Voici 10 idées faciles à mettre en œuvre pour vendre plus de voitures électriques dans un marché qui s'essouffle

Pour favoriser l’adoption de nouveaux usages, comme le passage à l’électrique, il y a la contrainte et l’incitation. Nous préférons la deuxième voie, avec ces 10 idées simples à mettre en œuvre.

Le marché automobile ne se porte pas très bien, et l’électrique ne va pas beaucoup mieux. Après une année 2024 en demi-teinte et le très gros gadin de l’Allemagne, c’est Tesla qui prend cher en ce début 2025, alors que la marque américaine nous avait habitués à une croissance qui semblait infinie. D’ailleurs, contrairement aux craintes et à une croyance populaire, les marques chinoises ne sont pas beaucoup plus en forme en Europe.

Bref, entre fake news savamment entretenues par quelques propagandistes à grandes bouches, doutes légitimes du public, pouvoir d’achat en berne et économie morose, ce n’est pas vraiment la fête du côté de la transition vers l’électrique, même si nous pensons à Automobile Propre que le marché va probablement redémarrer dans le courant de l’année.

En attendant une éventuelle embellie, qui viendra peut-être par l’élargissement de l’offre de voitures électriques « abordables » à moins de 25 000 euros, ce qui est en train d’arriver, peut-être qu’il ne serait pas inutile que les parties concernées (gouvernements, constructeurs, opérateurs, et autres acteurs impliqués directement ou indirectement dans l’électromobilité) se concertent pour mettre en place quelques initiatives favorisant le passage à l’électrique pour tout un chacun.

Il suffit parfois de quelques idées simples, pas très coûteuses et bien expliquées pour que la mayonnaise prenne. Voici 10 propositions pour rendre le passage à l’électrique plus attractif, sans coercition, ou au moins à considérer cette option lors d’un prochain changement de véhicule.

1. Des avantages financiers pour les conducteurs

Les aides à l’achat sont utiles, mais les vrais leviers de motivation viennent du quotidien. Je me rappelle qu’avant d’acheter ma première électrique il y a 6 ans, j’entendais souvent parler d’autoroutes et de parkings gratuits, ou en tout cas à des tarifs préférentiels pour les électromobilistes. Inutile de dire que je n’en ai absolument jamais vu la couleur, si ce n’est parfois un léger avantage au moment de payer le stationnement sur Flowbird. Le seul avantage que j’aie connu depuis que je roule en électrique est celui – certes très intéressant – de la recharge gratuite dans le parking public où j’avais un abonnement. Mais je vous rassure, cela n’a pas duré très longtemps, et c’était plus dû à l’absence de demande et à l’investissement que représentait l’installation de bornes payantes que ce parking offrait gratuitement l’accès à une poignée de prises renforcées pour charge lente. Quand le nombre d’électriques dans le quartier a explosé, et donc la demande, 20 bornes ont été illico installées et la recharge est devenue payante. En plus du parking. Notons cependant que la ville de Paris l’a fait et que le stationnement des VE de moins de 2 tonnes en surface est gratuit, sans limite de durée ni démarche préalable. Nos amis norvégiens l’ont bien compris : offrir des avantages comme le stationnement gratuit en centre-ville, l’accès aux voies réservées ou des tarifs préférentiels aux péages, en plus des incitations fiscales, inciterait bien plus d’automobilistes à faire le switch. Résultat : plus de 90 % des nouvelles immatriculations en Norvège en 2024 étaient électriques.

2. Une signalétique adaptée sur autoroute

Celle-ci je vous en parle depuis longtemps. Je l’ai encore constaté ce week-end lors d’un trajet autoroutier de 750 kilomètres, il est assez incompréhensible qu’en 2025 il n’y ait aucune autre signalétique sur autoroute que le pauvre pictogramme symbolisant la recharge électrique sur les aires de service, alors qu’en France, 100% de ces dernières sont équipées de stations de recharge haut débit.  Les stations essence sont signalées avec leurs prix sur des kilomètres. Pourquoi ne pas faire la même chose pour la recharge ? Des panneaux indiquant les stations disponibles, la marque de l’opérateur (on a ses préférences), le nombre de bornes libres et les tarifs faciliteraient la vie des conducteurs de VE et dissiperaient les peurs des automobilistes thermiques. D’accord, on a théoriquement cela sur le planificateur embarqué, mais toutes les voitures n’en sont encore pas dotées, et sur autoroute, vu l’offre pléthorique, qui programme encore ses recharges ? Autre idée ? Soyons fou : un affichage comparatif du prix aux 100 km selon le mode d’énergie utilisé, super, gazole et électricité. Pas sûr que les pétroliers valident cette idée par contre, même s’ils vendent aussi de l’électricité.

3. Accélérer le développement de la recharge en ville

Dans les grandes villes, ne pas avoir de borne près de chez soi est un frein majeur. Comme pour les logements sociaux, les municipalités devraient se fixer un objectif de prises par habitant. Cela encouragerait les automobilistes urbains à franchir le pas. C’est un énorme chantier en cours, mais c’est long, très long puisque seulement moins de 10% des places de parking résidentielles sont à ce jour équipées de bornes de recharge. Autre angle mort de la recharge en milieu urbain, celui de l’équipement des infrastructures sportives. Quand on va pousser de la fonte ou qu’on emmène ses enfants au sport le samedi, pouvoir recharger pendant les activités sportives serait un vrai plus pour les citadins privés de bornes à domicile. Les collectivités locales auraient un rôle clé à jouer dans le développement de points de charge sur les parkings des stades et salles de sport municipales.

4. Un travail de pédagogie et des bonus chez les concessionnaires et les loueurs

Il y là un double enjeu. Tout d’abord accélérer la sensibilisation et la formation des vendeurs en concession à l’électrique. Ensuite, que ces derniers soient réellement convaincus et fassent passer le message aux clients et prospects. Pour cela, au-delà du volet pédagogique, rien de tel qu’une bonne petite incitation financière, par exemple sous la forme de primes, commissions ou bonus améliorés pour la vente de modèles électriques. Idem pour les loueurs, chez qui la diffusion d’un petit guide en quelques points au clients ne serait pas de trop afin de les rassurer sur la location d’une électrique, et de les inciter à opter pour cette motorisation. Enfin, si tant est qu’on en trouve encore…

5. Sensibiliser avec des essais gratuits

Un volet incitatif qui vient en complément logique de u précédent. Offrir des tests longue durée de voitures électriques, financés par les constructeurs ou les collectivités, permettrait aux automobilistes sceptiques de se faire une vraie idée de l’expérience VE. Une semaine au volant convainc souvent mieux qu’un discours technique. Certaines initiatives isolées existent déjà, et il arrive que des concessionnaires motivés vous prêtent une voiture pour quelques jours, ou au moins 24/48 heures. Car passer à l’électrique ne consiste pas seulement à essayer une auto. Il faut aussi passer par la case autonomie et recharge pour comprendre et voir si cela correspond à un usage possible pour l’acheteur.

6. Un label « Ville électrique »

Voici un sujet dont pourrait s’emparer un organisme comme l’ADEME (plutôt que nous dire quand et comment laver nos vêtements), en mettant en place un système de notation des villes sur la qualité de leurs infrastructures de recharge permettant de mettre en avant les bons élèves et d’encourager les autres à s’améliorer. Ce qui pourrait être favorable à la fréquentation des villes les mieux notées, car les voyageurs en VE sauraient où aller sereinement.

7. Un label « Hébergement électrique »

Un peu à l’image de la proposition précédente, l’attribution d’un label pour les hôtels proposant des bornes de recharge pourrait favoriser le développement de ce type de service, au bénéfice des voyageurs et des hôteliers. Si un grand nombre de ces derniers semblent déjà l’avoir compris et intégré dans leur offre, il ne serait peut-être pas inutile qu’ils communiquent davantage sur le sujet car il faut parfois se faire des nœuds au cerveau pour trouver un hébergement « VE friendly », à savoir un lieu qui soit capable de vous dire en temps réel combien de bornes sont disponibles, à quel prix et quelle puissance, et qui puisse vous garantir de recharger quand vous arriverez.

8. Simplifier et unifier le paiement

C’est un serpent de mer mais le sujet est en cours de résolution avec une première étape en cours. En effet, depuis le 13 avril 2024, les opérateurs de bornes de recharge pour voitures électriques doivent obligatoirement installer un terminal de paiement électronique – ou TPE – sur toutes les nouvelles bornes proposant une charge d’une puissance supérieure à 50 kW. Les autres s’y mettent sans qu’on ait vraiment besoin de les y contraindre, à l’image de grands réseaux de chargeurs haute puissance comme Tesla avec ses bornes V4 ou encore Fastned et certainement de nombreux autres.

9. Inciter les entreprises à équiper leurs parkings

Les employeurs jouent un rôle crucial dans cette transformation par l’incitation. Installer des bornes de recharge sur les parkings d’entreprise permettrait à de nombreux salariés de rouler en électrique sans se soucier de la recharge à domicile. Une démarche qui peut être facilitée par les dispositions fiscales qui indiquent que les employés ont encore le droit de se recharger « gratuitement » chez leur employeur.

10. Le rôle clé des grands médias

Les idées reçues et les fausses informations sur l’électrique sont un frein, et on les a pourtant vues se répandre sans complexes sur des médias télévisuels à forte audience, souvent par méconnaissance du sujet, parfois par idéologie. Une campagne d’information factuelle, appuyée par des experts et des organismes neutres, aiderait à clarifier le débat et à dissiper les craintes infondées. Allez, on loue un canal de la TNT et on crée APTV (Automobile Propre TV) !

Passer à l’électrique ne doit pas être une contrainte, mais une évidence. Avec des mesures incitatives, pragmatiques et accessibles, la transition pourrait s’accélérer naturellement.

NDLA : j’avais cet article en gestation depuis quelque temps avec deux trois notes, mais c’est un post LinkedIn plein de bonnes idées de notre collègue et camarade JC Gigniac de La Chaine EV la semaine dernière qui m’a inspiré et décidé à le finir en complétant avec mes propres suggestions, ainsi que celles repérées dans les commentaires.