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Depuis quelques années, les géants de la tech ont une appétence toute particulière pour l’industrie automobile. Plus précisément pour les voitures électriques et les systèmes de conduite autonome. Mais on ne fabrique pas une auto aussi facilement qu’un smartphone ou qu’une console de jeu vidéo. Voyons où ils en sont.
La percée de Tesla au milieu des années 2010 a donné des idées aux entreprises de la tech. Comment Elon Musk, co-fondateur de PayPal et novice dans le domaine de l’automobile, pourrait-il rivaliser avec les plus grands constructeurs ? C’est probablement ce que se sont demandés les géants de la Silicon Valley à l’époque.
Google disposait déjà de son propre service de taxis autonomes avec Waymo et Apple commençait tout juste à réfléchir au sujet. Au cours de la décennie qui a suivi, d’autres acteurs de la tech, japonais et chinois, ont pris part à cette course. Certains se sont cassés les dents, mais d’autres ont été redoutablement efficaces.
Commençons par la réussite la plus flamboyante et la plus récente avec Xiaomi. Cette entreprise chinoise dirigée par Lei Jun a connu une ascension fulgurante entre sa création en 2010 et aujourd’hui. La marque est notamment connue en France pour ses smartphones et ses divers produits électroniques.
En 2021, le patron de Xiaomi a annoncé vouloir développer sa propre automobile. Fin 2023, la marque dévoilait au monde entier les premières images et les caractéristiques techniques de son modèle, une berline baptisée SU7. Le 28 mars 2024, Xiaomi ouvrait officiellement les commandes pour sa première voiture électrique.
En moins de trois ans, l’entreprise a réussi une prouesse exceptionnelle. Certains constructeurs historiques mettent d’ailleurs plus de temps pour lancer leurs propres modèles. Alors qu’ils disposent des équipes, du savoir-faire et des infrastructures. Xiaomi a su s’appuyer sur les connaissances de Nio, Xpeng et Li Auto pour aller vite.
Lei Jun a déclaré lors du lancement de la SU7 que les patrons chinois de ces trois marques lui ont donné « de nombreux conseils au cours des trois dernières années », ce qui lui a permis de commettre moins d’erreurs. Xiaomi s’est aussi appuyé sur les infrastructures de BAIC pour fabriquer son modèle.
Comme une entente naturelle entre compatriotes chinois. Un comportement difficile à imaginer en Europe ou aux États-Unis, où les marques aiment garder leurs petits secrets. À peine lancée, la SU7 a eu le droit à un succès spectaculaire. La berline électrique a reçu 100 000 commandes fermes en moins de 48 heures.
Comment la marque à la pomme a-t-elle pu en arriver là ? Ce projet automobile est peut-être la plus grande désillusion que la firme n’a jamais connue de toute son existence. En 2014, les premières rumeurs sont là : la presse annonce que l’entreprise de Cupertino travaille sur l’Apple Car, une voiture autonome et électrique.
À l’époque, Jony Ive, l’iconique patron du design d’Apple, est encore là. Il porte le projet et envisage de redonner vie au célèbre Volkswagen Combi. Le projet sera finalement abandonné après que plusieurs membres de son équipe ont été recrutés par Volkswagen. L’ID.Buzz verra le jour quelques années plus tard.
À lire aussiA quoi aurait pu ressembler la voiture électrique d’Apple ?Ensuite, plusieurs directeurs ont pris les reines du « Projet Titan ». Notamment, l’ancien directeur de l’Autopilot chez Tesla ou encore l’ancien PDG de Canoo. Mais cette Apple Car a toujours suscité des désaccords de fond en interne. La voiture doit-elle être totalement autonome ? Quelles technologies doit-elle embarquer ?
Les dirigeants d’Apple, Tim Cook en premier lieu, n’ont jamais réussi à s’entendre. Depuis 2021 et le départ de Doug Field, le chef de la division automobile au sein de l’entreprise, les choses se sont compliquées : rotation du personnel et changements structurels dans les plans. Sans parler de ce scepticisme ambiant en interne.
Apple avait finalement décidé de faire des concessions en admettant qu’il serait trop compliqué de fabriquer une voiture avec des technologies de conduite autonome de niveau 4. Début 2024, la firme souhaitait maintenir son projet, en revoyant ses ambitions à la baisse en et repoussant la commercialisation à 2028. Pourquoi pas ?
Cependant, les choses se sont précipitées. Au mois de février dernier, une note interne a été envoyée aux employés du groupe pour leur annoncer l’arrêt du projet. Il n’y aura pas d’Apple Car. Les 2 000 salariés qui travaillaient sur le développement de la voiture ont été replacés sur des projets liés à l’intelligence artificielle.
Banni des États-Unis, le chinois Huawei a aussi de grandes ambitions pour l’industrie automobile. En quelques années, la firme de Shenzhen a diversifié ses activités en faisant son apparition sur le marché des véhicules électriques. Contrairement à Xiaomi, Huawei mise plutôt sur des collaborations.
L’entreprise chinoise a développé 4 marques en s’associant avec des constructeurs déjà établis. Il y a Avatr (avec Changan et CATL), Arcfox (avec BAIC), Aito (avec Seres) et Luxeed (avec Chery). Huawei ne cherche donc pas à se positionner comme un constructeur automobile à part entière, mais plutôt comme un équipementier.
La société cherche notamment à implémenter ses technologies dans les voitures électriques. La firme s’intéresse aussi aux infrastructures de recharge. Un réseau de 100 000 bornes a, par exemple, été annoncé en février 2024. Huawei promet des performances exceptionnelles avec des chargeurs de 600 kW.
Avec sa marque Aito, la firme chinoise fait déjà peur aux jeunes pousses du pays. En février 2024, Aito a, par exemple, livré 21 142 modèles. C’était mieux que Li Auto (20 251 unités écoulées), un acteur pourtant bien implanté, mieux aussi que Nio (8 132 unités vendues) et Xpeng (4 545 ventes).
Huawei est donc en train de prendre une place significative dans le domaine des voitures électriques. Au moins en Chine, pour l’instant. Avec la volonté de « mettre le numérique à portée de chaque véhicule », la firme de Shenzhen pourrait bien grappiller des parts de marché aux deux géants locaux : BYD et Tesla.
Champion japonais dans le domaine de l’électronique et des jeux vidéos, Sony veut aussi sa part du gâteau dans le domaine de l’électromobilité. L’histoire commence en 2020. À l’époque, Sony présente pour la toute première fois son concept car Sony Vision-S à l’occasion du CES de Las Vegas. C’était il y a plus de quatre ans.
Initialement, Sony prévoyait d’y aller seul. Un peu comme Xiaomi. La firme n’avait pas l’intention de s’attacher les services d’un « vrai » constructeur automobile. En 2022, toujours au CES, Sony dévoile un second concept établi sur la même plateforme, le Vision-S 02, et annonce la création de Sony Mobility.
Finalement, quelques mois plus tard, Sony se rapproche d’un autre japonais qui connaît bien le sujet des voitures. La firme de Minato s’allie à Honda, une marque en retard sur l’électrique. Les deux japonais lancent une coentreprise sans nom dont l’objectif sera de « planifier, développer et vendre des voitures électriques ».
C’est un moyen pour Sony de s’assurer que son projet verra bien le jour. En juin 2022, les deux marques nomment leur collaboration et officialisent la création de la « Sony Honda Mobility ». En janvier 2023, la marque Afeela est dévoilée au grand public et un premier prototype est présenté.
Il s’agit d’une berline électrique aux courbes élégantes. Elle sera normalement dotée d’une transmission intégrale et d’un double moteur de 400 kW (536 ch). Le prix du véhicule n’a pas encore été spécifié. Ni la capacité de la batterie dont le modèle pourrait être équipé. Sony priorise les sujets liés à l’électronique et aux logiciels.
Début 2024, Yasuhide Mizuno, le patron de SHM (Sony Honda Mobility) a, par exemple, piloté le modèle électrique à l’aide d’une manette de PS5. Mais l’étau se resserre pour Sony et Honda. Il est grand temps d’accélérer et de commercialiser ce modèle pour espérer rester dans la course.
Souvent appelé le « Google chinois », Baidu ne déroge pas à la règle et s’intéresse aussi de très près au domaine des voitures électriques. Une industrie qui passionne vraisemblablement la Chine. Ce géant de la tech s’est associé à Geely, la maison mère de Volvo. Ensemble, les deux entreprises ont créé la marque JiYue.
Le premier modèle issu de cette collaboration, connu sous le nom de JiYue 01, est déjà commercialisé en Chine. Ce SUV électrique est le premier modèle grand public à être doté d’une conduite autonome de niveau 4. Le modèle repose sur la plateforme SEA de Geely et offre 720 km d’autonomie avec la batterie de 100 kWh.
Comme la plupart des géants de la tech qui se lancent dans l’automobile, Baidu a aussi voulu mettre sa patte en dotant le modèle des dernières technologies. Le JiYue 01 est notamment équipé de la puce Snapdragon 8295 de Qualcomm. Un système qui lui offre de puissantes fonctionnalités en termes de reconnaissance vocale.
Le SUV chinois est, par exemple, capable de se garer tout seul, sur ordre de son propriétaire. Il peut aussi récupérer des passagers sans que personne soit au volant, jusqu’à 2 km de distance. Pour le moment, les fonctionnalités de conduite autonome du JiYue 01 ne sont pas disponibles partout.
Seules trois villes disposent des infrastructures nécessaires : Hangzhou, Pékin et Shanghai. Mais Baidu et Geely ne comptent pas en rester là. Les deux entreprises chinoises disent vouloir étendre leur champ d’action à plus de 200 villes en Chine. Baidu prévoit aussi de développer son propre réseau de recharge.
Cet équivalent d’Amazon en Chine fait partie des plus grandes entreprises technologiques dans l’empire du Milieu. De l’e-commerce au cloud, Alibaba cartonne. Voyant l’industrie des voitures électriques se développer à toute vitesse en Chine, l’entreprise a aussi souhaité y prendre part.
Avec l’appui de SAIC, un dinosaure dans le monde de l’automobile en Chine, Alibaba a lancé la marque IM Motors. Le premier modèle issu de cette alliance a vu le jour en juin 2022. À ce jour, le géant de la tech dispose de 3 modèles : les L7, LS7 et LS6. D’autres doivent arriver dans le courant de l’année 2024 et en 2025.
Comme de nombreux constructeurs chinois, Alibaba et SAIC envisagent de s’attaquer à l’Europe. La LS6 et la future L6 seront bientôt disponibles sur le Vieux continent. Comme entre Baidu et Geely, Alibaba apporte son savoir-faire technologique, notamment sur le cloud, et SAIC ses compétences en matière d’automobile.
Peu de personnes le savent, mais le géant de Mountain View fait figure de précurseur dans le domaine de la conduite autonome. Google a commencé à s’intéresser au sujet dès 2009. Au départ, deux projets sont à l’étude : des véhicules de série modifiés dotés de fonctionnalités de conduite autonome, et la « Google car ».
Une petite voiture électrique fabriquée par Google qui ne disposait pas de volant ni de commandes. La Google Car est rapidement abandonnée et la firme se concentre sur le développement des logiciels plutôt que sur celui d’une voiture. Le projet a démarré sous l’impulsion de Sebastian Thrun.
À lire aussiCruise vs Waymo : l’un progresse et l’autre explose en plein volGoogle se donne pour mission de développer une technologie de conduite autonome pour repenser l’utilisation de la voiture. Le constat est le suivant : sur les 10 millions d’accidents qui ont lieu chaque année aux États-Unis, 9,5 sont dus à une erreur humaine. L’entreprise prône donc une nouvelle mobilité, régie par les logiciels.
En 2016, le projet prend une autre tournure et devient Waymo. Avec la création d’une maison mère baptisée Alphabet, les dirigeants de Google cherchent à diversifier leurs activités. Ils décident donc de structurer les projets en lien avec les technologies de conduite autonome et d’accélérer le rythme des essais.
C’est, par exemple, l’utilisation des premiers capteurs LiDAR. Les plans de Waymo sont clairs : créer un réseau de taxis autonomes. Depuis cette date, la filiale d’Alphabet travaille au développement de ce service dans plusieurs grandes villes américaines, notamment à Phœnix, Los Angeles, Austin, Dallas ou Atlanta.1
Tous ces géants de la tech ont un point commun : ils ont compris que le logiciel prendrait petit à petit le pas sur le matériel. Et ils veulent être acteurs de cette révolution. En quelques années, le logiciel a effectivement pris une place prépondérante dans le domaine des voitures et encore plus avec les voitures électriques.
Véhicules connectés, applications embarquées pour améliorer l’expérience utilisateur, fonctionnalités de conduite autonome… En 2024, les nouvelles technologies sont omniprésentes dans le monde de l’automobile et les entreprises de la tech, qu’elles soient chinoises, japonaises ou américaines, n’y sont pas pour rien.
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