La suite de votre contenu après cette annonce
Après un rendrez-vous manqué en 2021, le salon de de Tokyo est de retour avec un nouveau nom qui marque un tournant dans l’histoire de l’événement. On y était, et voici nos impressions.
A ne pas confondre avec le Tokyo Auto Salon, grande messe s’il en est de la personnalisation automobile, le salon automobile de Tokyo est plus raisonnable. Depuis 1954, il permet au public japonais de découvrir les dernières nouveautés et innovations des constructeurs locaux, mais aussi les différentes expressions du futur. Perdant de sa superbe au fil des années, le poussant à déménager entre les murs bétonnés du Tokyo Big Sight, il n’en était pas moins un rendez-vous toujours important dans le monde de l’automobile.
Mais voilà, malgré sa tenue toutes les années impaires, le salon n’a pas échappé aux dégâts causés par la pandémie : en 2021, Akio Toyoda, le président de l’organisation et accessoirement de la marque Toyota, a annoncé l’annulation du salon. Une première dans l’existence du rendez-vous, comme pour beaucoup d’autres à vrai dire. Une triste nouvelle après une édition 2019 relativement réjouissante, avec plus de 1,3 million d’entrées, contre seulement 771 000 visiteurs en 2017. Serait-ce le thème Open Futur, ouvrant une fenêtre sur la mobilité de demain, qui aurait séduit les spectateurs ? C’est probable.
À lire aussiLe Jamais Content – Nissan, le pionnier de l’électrique bientôt bon dernier ?Et c’est aussi ce qui aurait motivé la nouvelle orientation du rendez-vous. Après quatre ans d’absence, l’évènement s’inscrit dans la mouvance actuelle et devient pour la première fois le Tokyo Mobility Show. Un nom évocateur, écartant ainsi toute notion évoquant de près ou de loin les -belles- mécaniques japonaises. Serait-ce la bonne trajectoire pour s’assurer un avenir et continuer à faire rêver les prochaine génération ? Voyons ça.
Si la ville où se tient ce salon compte parmi les plus grandes et impressionnantes mégalopoles à travers le monde, le Tokyo Mobility Show est très étonnamment étriqué. C’est vrai en tout cas pour la partie auto, celle qui intéresse tout naturellement les visiteurs d’un salon automobile. C’est ici que l’on retrouve tous les grands constructeurs locaux, qui se partagent très majoritairement l’espace avec des stands gigantesques, mais tout de même moins impressionnants que par le passé.
Au contraire, la sobriété est même étonnante sur ces stands où l’architecture est similaire : aux fosses qui accueilleront les modèles du catalogue quand les journalistes auront laissé leur place, s’ajoutent des estrades où trônent les concepts devant des panneaux lumineux. Ni plus, ni moins. Certes les structures sont travaillées, mais il n’est plus question de mettre sur pied des mini bâtiments comme aux grandes heures des salons. Dès lors, il n’est pas surprenant de voir le plancher des stands vides de nouveautés automobiles, puisque les constructeurs n’ont plus rien à présenter de concret.
Sauf chez les fabricants étrangers, aussi rares que petits face aux ogres japonais. BMW et Mercedes, pourtant habitués au gigantisme dans les salons, ne présentent que deux petits stands avec quelques modèles récents (EQS, i5, iX2, …) et un concept chacun (BMW Neue Klasse et Mercedes EQG). En revanche, le géant BYD n’a peur de rien. Venu de Chine, le constructeur s’est offert une place qui n’a rien à envier à un constructeur japonais pour y présenter sa plateforme technique, mais aussi ses dernières nouveautés à l’image de la BYD Seal qui fait son premier bain de foule au Japon. Une stratégie surprenante d’optimisme, dans un pays où la voiture électrique peine sérieusement à se faire une place !
Pourtant, les constructeurs nationaux se sont tous penchés sur leur futur en présentant un nombre impressionnant de concept-cars, équipés de motorisations électriques ou carburant à l’hydrogène : les spectateurs pourront s’émerveiller devant plus de trente études de style, contre, ce qui était pourtant déjà remarquable à l’époque, une vingtaine en 2019 ! Et il y en a pour tous les goûts, avec tout de même un forte orientation sur la mobilité urbaine et sur la sportivité. Bien qu’orientés vers le futur, les constructeurs n’oublient pas ce qui anime les passionnés. Parmi ces deux grandes lignes l’on retrouve aussi deux types d’études du style, avec celles qui pourraient rapidement voir le jour en série, et les autres, complètement déconnectées de la réalité.
Dans ce dernier cas, nous nous souviendrons pour toujours de la surprise de Subaru. En pleine conférence de presse, après avoir dévoilé le Sport Mobility Concept, la marque japonaise a érigé le Subaru Air Mobility Concept. Une vision perchée sur d’impressionnants vérins pour présenter le futur très lointain de la mobilité, qui se ferait à bord d’un drone personnel ! Dans un même thème futuriste, Nissan avait prévu un incroyable parterre de concepts sur ses terres, avec les Hyper Tourer et Hyper Punk, mais aussi avec la surprise ultime : le Hyper Force Concept. Reprenant les codes, certes revisités, des Super Silhouette, sinon des Shakotan, cette GT-R dystopique présentait aussi des caractéristiques impressionnantes : sa batterie solide capable de produire 1 000 kW marque un peu plus les investissement de Nissan dans cette technologie.
Moins extravagants mais pas forcément plus proches de la réalité, la brochette d’idées de Toyota avait aussi de quoi impressionner, avec plus d’une dizaine de concepts de tous horizons, en comptant aussi les deux projets de Lexus présentés dans le hall opposé. De quoi douter sur les éventuelles concrétisations futures, même si le groupe japonais a déjà envoyé sur la route quelques modèles issus de son plan Beyond Zéro. Affaire à suivre.
Outre ces visions plutôt surréalistes, les constructeurs japonais ont aussi présenté des idées proches de la réalité, à tout le moins prêtes à voir le jour tant sur la forme que sur le fond. Certes, les craquantes Daihatsu Me:MO Concept, Honda CI-MEV ou Suzuki eWX devront être fortement revues pour satisfaire les contraintes industrielles, financières et légales. Mais les Honda Sustania-C, Toyota Global ProAce BEV Concept ou Mazda Iconic SP Concept pourraient rapidement être mis à la route.
À lire aussiLe Jamais Content n’a rien compris au salon de l’auto de MunichA ce sujet, cette dernière étude de style apparaît sans doute comme le plus beau concept-car du salon. Epuré et galbé, il remet au goût du jour le style de la Mazda RX7 en préfigurant un éventuel coupé sportif, ou un cabriolet dans la veine du MX5. Dommage, sa motorisation ne fait plus rêver. Car si l’annonce du birotor a de quoi dresser les poils de n’importe quel passionné, la chaîne de traction reprend ici le principe de fonctionnement du Mazda MX-30. Et on se rappellera que celle-ci ne nous a pas laissé un agréable souvenir, tant en agrément qu’en matière de consommation. Bref, voilà un concept à concrétiser d’urgence avec une motorisation 100 % électrique.
Mais comme toujours, les fabricants japonais sont prudents en la matière. Ainsi, si les discours des grands patrons promettaient un avenir durable, avec des plans produits aussi luxuriant qu’un jardin japonais, la retenue était de mise. Preuve en est avec les informations techniques qui brillent par leur absence ! Vous voulez connaître les caractéristiques du Toyota FT-Se ? Il faudra patienter. Vous voulez connaître la stratégie industrielle de Nissan concernant les batteries solides annoncées par le Hyper Force Concept ? Il ne faut pas pousser le bouchon trop loin.
Et si Mazda se montre assez complète avec son concept (puissance, moteur et type de carburant utilisé), la marque ne va pas plus loin lorsque vous avez besoin d’en savoir plus sur les spécificités techniques du système. Ainsi, il est inutile d’espérer des détails, pourtant simples, sur les capacités des batteries, les types et puissances de recharge, ou les éventuelles valeurs d’autonomies, tous inscrits au cahier des charges des modèles les plus proches de la série. Dans tous les cas, les équipes japonaises se montrent bien trop prudentes sur les annonces. Un paradoxe face à ce festival de concept-car.
En karaté, le Ippon Kumite permet au pratiquant de développer ses compétences et techniques de combat. Tori, l’assaillant, doit alors prendre la position Zenkutsu-dachi. C’est à ce moment précis qu’il annonce à Uke, le défenseur, la technique de combat utilisée. Voilà très précisément la position dans laquelle se trouvent l’ensemble des fabricants japonais pour cette première édition du Tokyo Mobility Show : sur les planchers surélevés, les concepts annoncent les prochains plans d’attaque, avec une offensive hypothétiquement soutenue dans le segment des véhicules électriques.
Toutefois, si les constructeurs jouent la carte de la prudence pour ne pas s’engager, leur festival de concept cars est suffisamment important pour faire naître chez les passionnés des attentes. Comme dans un Kumite, l’attaque devra être menée avec plus de conviction possible, et avec un réel souci d’efficacité. Si certains fabricants semblent sur la bonne voie, d’autres ne devraient même pas pouvoir prononcer le kiai qui signe la concrétisation de l’attaque.
Pour le moment, la tendance est au rêve pour cet événement qui redémarre après une triste période. Mieux structuré que le salon de Munich et franchement plus attrayant que le Mondial de l’Auto complètement raté, le rendez-vous japonais est une fenêtre sur le fantasmé parc roulant (mais pas que) de demain. Car mieux que jamais, cette édition veut mettre des paillettes dans les yeux des visiteurs, et nourrir l’espoir que la passion automobile ne succombera pas. Car c’est bien là ce que recherche principalement le spectateur d’un salon automobile, surtout japonais, qui s’attend davantage à en prendre plein les mirettes, plutôt que de repartir avec des garanties. Une belle édition donc, qui laisse sur leur faim les boulimiques de détails techniques dont nous faisons partie, mais qui ne laissera pas indifférent les passionnés toutes générations confondues.
La suite de votre contenu après cette annonce
Notre Newsletter
Faites le plein d'infos, pas d'essence !
S'inscrire gratuitement