AccueilArticlesBlueCar : Bolloré à peine divorcé de Pininfarina et déjà remarié ?

BlueCar : Bolloré à peine divorcé de Pininfarina et déjà remarié ?

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Le stand Bolloré au Mondial de l'auto de Paris 2010
Le stand Bolloré au Mondial de l'auto de Paris 2010

La nouvelle du désengagement du carrossier italien Pininfarina dans sa joint-venture avec le groupe français Bolloré, « Véhicules Electriques Pininfarina Bolloré SAS », pour la production de la BlueCar n’en finit pas d’alimenter les rumeurs. Ce qui nous donne aussi l’occasion de nous pencher sur ce qui se fait de semblable, en Russie plus particulièrement…

Tout d’abord, les dernières nouvelles des protagonistes principaux. Le groupe Pininfarina a officiellement annoncé qu’il cèdera les 50% qu’il détenait dans « Véhicules Electriques Pininfarina Bolloré SAS » à son co-fondateur, le groupe Bolloré. Le prix de 10 millions d’euros est connu et l’option sera exercée entre le 1er Mars 2011 et le 15 mars 2013, probablement en vertu du contrat passé lors de la création de la joint-venture.

Le communiqué du carrossier italien indique que « le projet de voiture électrique s’est trouvé dans une impasse en termes de prises de décision, en raison de divergences stratégiques ». Enfin, il précise aussi que Bolloré pourra continuer à badger la BlueCar de la (prestigieuse) signature turinoise à condition de payer des royalties… Un divorce presque en bons termes.

Brune ou Blonde, alliance Italienne ou Russe ?

Jusque-là, rien de nouveau finalement, me direz-vous, sur la rupture franco-italienne. Il semblerait pourtant que Bolloré ne soit pas un si mauvais parti puisqu’un nouveau prétendant, russe, s’est fait connaître à une vitesse quasiment suspecte.

Il s’agit de l’oligarque russe Mikhaïl Prokhorov. Un riche golden boy (à partir de 14 milliards de $ et plus grosse fortune de Russie, on peut utiliser « riche » avec « golden boy » sans risquer le pléonasme) qui s’apprête à lancer la production d’une citadine dans son beau pays (dont le marché automobile devrait exploser dans les prochaines années).

En France, il est surtout connu pour avoir été entendu en 2008 à Courchevel pour proxénétisme (déjà des affaires en France…) et on lui attribue la tentative de rachat de la villa Léopolda sur la cote d’azur qui avait défrayée la chronique. Officiellement, rien n’a jamais été prouvé. Plus sérieusement, ses domaines d’activités vont de l’exploitation de mines d’or jusqu’à l’actionnariat et la construction du stade des New Jersey Nets (l’équipe de basketball de New York pour ceux qui ne suivent pas…) en passant par l’exploitation de gisements de gaz… Il est aussi un des principaux mécènes de l’aide à l’éducation et au développement de la Sibérie centrale.

voiture hybride GNV
Le projet de voiture hybride-gaz de Prokhorov.

Le projet de Prokhorov pour Onexim

Son projet innovant, soutenu par le gouvernement et Poutine plus particulièrement, est de créer une citadine « Golf-class » (la cible est désignée) électrique ou hybride gaz-électrique (il vend aussi et surtout du gaz) pour 8800€. Aux dernières nouvelles, le prix cible aurait été revu à la hausse, mais il resterait accessible pour la classe « moyenne supérieure » russe, et surtout serait compétitif dans n’importe quel pays où sont vendues des voitures électriques aujourd’hui.

Pour réaliser ce projet, Onexim (sa société de véhicules) est déjà en partenariat avec Yarovit, un fabricant de poids lourds basé à Saint-Pétersbourg qui lui assurerait une partie de la conception et de la production. Une usine est prévue à Togliatti et les premiers prototypes sont attendus fin 2010 (versions citadine et coupé). Lancement de la production de la « Mischa-mobile » en 2012 (oui, ça fait très russe comme nom).

D’après les analystes, le plus gros frein au projet serait la rentabilité, atteinte qu’à partir de 10 000 unités par an. Chiffre non négligeable, par exemple, Renault prévoit de plafonner à 25 000 Kangoo ZE par an. Pas certain que le marché russe soit prêt à absorber une telle quantité de véhicules, dont la fiabilité sera encore à prouver.

La fiabilité des fournisseurs locaux et la qualité des pièces serait ensuite l’autre élément pouvant bloquer le projet ou nuire à la réputation du véhicule. (Quand Renault a commencé à produire des Logan en Russie avec des pièces détachées russes, plus de la moitié de celles-ci partaient à la poubelle pour non qualité…) En ce qui concerne les caractéristiques techniques des véhicules, aucune information.

Pour les plus téméraires d’entre vous (russophones et lecteurs de cyrillique, si, j’y tiens…), vous trouverez plus de détails sur ce site : http://yo-mobil.livejournal.com/.

Des Synergies évidentes

Son projet semble viable, avec une forte possibilité de voir le jour sous peu et des moyens financiers importants en soutien. Les deux projets sont donc clairement complémentaires. Le français apporterait son savoir-faire, sa plate-forme déjà prête et ses technologies de batteries, le russe un marché non négligeable, des économies d’échelles, un bon soutien financier et peut être aussi la capacité de décision et l’audace qui manquait au groupe franco-italien.

Les conditions sont tellement bonnes que Prokhorov a été aperçu au siège de Lyon ce lundi 15 Novembre. Reste à savoir si le groupe Bolloré est ouvert à ce type de partenariat et que les équipes qui ont échoué à collaborer avec des Italiens pourront travailler avec des Russes…

J’espère que cette alliance, si elle venait à voir le jour, nous permettra d’avoir une nouvelle voiture électrique (voire deux !) abordable dans les rues. Et que le beau projet de la BlueCar, qui nous a tant promis ces dernières années, tienne enfin toutes ses promesses ! Plus que jamais, affaire à suivre…

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