux moteurs SCT (Superior Continuous Torque) pour une puissance totale de 520 kW.
À lire aussi La voiture électrique, royaume de l’innovation inutile ?Le temps que je rédige le présent article sont passés devant mes fenêtres ouvertes des motos de trial et des voitures à grosses cylindrées en pleine accélération, des quadricycles diesel, et, bien plus lentement, une balayeuse municipale au souffle permanent accompagnant un agent d’entretien équipé d’un infernal souffleur.
J’ajoute à cela qu’il y a actuellement des travaux dans les maisons mitoyennes de chaque côté à la mienne avec des outils électroportatifs bien sonores parfois. Là, je me suis dit que ce sont tous ces engins et ces appareils dont il faudrait réduire en priorité de moitié les nuisances sonores.
Ce qui ne gomme pas l’intéressante performance de Mahle. C’est sympa de trouver dans la nature de quoi améliorer des systèmes déjà existants. S’aider de l’IA, pourquoi pas.
Il ne faudrait cependant pas que l’adoption de ces dispositifs contribue à laisser financièrement inaccessible les véhicules électriques dont on promet toujours de meilleurs tarifs pour demain.
