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Plébiscité par ses clients particuliers et professionnels qui cherchent à réduire leur empreinte environnementale, Le Fourgon exploite au niveau national 110 Peugeot e-Expert. Ils servent à livrer ses produits, dont les boissons conditionnées en bouteilles de verre consignées. Le site de Rennes a accepté tout de suite de nous ouvrir les portes de son entrepôt et nous a proposé d’accompagner un chauffeur dans sa tournée. Nous avons pu rencontrer les clients.
Un projet d’article naît parfois à la suite d’une simple anecdote. Pour exemple, celui-ci qui puise son origine dans un commentaire déposé par un de nos lecteurs réguliers. Il évoquait le non-sens écologique à consommer de l’eau en bouteille plastique. Je me suis alors demandé si, dans mon secteur, il existait un moyen d’accéder à un conditionnement en verre. Je suis alors tombé sur Le Fourgon en surfant sur Internet.
En Alsace, cette entreprise a pour concurrent YSE qui avait reçu Inès Ladjal en juin dernier. Responsable de l’entrepôt de Rennes et de la région ouest pour Le Fourgon, Rémy Hamon connaît bien les autres sociétés qui ont une activité proche : « Il y a aussi Drink Dong et, en région parisienne, La Tournée ». Il sait aussi que l’entreprise, pour laquelle il travaille, innove et a le vent en poupe : « Au niveau national, Le Fourgon récupère de l’ordre de 1,2 million de contenants en verre par mois. À Rennes, nous avons repris 45 000 bocaux et bouteilles en octobre dernier ».
Le maillage devrait se poursuivre en 2025 : « Dix-huit sites sont déjà en service en France, dont Rennes, Nantes, Angers, Bordeaux et Toulouse pour la région ouest. Si la levée de fonds se passe bien, nous devrions avoir de nouvelles ouvertures en 2025. En France, 320 personnes travaillent chez Le Fourgon. Désormais, à Rennes, nous sommes 10, dont un étudiant en alternance. Les autres sont salariés en CDI 35 heures, et pas en freelance comme ça se peut se pratiquer ailleurs ».
Le Fourgon a démarré son activité assez récemment : « Ça a commencé à Lille en avril 2021 sous l’impulsion de Charles, Maxime et Stéphane, trois papas trentenaires voulant pour leurs enfants et les générations futures une planète plus propre. Avec une volonté de réduire les déchets par l’emploi de conditionnements consignés, Le Fourgon a commencé avec 200 produits ».
C’est en mai 2022 que l’établissement de Rennes a été inauguré : « Notre offre compte 650 références. Chaque site diffuse des produits issus du catalogue national et d’autres plus locaux. Ce qui fait qu’aujourd’hui Le Fourgon distribue en France 5 000 produits de 10 familles. En plus des boissons, on trouve de l’épicerie sucrée et salée, comme des compotes et confitures, des céréales, des pâtes, du riz, de la farine, du sucre ».
Les catalogues ne s’arrêtent plus à l’alimentaire : « Une gamme complète pour le soin du corps a été créée, avec une dizaine de marques en savons, shampoings, etc. Une autre propose des produits d’entretien pour la maison, par exemple, des lessives, des détachants, et bien d’autres références. Il ne manquerait que le frais. Un jour, peut-être ! Mais sa distribution n’est pas compatible aujourd’hui avec les fourgons électriques du fait du poids de l’aménagement nécessaire et de l’impact qu’il aurait sur l’autonomie de nos fourgons électriques ».
Au début de la présente année 2024, l’ONG Transport & Environment (T&E) pointait dans une enquête les retards observés dans l’application de la loi Lom en matière de verdissement des flottes. Ainsi, 60 % des 3 447 entreprises qui exploitent en France plus de 100 véhicules légers ne respectaient pas le quota minimal, décidant le député Damien Adam à monter au créneau. Le Fourgon, en revanche, est un exemple de vertu dans le domaine. L’entreprise exploite en France 110 fourgons, tous des Peugeot e-Expert.
« Nous restons en veille sur ce que proposent les autres constructeurs. À Rennes, la flotte est bien sûr entièrement électrique, avec aujourd’hui 5 utilitaires, après avoir démarré l’activité avec deux, puis 3, puis 4 puis 5. À Lille, ils en sont déjà à 14 fourgons. En fonction de leurs besoins, les sites ont aussi un ou deux chariots de manutention électriques, tous des Toyota. Nous avons aussi un commercial qui couvre les secteurs de Rennes, Nantes et Angers avec une Peugeot e-208 qu’il trouve très agréable à conduire », recense Rémy Hamon.
Et pour la recharge ? « Nous avons 6 points de charge à Rennes, mais nous ne pouvions brancher simultanément la nuit que 4 fourgons. Ce qui va très prochainement changer, car nous passons au tarif jaune pour le raccordement électrique, avec une puissance de 96 kW. Ici, nous avons des bornes e-Totem qui seront bientôt remplacées dans le cadre d’un contrat avec TotalEnergies. Le site de Lille a commencé avec du matériel DBT ».
Les conducteurs ont déjà remarqué une chute du rayon d’action avec les kilomètres accumulés : « Quand les fourgons sont neufs, l’autonomie est de l’ordre de 320 km. Sur notre Peugeot e-Expert qui a déjà 88 000 km, elle n’est plus que de 270 km. A Lille, le plus kilométré affiche 130 000 au compteur. Nous organisons notre service autour de cette autonomie. En général, chaque utilitaire effectue quatre tournées par jour, six jours par semaine, dans un rayon de 30 km autour de l’entrepôt ».
A ce jour, l’entreprise n’a jamais constaté de défaillance de batteries : « Mais nous connaissons deux problèmes récurrents. Ainsi le socle du connecteur de recharge qui s’enfonce dans l’habitacle, et des pannes de chargeur. En plus de dysfonctionnements classiques indépendants de la motorisation électrique, comme les capteurs de recul ».
Les conducteurs rattachés au site de Rennes n’effectuent pas de recharge à l’extérieur : « Je dis aux nouveaux entrants que l’électrique fait partie intégrante de notre logistique et qu’on ne peut pas passer chez Leclerc se dépanner avec dix litres de gazole. C’est une contrainte sans vraiment en être une, parce que ça fait partie du jeu de la logistique ».
Chaque site a cependant un badge Chargemap : « Nous avons fait ce choix pour disposer quand même d’une solution de secours. Dans les sites qui ont besoin de l’utiliser régulièrement lors des tournées plus lointaines, il peut y en avoir deux. Depuis Angers, nous allons, par exemple, au Mans. C’est là que le fourgon est branché sur une borne DC avant de quitter la ville pour revenir à la base. Pareil avec l’équipe de Nantes qui va jusqu’à Saint-Nazaire. Peut-être que, demain, nous irons à Saint-Malo depuis Rennes ».
Les clients du site de Rennes sont en grosse majorité des particuliers : « A 85 %, pour 15 % de professionnels. C’est une répartition qui perdure alors même que le chiffre d’affaires progresse. Parmi les professionnels, on trouve des traiteurs, des bars, des restaurants, mais aussi le club de foot de Noyal-sur-Vilaine pour sa buvette. Nos clients sont sensibles au zéro déchet, zéro émission et zéro contrainte ».
Pas besoin de se déplacer : « Il y a un côté Tech qui plaît, en passant la commande via une appli Web facile à utiliser. Contrairement au Drive d’un supermarché, les clients n’ont pas la démarche de devoir se déplacer. On peut les livrer à la porte de chez eux et même jusque dans leur cuisine ».
Quels sont les produits les plus vendus ? « C’est l’eau en bouteille consignée, et plus particulièrement celle de Plancoët pour le site de Rennes. Nous vendons de l’ordre de 10 000 bouteille par mois de cette eau bretonne. Il y a aussi le lait. Sur la seule région ouest, nous avons vendu 40 000 litres de lait en octobre 2024. Le Fourgon a innové en étant le premier à conditionner du lait UHT en bouteille de verre, que l’on peut donc conserver six mois avant ouverture ».
Pour cela, l’entreprise n’a pas hésité à s’impliquer : « Elle a co-investi dans une ferme en Ardèche. Depuis, elle travaille aussi avec une laiterie à Boulogne-sur-Mer. J’espère que nous en aurons une en Bretagne, près de Rennes ».
À Rennes, l’entrepôt de 900 m² abrite un espace de 200 m² dédié au tri des contenants récupérés et que Christopher, chef d’équipe du site, nous fait visiter : « Une grande partie part au lavage dans la grande usine Bout’ à Bout’ de Carquefou. En revanche les bouteilles des bières locales sont traitées à La Station pas très loin de chez nous. Les bocaux et bouteilles prennent place dans des caisses grillagées appelées palox. Dans un seul, nous pouvons mettre dedans jusqu’à 650-700 bouteilles en verre. Il en entre deux dans un fourgon électrique ».
Tom, 26 ans, est depuis un an et demi un des livreurs du site. Nous avons pu effectuer avec lui une tournée d’environ 60 km pour déposer autour de Rennes un total de six caisses auprès de quatre clients : « Auparavant, je n’avais qu’une connaissance de loin des véhicules électriques, sans avoir une opinion tranchée dessus. Maintenant, je trouve qu’ils sont une bonne alternative ».
Le premier contact avec un de ces utilitaires branchés n’avait pourtant pas été des plus agréables : « Lors de ma formation en passager et mes deux premières tournées ensuite, j’ai ressenti comme une barre au niveau du front, comme lorsque je vais dans un manège à sensation. Je pense que c’était dû à l’absence de bruit, de vibration et de secousses auxquels j’étais habitué avec un véhicule thermique. Maintenant, je trouve l’électrique très agréable ».
Tom n’a jamais connu la panne d’énergie sur son e-Expert : « C’était très limite une fois. Je suis rentré sans radio, ni chauffage, et plus d’indication sur l’afficheur. Ça nous arrive de rentrer avec pas plus de 10 km d’autonomie. Par exemple, quand nous allons jusqu’à Laval une fois par semaine en passant par la voie rapide pour effectuer une tournée en périphérie. Il ne faut pas louper une sortie ou se tromper de route ».
J’accompagne le livreur dans son deuxième circuit du mercredi 6 novembre 2024 : « Avec la première tournée, d’une longueur de 25 km, j’ai déposé 20 caisses chez 7 clients dans Rennes entre 9 h 20 et 11 h 15 ». Le planning est précis. Nous démarrons à 11 h 41 pour revenir dans 106 minutes : « Nous n’allons rencontrer que des clients particuliers. Avant, l’après-midi, nous pouvions enchaîner jusqu’à trois tournées. Maintenant, il n’y en a plus que deux, mais avec davantage de caisses et de clients à livrer à chaque fois. La première de 14 h 30 à 17 h 30, et la seconde de 18 h 30 à pas plus de 21 h 00 ».
Les caisses dans lesquelles sont rangés les produits sont identifiables grâce à des plots numérotés de couleur. Mais aussi au moyen d’un QR Code que le livreur scanne pour retrouver la commande et repérer celles à déposer. En retour, il reprend les bouteilles et bocaux : « Il n’y a pas de signature à la livraison. Les clients ne sont donc pas toujours présents. Nous suivons alors les instructions pour déposer et récupérer les caisses. Certains ajoutent parfois des contenants qui ne sont pas de chez nous. Ces bouteilles, bocaux et autres sont identifiés au retour lors de l’opération de tri ».
Les clients que je vais rencontrer ont tous choisi d’adhérer aux services du fourgon pour la même raison principale : réduire les déchets grâce aux contenants consignés. La livraison avec des utilitaires électriques n’arrive qu’après. « C’est un plus », m’a confié Manon, cliente du Fourgon depuis deux ans : « C’est un bon signal qui est envoyé. J’ai moi-même en projet de passer à l’électrique ».
Vincent, plus loin sur le circuit, a déjà une Renault Zoé : « Je l’ai depuis deux ans. Elle est assez pratique pour mes petits trajets en lien avec mon travail. Ma femme se rend au sien avec un vélo à assistance électrique ». Il est satisfait des services du Fourgon : « À l’origine, nous cherchions une entreprise avec un système de roulement concernant les conditionnements en verre. C’est très bien que Le Fourgon utilise des véhicules électriques. Et, en plus, leurs produits sont très bons. J’en ai déjà parlé à mes collègues avec lesquels je me retrouve au niveau de l’écologie ».
Depuis Betton en périphérie de Rennes, nous sommes allés à Acigné pour terminer la tournée. Nous avons été accueilli par Tania et Vincent qui ont adopté un style de vie encore plus doux pour la planète : « Dans notre démarche d’attention à l’environnement, nous ne voulons plus polluer avec des voitures et nous n’en avons plus. Nous effectuons tous nos déplacements sur deux VAE avec nos enfants. Sur le longtail de Yuba, nous pouvons prendre les trois plus jeunes avec un des parents, ou le plus grand avec un autre enfant. La livraison avec des utilitaires électriques, ça va dans le sens du durable. Le Fourgon assure un super service dont nous sommes très contents. C’est un vrai plaisir d’être de leurs clients ».
Ce n’est pas de la peinture, mais un covering qui donne de la couleur aux Peugeot e-Expert du Fourgon. Ce qui permettra de les restituer dans leur présentation blanche d’origine. Un flocage ajoute la personnalisation à l’image de l’entreprise. C’est très bien réalisé. Utiliser ces utilitaires électriques est aussi de nature à faire progresser le personnel vers la mobilité branchée.
Ainsi Rémy Hamon : « J’ai pris une Fiat 500e à titre personnel. Je l’ai reçue le mois dernier. Je n’ai pas vraiment hésité, même si j’ai regardé aussi d’autres modèles comme les Opel Corsa-e, Peugeot e-208. Chez Renault, je trouve que la Twingo n’offre pas assez d’autonomie. J’habite à 50 km d’ici et roule 30 000 km par an. Je cherchais une voiture avec 300 km d’autonomie ne me coûtant pas plus de 280 euros par mois ».
Tom aussi réfléchit à passer à l’électrique : « Le modèle qui m’intéresse, c’est le nouveau Hyundai Kona. J’ai craqué pour ses lignes. Nous avons aujourd’hui un Citroën C4 Picasso. Comme je suis assez grand et carré, je tiens à avoir une voiture un peu haute pour entrer dedans. Ce qui me freine encore, ce sont les prix élevés en neuf ».
Automobile Propre et moi-même remercions beaucoup toute la sympathique équipe du Fourgon de Rennes qui a été très ouverte et accueillante à notre projet de reportage. Ainsi Rémy Hamon pour la présentation générale de l’entreprise, Christopher pour la visite de l’entrepôt dont l’espace de tri, et Tom qui m’a aidé à rencontrer les clients.
Un grand merci également à Hanna Barbet-Cymbler de l’Agence Raoul pour m’avoir mis immédiatement en relation, à ma demande, avec Le Fourgon. Il m’apparaît important de ne pas les oublier et de signaler aussi le professionnalisme de cette entreprise.
Le reportage s’est déroulé dans les meilleures conditions possibles et l’équipe apparaît à la fois dynamique et soudée. C’est d’ailleurs ce que ressentent par ailleurs les clients dont quelques-uns de nos lecteurs font partie ou le deviendront. En ce qui me concerne, ce sera chose faite quand la couverture gagnera quelques kilomètres jusqu’à la commune où je suis.
Afin de ne pas décourager nos lecteurs de témoigner dans le futur, tout commentaire désobligeant à l’encontre de nos interviewés, de leur vie, de leurs choix, et/ou de leurs idées sera supprimé. Merci de votre compréhension.
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