Garage Motrio

Depuis une vingtaine d’années, l’enseigne des réparateurs Motrio se développe partout en France. Aujourd’hui, le réseau s’adapte aux besoins de décarbonation de la mobilité en s’investissant sur l’électrique et le superéthanol E85. Responsable du développement de l’enseigne, Franklin Daher explique.

Un réseau qui couvre toute la France

En 1998, Motrio est lancé par Renault pour fournir des pièces détachées multimarques : « Le réseau des réparateurs a été créé en 2003. Il compte 1 336 points répartis dans toute la France, en particulier dans les zones rurales où la voiture peut rester indispensable. Ce maillage est composé de petites structures de proximité qui s’inscrivent dans une démarche de préservation du pouvoir d’achat des automobilistes ».

Les voitures électriques et hybrides sont encore minoritaires dans la clientèle : « Le constat est assez simple, avec un parc de voitures particulières qui présente un âge moyen de onze ans en France, les électriques en circulation ne pèsent que 2,5 % et les hybrides 6 % ».

Des chiffres qui vont désormais rapidement progresser : « Aujourd’hui, une voiture vendue neuve sur deux est électrique ou hybride. Ce sont des véhicules qui vont rentrer dans nos ateliers d’ici 7 à 8 ans. Concrètement, si ces modèles ne représentent pas beaucoup d’opérations chez Motrio actuellement, on se doit d’accompagner nos réparateurs pour qu’ils puissent répondre aux demandes actuelles et futures de leurs clients les concernant ».

Formation

Quand on imagine l’accompagnement au sujet des véhicules électriques, on pense forcément déjà à la formation : « De façon générale, nous nous appuyons sur les partenaires de Renault pour accompagner les réparateurs Motrio. Concernant la formation, c’est le GNFA qui possède 13 centres très bien répartis en France. Au pire, rejoindre le plus proche ne prendra pas beaucoup plus de deux heures. Ce qui ne serait pas possible avec d’autres organismes ».

La collaboration avec le GNFA est apprécié : « Il répond au mieux à nos besoins. Avec lui, il est possible de monter rapidement une formation dans un environnement protégé et de caler des dates. La découverte commence par une partie théorique, puis on va avancer de plus en plus dans l’habilitation ».

Renault Zoé en panne

Un réparateur Motrio n’ira cependant pas remplacer une batterie de traction : « Nous restons dans la notion d’entretien avec des opérations classiques comme le remplacement des pneus ou des plaquettes de frein, mais aussi la recherche des diagnostics avec la valise. Si la batterie de traction est endommagée, le réparateur Motrio n’y touchera pas, mais il saura mettre le véhicule en sécurité ».

Autres aides

L’accompagnement des réparateurs concernant les véhicules électriques est multiple : « Nous pouvons fournir les protections nécessaires et l’outillage adapté. Toujours en nous appuyant sur les partenaires de Renault, Facom et Sam Outillage sont capables de répondre à ces besoins. Il y a aussi celui en bornes de recharge. Là c’est une autre marque de Renault, Mobilize, qui va proposer aux réparateurs du matériel à des conditions préférentielles ».

À lire aussi Tesla ouvre sa plateforme de réparation aux indépendants

Cette mise à niveau des compétences des réparateurs Motrio pour entretenir les véhicules électriques, hybrides et hybrides rechargeables devrait bientôt être matérialisée : « Pour la fin de l’année, nous avons prévu de sortir un label dont le nom n’a pas encore été arrêté. Il permettra d’identifier les garages Motrio où le personnel est formé pour assurer l’entretien de ces véhicules ».

Franklin Daher voit encore plus loin : « Ces établissements pourraient aussi proposer la recharge publique des véhicules électriques dans les zones rurales, exactement comme avec les stations services de campagne. Ce qui permettrait à Motrio de s’inscrire dans le programme gouvernemental de développement de la recharge ».

L’E85 chez Motrio

Motrio s’intéresse aussi au superéthanol E85 : « C’est très nouveau pour nous. Nous avons signé cette année un partenariat avec Flexfuel Energy Development (FFED) qui développe des boîtiers de conversion. Des réparateurs chez nous montaient déjà ce matériel. De plus en plus de clients formulent des demandes dans ce sens ».

Boîtier E85 FFED

Parmi les réparateurs déjà installateurs de boîtiers bioéthanol, deux ont plus particulièrement fait pencher la balance : « Nous avons mis en place un Bureau des réparateurs Motrio. Il est composé de réparateurs référents avec lesquels nous échangeons régulièrement sur le développement stratégique de l’enseigne et les essais à engager. Deux d’entre eux travaillaient déjà avec FFED. Ils ont conseillé que Motrio s’y intéresse ».

Les deux réparateurs référents ont été entendus : « Tout ce qui peut rendre la mobilité un peu plus durable, tous les produits qui permettent d’abaisser les émissions de gaz à effet de serre ont de la valeur pour Motrio. Ça a du sens aujourd’hui d’essayer d’avoir une meilleure empreinte carbone. Le bioéthanol fait vivre des producteurs français de maïs et de betteraves. Il y a donc une dimension locale ».

À la marge

Le superéthanol répond aux besoins de clients de Motrio : « C’est, par exemple, pour alléger l’empreinte carbone des véhicules qui sont de plus en plus âgés. Certains clients sont sensibles à ne pas renouveler leur voiture tous les deux ans. Et puis il y a la hausse sur les prix du pétrole qui affecte le pouvoir d’achat des Français. On va les aider à le conserver au mieux. Le bioéthanol véhicule des valeurs qui nous plaisent ».

L’installation de boîtiers E85 est toutefois perçue comme une activité à la marge : « Ça reste un marché de niche. Motrio ne va pas bénéficier de grosses retombées financières avec le bioéthanol. En revanche, nous allons permettre à nos clients de profiter de meilleurs tarifs et les réparateurs gagneront en fluidité dans les relations avec FFED. Nous allons aider nos adhérents à choisir les bons boîtiers ».

Nouvelle activité à accompagner

Une petite réflexion préalable est nécessaire avant de se lancer ou pas : « Notre accompagnement permettra aussi aux réparateurs d’identifier si la pose de boîtiers E85 leur correspond. Nous avons pour la France 40 animateurs business. Ils ne sont pas là pour vendre quelque chose, mais pour aider à adapter tel ou tel service. FFED vient d’intégrer ce système ».

Concrètement : « Nous tenons nos animateurs informés. Ils connaissent FFED et savent comment les boîtiers fonctionnent. Les réparateurs connaissaient aussi déjà le sujet. Ce qui a facilité la mise en relation. Maintenant que l’entreprise est officiellement partenaire, elle assure la formation. FFED propose pour cela différents moyens, dont des vidéos ».

Ce rapprochement était envisagé depuis quelque temps déjà : « On y réfléchissait depuis un moment, mais on aime bien avoir le recul nécessaire. Par exemple en faisant tester l’offre par des réparateurs adhérents ».

À lire aussi Les pièces du Tesla Cybertruck coûtent une fortune

Autres actions

Motrio poursuit d’autres pistes pour modérer l’empreinte carbone et les dépenses pour la mobilité de ses clients : « Nous avons dans ce sens noué un partenariat pour les pneus reconditionnés de qualité Leonard. C’est une solution que nous proposons à nos réparateurs, comme tout autre service qui permet de lutter contre les émissions de gaz à effet de serre ».

Tout n’est pas forcément visible directement par la clientèle : « Ainsi, pour la collecte des déchets, comme par exemple les produits chimiques pour la carrosserie, nous suggérons de passer par Chimirec. C’est une entreprise sérieuse et écoresponsable qui existe depuis plus de 60 ans. Autoeco permet à nos réparateurs d’être en conformité avec la loi au sujet de la gestion de leurs déchets ».

Une attention est aussi apportée concernant l’emploi du papier chez Motrio : « Pour nos courriers, banderoles et autres supports de communication, nous passons par un imprimeur qui utilise de papier recyclé ou provenant de forêts gérées durablement ».

Automobile Propre et moi-même remercions beaucoup Franklin Daher pour le temps pris à répondre à nos questions. Un grand merci également à Adrien Boutroue, attaché de presse pour Renault, qui a organisé l’entretien conformément à notre demande.