Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la Wuling Air EV n’est pas un quadricycle. Non, il s’agit bien d’une vraie voiture aux dimensions de la Smart ForTwo, mais avec quatre places. Alors qu’elle n’est pas encore commercialisée en France, Automobile Propre a eu l’occasion de tester cette petite électrique surprenante dans les rues agitées de Denpasar, à Bali.

Wuling veut électrifier l’Indonésie

Wuling est une marque importante en Chine. La coentreprise SGMW (pour SAIC-GM-Wuling) est particulièrement active sur le marché chinois. Connue historiquement pour ses utilitaires et ses monospaces, l’entreprise de Liuzhou fait maintenant dans les petites voitures électriques. Il se trouve qu’en plus de la Chine, Wuling s’intéresse aussi à d’autres marchés asiatiques. La firme a notamment ouvert une usine en Indonésie et fait de ce pays l’une de ses cibles prioritaires.

Il faut dire qu’il y a tout à faire en matière de transition électrique. À Bali, une petite île où la population ne cesse de croître, certaines rues sont carrément devenues irrespirables à cause des odeurs d’échappement. Le parc automobile est principalement composé de deux roues thermiques, de petits utilitaires et de monospaces à combustion interne. Mais on sent tout de même que les choses sont en train de changer. Quelques voitures électriques tentent de se frayer un chemin.

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Et c’est là que Wuling entre en jeu. Le constructeur chinois a quasiment le monopole sur l’électrique. Avec ses trois modèles phares, les Air EV, Binguo EV et Cloud EV, le constructeur semble séduire de plus en plus de Balinais. Nous avons eu l’occasion de tester la plus petite pendant quelques heures afin de comprendre pourquoi les locaux se laissent séduire. Premier argument : le prix. La Wuling Air EV est proposée à partir de 190 millions de roupies indonésiennes (11 000 euros).

La Wuling Air EV démarre à 11 000 euros

En Indonésie, le petit modèle est disponible en 3 versions : les Lite (11 000 euros), Standard Range (13 000 euros) et Long Range (16 000 euros). Pour faire simple, la voiture n’offre qu’une seule motorisation (30 kW RWD) et 2 niveaux de batterie : 17,3 kWh ou 26,7 kWh. Le plus petit pack permet de faire 200 km quand le plus grand offre une autonomie de 300 km. Oui, vous avez bien lu ! Une voiture avec 300 km d’autonomie (selon la norme CLTC chinoise) pour à peine 16 000 euros.

En France, les véhicules qui se rapprochent le plus de cet Air EV sont certainement la nouvelle Citroën C3 électrique, la Dacia Spring, la Peugeot e-208 et la R5 électrique. La petite Citroën offre 320 km d’autonomie (toutefois selon la norme WLTP plus sévère), mais coûte 23 300 euros. La Spring s’approche du prix de la Wuling avec un tarif de base à 18 400 euros, mais elle n’offre que 230 km d’autonomie. La Peugeot permet de faire 340 km mais au prix de 34 550 euros. Enfin, la R5 offre 410 km pour 33 490 euros.

Même avec la taxe, on peut penser que le jour où Wuling décidera de commercialiser son modèle en France (si ce jour vient), ce sera sous les 20 000 euros. La petite électrique est donc bien placée, et ce positionnement semble convaincre de nombreux Indonésiens. Au-delà du prix, l’Air EV a de nombreux autres arguments. Elle est fun, hyper maniable, plutôt confortable et permet surtout de passer partout à Bali. Même sur certaines routes réservées aux scooters.

Un petit modèle qui tient ses promesses

Nous avons donc pris le volant d’une Air EV Long Range. Durant les quelques heures au volant de cette petite citadine, nous avons parcouru 88 km. Difficile de faire plus entre les nombreux bouchons rencontrés et les routes accidentées. En prenant le volant, la batterie était chargée à 98 % et la jauge affichait une autonomie de 294 km. À notre retour, la batterie avait perdu 36 % et affichait donc 62 %. L’autonomie restante était tombée à 218 km.

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Niveau consommation, c’est donc plutôt intéressant. Pour parcourir ces 88 km, nous avons consommé 9,6 kWh. Ce qui donne théoriquement une consommation aux alentours des 11 kWh/100 km. Si les conditions climatiques sont plutôt favorables, les nombreuses accélérations nécessaires à chaque redémarrage pourraient toutefois donner une consommation plus importante. Mais le véhicule semble vraiment adapté à cette circulation dense.

Peu de voitures électriques sont aujourd’hui capables de s’approcher de cette consommation. Wuling marque donc des points. Côté conduite, c’est minimaliste, mais efficace. On note un freinage très réactif, une suspension un peu (trop) ferme. Le freinage régénératif ne permet pas une conduite à une pédale mais il est tout de même bien présent. Autre élément appréciable : les petites fenêtres à l’arrière. Les passagers assis à l’arrière apprécieront.

L’Air EV mesure 2 974 mm de long, 1 505 mm de large et 1 631 mm de haut pour un empattement de 2 010 mm. C’est 30 cm de plus que la Smart ForTwo et 60 cm de plus que la Citroën Ami. Les deux places à l’arrière sont petites, c’est indéniable. En revanche, ce n’est pas si gênant pour de petits trajets. Avec mon 1,87 m, je ne dirais pas que j’étais à l’aise, mais j’ai pu m’asseoir sans me plier en deux. C’est un peu serré au niveau des genoux, mais idéal pour des enfants.

Seul bémol : la puissance de recharge

Avec autant d’arguments favorables, la marque chinoise espère convaincre les Indonésiens de passer à l’électrique et s’imposer comme une référence en la matière dans le pays. Si seulement 12 248 voitures électriques se sont vendues en Indonésie en 2023, ce chiffre pourrait bien bondir en 2024. Sans oublier que les véhicules de Wuling sont éligibles aux subventions gouvernementales, car elles sont produites directement sur le sol indonésien.

Ajoutons qu’à Bali, la démocratisation des voitures électriques est encore freinée par le réseau de recharge. Si des bornes ont bien été installées un peu partout sur l’île, il n’y a quasiment pas, si ce n’est pas du tout, de bornes rapides. La plupart des chargeurs offrent 6,6 kW de puissance. Sur ce genre de borne, l’Air EV doit être immobilisée pendant environ 4 heures pour passer de 0 à 100 %. En effet, le modèle ne dispose que d’une plateforme en 115 V.

Mais ici, l’usage n’est pas tout à fait le même qu’en France. Les Balinais ne font quasiment jamais de grandes distances, à moins de vouloir traverser l’île, ce qui est assez rare. Contrairement aux Français qui ont besoin que leur voiture soit capable de reprendre 300 ou 400 km en 15 minutes, les Indonésiens privilégient les courtes distances. Ils se branchent donc chez eux le soir. C’est largement suffisant pour repartir avec une batterie pleine le lendemain matin.

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