Des scientifiques s’inquiètent de l’utilisation de voitures à hydrogène lors des JO de Paris. Toyota, partenaires des Jeux Olympiques, est dans leur collimateur avec sa Mirai.

Lors des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris, Toyota va fournir plus de 2650 véhicules. Ceux-ci sont tous électrifiés, en majorité hybrides. On compte parmi ce total 500 Toyota Mirai à hydrogène.

Des scientifiques du Centre pour un Fret Routier Durable (Centre for Sustainable Road Freight) ont signé une lettre déplorant la présence de voitures à hydrogène dans cette flotte.

Parmi les destinataires de la lettre, on trouve le Président du CIO, Thomas Bach. Il y a aussi Tony Estanguet, le président des JO de Paris, et le directeur des transports, Pierre Cuneo.

Les 120 signataires de la lettre avancent plusieurs points s’opposant à la voiture à hydrogène. Selon eux, cette promotion “n’est pas alignée avec l’objectif neutre en carbone” et “endommagera la réputation des Jeux 2024”.

Le premier point que soulèvent les scientifiques est un argument du GIEC. Selon celui-ci, la voiture électrique est le meilleur moyen de décarboner l’industrie de l’automobile. L’hydrogène, en revanche, pourrait faire prendre du retard à ce projet.

Le second argument est la consommation inhérente à la production d’hydrogène vert. Il faut, en effet, trois fois plus d’électricité pour alimenter une voiture à hydrogène que pour une voiture électrique.

Le troisième point est le fait que 99 % de l’hydrogène aujourd’hui est jaune ou gris. Il s’agit d’hydrogène qui est produit à partir d’énergies fossiles. Aussi, le marché de l’hydrogène rejette autant de CO2 que l’industrie de l’aviation mondiale.

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Hydrogène : des précédents d’échecs clairs

Le quatrième argument met en avant le manque d’intérêt global de la voiture à hydrogène. À cause des coûts élevés et du manque d’infrastructure, les ventes de voitures à hydrogène sont en berne. Les scientifiques rappellent qu’il y a 1 000 fois plus de voitures électriques sur les routes que de voitures à hydrogène.

Le dernier argument des scientifiques est le fait que la voiture à hydrogène a déjà raté ses objectifs. Ils parlent des bus à hydrogène, car une dizaine d’entre eux seront utilisés aux Jeux de Paris.

Outre les “obstacles” que rencontrent les utilisateurs de voitures à hydrogène, les scientifiques rappellent que l’hydrogène a été mis en avant aux Jeux Olympiques de Tokyo en 2021.

“L’ancien Premier ministre Shinzo Abe avait annoncé que les voitures et les bus rouleraient en ville grâce à l’hydrogène, et que l’électricité du village olympique serait fait d’hydrogène.”

“En dépit de la promotion, la réalité a été que les coûts élevés et le manque de fourniture d’hydrogène ont signifié que les bus à hydrogènes ont dû raccourcir leurs trajets. L’hydrogène de ces bus était de l’hydrogène gris, ce qui rendait les émissions pires que si cela avait été des véhicules diesel.”