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Au cours des dernières années, la mobilité n’a eu de cesse d’évoluer. Transports en commun, électrification des automobiles, taxis autonomes… Dans cette jungle urbaine, les microcars électriques apparaissent aussi comme une alternative intéressante. Nous avons discuté avec Rémy Dumont, DG de Microlino France. Il nous fait part de sa vision de la ville de demain.
Longtemps considérés comme des véhicules de niche, associés aux personnes âgées ou aux jeunes conducteurs n’ayant pas le permis de conduire, les voitures sans permis (ou microcars) connaissent un nouvel essor. À l’heure où les villes cherchent des solutions plus durables pour transformer la mobilité, et où les campagnes souffrent d’un manque de transport, leur potentiel mérite une réflexion approfondie.
La densification des populations va obliger les grandes métropoles à repenser la mobilité. Des restrictions de circulation de plus en plus strictes vont être prises lors des prochaines années. La priorité sera donnée aux moyens de transport les moins polluants, et peut-être aussi les moins encombrants. Les microcars électriques vont très probablement avoir un rôle à jouer dans cette transformation.
De plus en plus de constructeurs se lancent à l’assaut de ce nouveau marché. Si Renault n’a pas réussi à imposer sa Twizy, Citroën a transformé l’image des voitures sans permis grâce à l’Ami. Face à ce succès, d’autres marques cherchent à se positionner. Fiat a lancé la Topolino (une Ami rebadgée), Nissan propose la Silence S04 Nanocar. La Microlino a également fait son apparition en 2023.
Ce modèle est une réincarnation électrique de la BMW Isetta des années 1950. Elle fait partie des véhicules les plus aboutis dans sa catégorie. Mais figure aussi parmi les plus onéreux. Il faut toutefois distinguer les deux modèles disponibles. Il y a la L6e, une petite électrique sans permis dont la vitesse est limitée à 45 km/h. Et la L7e, un quadricycle lourd (qui nécessite un permis B) capable d’atteindre jusqu’à 90 km/h.
Contrairement aux électriques sans permis, la Microlino L7e est une vraie alternative à la voiture. Elle peut parcourir 230 km sur une seule charge et offre donc une certaine polyvalence par rapport à ses concurrentes. Lancée il y a un an en France, la voiture a déjà séduit de premiers clients. Mais « pas autant qu’espéré », selon Rémy Dumont, à la tête de l’entreprise suisse pour le marché français.
Sur un marché estimé à 25 000 unités par an en France, la marque souhaite être en capacité d’écouler « 3 000 à 5 000 exemplaires d’ici à 2026 ». C’est ambitieux. Pour y parvenir, M. Dumont nous faire part de sa stratégie : « notre objectif est le maillage du territoire français ». Pour le moment, il n’existe qu’une dizaine de revendeurs. Ils se situent principalement dans l’est de la France.
Mais si les microcars sont de retour depuis quelques années, ce n’est pas grâce à Microlino. Le patron de la marque pour la France avoue volontiers que « la Citroën a eu un effet impressionnant sur l’image des voitures sans permis ». Selon lui, l’arrivée du petit modèle électrique a « fait beaucoup de bien à la catégorie ». Citroën a même fait doubler le nombre d’immatriculations durant les dernières années.
Rémy Dumont estime qu’avec l’Ami, la marque aux chevrons a réussi « à toucher une nouvelle clientèle : les 14-18 ans ». Cela a permis de « transformer l’image de la voiture sans permis en la rendant cool ». Mais Microlino pense avoir une carte à jouer. Sur le marché du quadricycle lourd — ces véhicules qui nécessitent un permis de conduire standard —, « aucun acteur n’a percé à ce jour », précise le patron de Microlino France.
La question est de savoir si la Microlino L7e peut remplacer une classique. M. Dumont assure que « c’est ce qu’il se passe chez nos clients ». Et dans certains cas, le quadricycle devient même « la première voiture ». Le patron de la marque suisse précise que « la plupart des trajets sont courts et ne nécessitent pas de transporter beaucoup de passagers ». La Microlino peut donc répondre à cet usage.
« Tout l’enjeu, c’est d’arriver à positionner notre produit, pour montrer qu’il peut répondre aux usages réels, en mettant en avant les avantages par rapport aux voitures classiques : l’empreinte écologique est, par exemple, divisée par trois par rapport à une voiture électrique, car une microcar nécessite moins de ressources ». Les microcars peuvent effectivement répondre aux usages des urbains, comme des ruraux.
Quand on lui demande de nous décrire comment il imagine la ville de demain, Rémy Dumont commence sur le champ par nous dire qu’il pense que « les voitures, comme nous les connaissons aujourd’hui, n’auront bientôt plus leur place dans l’hyper centre-ville ». Il imagine des zones piétonnes, où les transports en commun vont se développer. Mais alors, quelle place pour les microcars dans tout ça ?
Selon lui, la Microlino est en revanche parfaitement adaptée pour des déplacements de 10 à 20 km. Les voitures électriques sans permis pourraient donc servir pour les trajets péri-urbains. Même chose dans les zones rurales où les voies sont la plupart du temps limitées à 70 ou 90 km/h. « On a donc pas besoin d’un véhicule qui va plus vite. La Microlino peut répondre aux usages des personnes qui habitent à la campagne ».
À lire aussiTesla Cybercab : voici tout ce qu’il faut retenir de la présentation officielle du taxi électrique autonomeIl précise que « les grosses voitures doivent devenir des voitures partagées. Et non l’inverse ». M. Dumont pense que les villes vont devoir s’adapter aux nouveaux usages des citadins en créant des « voies partagés entre les vélos et les mobilités douces ». Avant de préciser que « nous sommes de plus en plus nombreux et même si cela paraît paradoxal, je pense qu’il faut réduire la taille des véhicules ».
Sans oublier les bienfaits du silence : « ça change tout de ne plus avoir de bruits de moteur. Dans la ville du futur, on va vouloir des villes plus apaisées. Ça passe par l’électrique, évidemment ». Plutôt optimiste sur l’avenir de la mobilité, sa conclusion est la suivante : « l’électrification est en marche, mais l’étape suivante est de réduire la masse pour tripler les avantages de l’électrique ».
Convaincu par le potentiel des voitures électriques sans permis, Mikaël Fernandes, ancien cadre chez Aramis Auto et Go2Roues, a même décidé de lancer une plateforme dédiée. Depuis quelques semaines, il est possible de trouver différents modèles sur le site VoltandGo. Comme le patron de Microlino, il est persuadé qu’il est possible de « démocratiser les quadricycles électriques auprès d’un public large ».
Si les voitures électriques sans permis semblent avoir un avenir prometteur, elles doivent toutefois relever plusieurs défis pour devenir une véritable alternative de mobilité à grande échelle. Le premier enjeu est celui de la sécurité. Une question fréquemment soulevée par les automobilistes. En cas d’accident, les voitures sans permis sont souvent perçues comme plus vulnérables que les véhicules classiques.
Enfin, même si c’est déjà le cas, la perception sociale de ces petites voitures doit continuer d’évoluer. L’image associée aux microcars est encore parfois négative. Elles sont perçues comme un choix par défaut plutôt que comme une nouvelle solution de mobilité. Mais de jolis modèles comme la Microlino ou la Fiat Topolino pourraient bien contribuer à améliorer leur réputation et attirer encore une nouvelle clientèle.
À lire aussiEst-ce la fin de la voiture individuelle ?De leur côté, les constructeurs ont compris l’intérêt croissant pour ces véhicules et travaillent à proposer de nouveaux modèles. Dans la ville de demain, où la voiture individuelle sera de moins en moins présente, les microcars devraient donc jouer un rôle clé. Aux côtés des taxis autonomes, des transports en commun et des triporteurs, elles auront certainement leur place pour répondre aux nouveaux enjeux.
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