La Xiaomi SU7 de Cédric

Pékin a réagi à la décision de l’Union européenne au sujet de l’augmentation des droits de douane sur les voitures électriques en provenance de Chine. Le gouvernement du pays espère que l’Europe fera marche arrière et appelle à un compromis.

L’Europe montre les muscles

La décision est tombée : les voitures électriques en provenance de Chine se verront désormais imposées entre 27 % et 48 % de droits de douane. Contre seulement 10 % aujourd’hui. La taxe sera plus ou moins élevée pour les industriels capables de prouver qu’ils reçoivent moins de soutiens publics. Pour le moment BYD et Geely jouent le jeu. En revanche, SAIC, le groupe qui commercialise en Europe la marque MG, refuse les discussions.

La nouvelle réglementation de l’Union européenne prendra effet à partir du 4 juillet. Pékin n’a pas tardé à réagir. À travers Xinhua, l’organe de presse officiel de l’exécutif, le gouvernement du pays a fait savoir qu’il « espère que l’Union européenne reconsidérera les droits de douane sur les véhicules électriques chinois et cessera d’aller dans la mauvaise direction pour protéger son industrie automobile de la concurrence ».

La réaction de la Chine et des autres parties prenantes au conflit, y compris les constructeurs automobiles européens (et chinois), montre une opposition claire à la décision de l’Union européenne et une volonté de désamorcer la situation. Les industriels veulent croire qu’il est encore possible de conclure un accord afin d’éviter des taxes démesurées pour les constructeurs automobiles.

Pékin veut désamorcer la situation sur les voitures électriques

Pékin aimerait engager des discussions pour trouver un compromis. Dans sa déclaration officielle, le gouvernement du pays précise que « compte tenu de leur structure économique et de leur taille, la Chine et l’Union européenne ont tout intérêt à faire équipe sur les grandes questions économiques et commerciales ». La Chine affirme que les droits de douane risquent de ralentir l’adoption des voitures électriques.

De quoi mettre en péril les objectifs mondiaux qui visent à lutter contre le dérèglement climatique. L’enquête menée par la Commission européenne doit se terminer le 2 novembre. C’est à ce moment-là que l’Union européenne se prononcera sur des droits de douane définitifs. Si les constructeurs chinois sont évidemment opposés à cette mesure, ils s’attendaient à pire, comme aux États-Unis.

Les actions de certaines marques ont même grimpé. Selon Joe Mazur, analyste au cabinet de recherche Trivium China, estime que « ce n’est en aucun cas un coup de grâce pour l’industrie chinoise des voitures électriques en Europe ». Les firmes chinoises pratiquent des prix plus élevés à l’exportation que sur leur marché national. Ils ont donc une marge de manœuvre, malgré l’augmenation des droits de douane.

Les constructeurs automobiles sont inquiets

Les constructeurs automobiles européens, BMW, Volkswagen, Stellantis ou encore Mercedes, ont publiquement fait connaître leur opposition au texte. Les entreprises allemandes dépendent fortement de la Chine et craignent des représailles de la part de Pékin. Mais il y a aussi un autre cas de figure : plusieurs constructeurs occidentaux fabriquent leurs modèles électriques en Chine. Des voitures destinées au marché européen.

Les actions de BMW, Volkswagen et Mercedes ont chuté le 12 juin en raison des potentielles représailles chinoises. Pékin envisage effectivement de réagir aux mesures protectionnistes prises par l’Union. Le gouvernement chinois pourrait s’attaquer aux « berlines et SUV équipés de moteurs ayant une cylindrée supérieure à 2,5 litres » et fabriqués en dehors de la Chine.

Toutes motorisations confondues, Volkswagen a livré 3 236 100 automobiles en Chine en 2023. C’est aujourd’hui un marché équivalent à l’Europe pour la marque allemande. Chez BMW, les ventes en Chine représentent 32 % du volume total (soit environ 825 000 unités). De son côté, Mercedes a écoulé 737 200 modèles dans le pays au cours de l’année passée.

Maintenant que l’Europe a montré les muscles, il va être temps de s’asseoir autour d’une table pour discuter afin de trouver un compromis. Si ce n’est pas le cas, les constructeurs automobiles européens pourraient se retrouver dans une situation particulièrement délicate. Il y a un risque pour les marques historiques de perdre le leadership acquis au cours du siècle dernier à travers le monde.