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L’Autorité de la concurrence a rendu son avis sur le marché de la recharge des voitures électriques. Elle formule plusieurs recommandations, notamment pour mieux informer les conducteurs sur les prix.
Début 2023, l’Autorité de la concurrence s’était auto-saisie pour examiner « le fonctionnement concurrentiel des infrastructures de recharge pour véhicules électriques« .
Ce marché de la recharge est encore naissant. Pour Benoît Coeuré, président de l’Autorité de la concurrence, il fallait donc « identifier les problèmes éventuels de concurrence avant qu’il ne soit trop tard et que le marché se structure avec des mauvaises pratiques ». Après plus d’un an de travail, l’organisme a rendu son avis et donné de nombreuses recommandations aux différentes parties prenantes, que ce soit l’Etat ou les diverses sociétés qui interviennent sur ce secteur.
Le gros des recommandations concerne les prix. Pour l’Autorité, « la tarification de la recharge est particulièrement opaque ». Elle a constaté « un déficit informationnel des consommateurs concernant le prix de la recharge, à la fois avant l’acte de recharge pour comparer les prix mais aussi postérieurement à la recharge pour identifier rapidement le prix effectivement payé ».
Une situation qui découle notamment du fait que le marché fonctionne sur plusieurs niveaux. Le conducteur peut payer le « plein » directement à l’opérateur de recharge, c’est-à-dire l’entreprise qui a installé et exploite la borne, ou alors à un opérateur de mobilité qui fait office d’intermédiaire (il propose des services de recharge, à travers des applications et des badges dédiés ou éventuellement dans le cadre d’un abonnement). A cela s’ajoutent les différentes formules de tarification, avec des paramètres de prix (par kWh, par minute…) et techniques (puissance de la borne…).
À lire aussiBornes de recharge en panne : des chiffres de plus en plus inquiétantsLe gendarme de la concurrence exige donc une simplification. Il recommande d’imposer une tarification au kWh (un mouvement toutefois déjà bien entamé). L’Autorité demande aussi aux opérateurs de mobilité d’afficher sur leur site ce prix au kWh par point de recharge, ainsi que les autres frais applicables. Pour améliorer l’information et renforcer la concurrence, l’Autorité suggère que les prix soient remontés pour créer une base de données comparative, comme il en existe pour l’essence.
Autre aspect dans l’information : il y a l’idée d’expérimenter sur les autoroutes l’installation de totems affichant le prix de la recharge à l’acte en amont de la station et aux entrées principales d’autoroutes. De plus, pour toutes les bornes, le prix total payé à la fin d’une session de recharge devrait être obligatoirement affiché.
L’Autorité s’est aussi penchée sur le maillage du territoire, critiqué pour la persistance de disparités dans le déploiement des bornes. Un problème est la multitude de donneurs d’ordre, ce qui nuit à avoir une vision d’ensemble. L’Autorité préconise la création d’un organe interministériel, afin d’assurer une coordination, dans le but notamment de gommer les zones blanches.
D’ailleurs, alors que les autoroutes payantes ont eu l’obligation d’installer des bornes, l’Autorité demande qu’il en soit de même pour le réseau non concédé, avec un objectif donné aux Directions Interdépartementales des routes (DIR). Pour le réseau concédé, des garde-fous sont suggérés pour éviter que des sociétés qui cumulent les activités ne s’auto-favorisent pas. Les collectivités territoriales sont pour leur part incitées à faire jouer la concurrence en divisant les marchés en lots construits « de façon à mixer des zones attractives et des zones moins attractives ».
Parmi les nombreuses recommandations, il y en a une qui s’intéresse au Plug & Charge (on branche sa voiture et la facturation est lancée automatiquement). L’Autorité recommande que « le libre choix du ou des opérateurs de mobilité pour les consommateurs soit préservé lorsque la fonctionnalité du Plug & Charge est compatible avec le véhicule électrique ».
Dans la mesure où le marché est naissant, avec une multiplication des sociétés aux divers étages du secteur, l’Autorité s’attend à des rapprochements. Benoît Coeuré indique donc que « l’Autorité restera attentive à ce que cette consolidation du secteur n’obère pas la concurrence ».
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