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Selon une étude du cabinet McKinsey menée à l’échelle mondiale, un grand nombre de propriétaires de voitures électriques envisagent d’abandonner cette technologie pour revenir au thermique. Dans certains pays, cela concerne près de la moitié des électromobilistes. En France, en revanche, la tendance est beaucoup moins marquée.
Alors que les véhicules électriques représentent le futur de l’automobile, une récente étude de McKinsey & Company révèle une tendance inquiétante : un nombre significatif de propriétaires envisagent de retourner aux véhicules à combustion lors de leur prochain achat. Un abandon qui soulève bien des questions alors même qu’un coup de mou est observé en Europe. Mais de quelle proportion parle-t-on exactement, et qu’en est-il de la France ?
Si une autre étude avait fait grand bruit en août 2023 en affirmant que 54% des propriétaires de voitures électriques regrettaient leur achat, le sondage comportait néanmoins certains biais qui appelaient à la prudence lors de l’analyse des résultats. Nous avions notamment émis des doutes sur la représentativité de l’échantillon (618 personnes), et sur le fait que les Français interrogés pouvaient aussi bien être propriétaires de voitures électriques que de voitures hybrides rechargeables.
Dans l’étude de McKinsey qui compte plus de 200 questions, on peut malheureusement faire les mêmes remarques. En fait, le panel au global semble bien plus grand puisqu’il se compose de plus de 30 000 personnes interrogées à travers 9 pays. Sauf que seuls 20% d’entre eux sont utilisateurs d’un véhicule 100% électrique ou hybride rechargeable. Au total, cela concerne donc environ 7 500 personnes. C’est à travers cet échantillon que l’enquête a spécifiquement cherché à mesurer la volonté de revenir au thermique.
Pour ce faire, la question suivante leur a été posée : quelle est la probabilité que vous reveniez à un véhicule à moteur à combustion traditionnel sur la base de votre expérience actuelle avec le véhicule électrique que vous possédez ? Six choix étaient ainsi possibles, allant de très probable, à pas du tout probable. Résultat : en moyenne, l’éventualité de revenir de manière probable ou très probable au thermique a été choisie dans 29% des cas. Cela revient à dire que près d’une personne sur trois envisage d’abandonner sa voiture électrique. Une proportion, qui si elle reste minoritaire, peut remettre en question l’enthousiasme pour les véhicules dits propres. Particulièrement dans certains pays.
C’est particulièrement le cas de l’Australie. Là-bas, la moitié des propriétaires de voitures électrifiées sont enclins à retourner à l’énergie fossile. Serait-ce une conséquence de la taxe au kilomètre sur les voitures électriques présente dans deux états d’Australie de 2020 à 2024 ? A fortiori, les États-Unis, dont le Texas a aussi taxé les véhicules carburant à l’électron, suivent de près avec 46% d’insatisfaits. En réalité, ces deux pays partagent un autre point commun : le prix de l’essence y est bon marché.
Idem au Brésil et en Chine, avec respectivement 38% et 28% de déçus. Pour autant, cela n’explique pas tout. En effet, le Japon, qui affiche également un litre d’essence à bas prix, est dernier du classement. Le pays du soleil levant affiche ainsi 13% de mécontents seulement. Mais quelles sont donc les raisons qui poussent les automobilistes à se détourner de la fée électrique ?
Plusieurs éléments permettent d’expliquer ce désintérêt. Tout d’abord, les infrastructures de recharge restent insuffisantes et mal réparties. De nombreux utilisateurs se plaignent ainsi du manque de bornes de recharge accessibles et de la nécessité de planifier minutieusement leurs trajets pour éviter de tomber en rade de batterie. Cette situation engendre un stress lié à l’autonomie, connu sous le nom d’angoisse de la recharge (« range anxiety »).
En outre, le coût total de possession des voitures électriques apparaît trop élevé. Malgré les économies réalisées sur le carburant et l’entretien, le prix d’achat initial et les coûts de recharge à domicile ou sur des bornes publiques demeurent des obstacles significatifs pour de nombreux consommateurs. Les subventions gouvernementales et les incitations fiscales, bien qu’utiles, ne suffisent pas toujours à compenser ces coûts.
Enfin, l’autonomie limitée des voitures électriques constitue un frein majeur. Les conducteurs habitués à parcourir de longues distances sans s’arrêter trouvent l’électrique moins pratique. Les progrès en matière de batteries n’ayant pas encore comblé entièrement l’écart qui existe avec les véhicules thermiques.
Ces éléments permettent en outre de mieux comprendre les différences de résultats entre chaque pays. Ces derniers n’étant pas égaux face aux aides gouvernementales, au prix de l’électricité ou aux infrastructures de recharge. Les besoins en matière de mobilité ne sont pas forcément comparables non plus.
Si l’on regarde les résultats sur le Vieux Continent, la situation n’est pas aussi noire que le pétrole le laisse imaginer. Ce serait même le contraire ! Surtout si l’on fait le parallèle avec un indicateur tel que le score de satisfaction client (CSAT). Pour ce dernier, on considère qu’un pourcentage égal ou supérieur à 80 % révèle un très bon taux de satisfaction.
Ainsi, en Allemagne, la probabilité qu’un automobiliste abandonne sa voiture électrique ou hybride rechargeable est de 24%. Dit autrement, il y a 76 % de chance qu’il reste en électrique. On est donc très proche des 80 % de satisfaction. Un cap que la Norvège et la France dépassent. En effet, quand on regarde le verre à moitié plein, il y a 82 % de chance qu’un automobiliste continue de rouler à l’électron. Cela revient à dire que seule une personne sur cinq regrette son choix. Un score bien plus en adéquation avec ce que l’on avait observé de notre côté. L’Italie, quant à elle, fait encore mieux, avec 85 % de satisfaction.
Il est intéressant de noter ici que la France fait jeu égal avec la Norvège, qui est le pays possédant le plus fort taux d’adoption des voitures électriques au monde. Une terre promise en quelque sorte, puisque ces dernières y sont exonérées de TVA, peuvent circuler dans les couloirs de transport en commun, ou encore se garer gratuitement sur les parkings publics. Autant d’incitations qui pèsent dans la balance au moment de faire son choix pour un nouveau véhicule.
Outre la question de repasser sur un véhicule thermique, l’étude de McKinsey met en avant d’autres statistiques intéressantes. Parmi elles, on peut citer le fait que 21 % des participants ne souhaitent aucunement passer à l’électrique. Ce sont néanmoins 38 % qui sont prêts à faire le pas, au moins avec de l’hybride rechargeable. Les 41 % restants souhaitant continuer avec encore, à minima, un véhicule thermique avant de faire la transition. Des chiffres qui mériteraient néanmoins une analyse pays par pays pour une meilleure interprétation. Dans tous les cas, il faut garder en tête que cette étude, comme beaucoup d’autres, ne fait pas la distinction entre le 100% électrique et l’hybride rechargeable. On aurait effectivement bien aimé connaître la proportion de l’un par rapport à l’autre, comme l’a fait l’Avere dans son enquête avec Ipsos.
Mise à jour : McKinsey nous indique que pour la France, un peu plus de 30% des propriétaires de voitures électrifiées possèdent un modèle 100% électrique.
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