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Après avoir déserté durant un temps le marché neuf, l’E85 fait son grand retour sous l’impulsion de la hausse de prix du carburant. Parmi les premiers constructeurs à investir le segment, Ford révèle le Kuga Flexifuel 150 chevaux, dont la bicarburation offre de nombreux avantages écologiques et économiques.
Ford avait lancé le super-éthanol en Suède en 2001, puis en France en 2005. Ce carburant avait remporté un certain succès les années suivantes, avec une offre grandissante sur le marché. Or la norme Euro5b de 2013 a compliqué l’homologation, laissant émerger de rares modèles comme les Jeep Grand Cherokee Flexfuel et Volkswagen Golf Multifuel.
Depuis janvier 2018, la taxation sur les carburants a pénalisé les carburants conventionnels. Le pétrole ne baisse plus, et le gouvernement a homologué des boîtiers de conversion. Le retour du E85 s’est ainsi fait cette fois par l’occasion, avec +55% de consommation en 2018 (vs 2017), suivi désormais par le marché neuf.
C’est ainsi Ford qui dégaine le premier en annonçant son retour dans le secteur du super-éthanol. La tendance étant désormais au SUV, c’est le Kuga qui a été choisi par le constructeur américain. Il sera équipé du 4 cylindres EcoBoost 1,5 litre. Déjà présent dans la gamme et converti à cette nouvelle bicarburation, celui-ci développe 150 chevaux de puissance et 240 Nm de couple.
Autre explication du choix du Kuga, la facilité d’adaptation du moteur, réalisée directement dans l’usine de production de Valence en Espagne. Les circuit d’alimentation et sièges de soupapes sont spécifiques, le superéthanol étant plus corrosif que l’essence sans plomb, tout comme la gestion électronique.
Les performances sont préservées, avec un 0-100 km/h abattu en 9,8 secondes pour une vitesse maximale de 195 km/h. Au niveau de la consommation, l’E85 est affiché à l’identique que l’essence, soit 6,9 l/100 km. Or l’E85 surconsomme, +23% rappelle Ford selon d’anciennes mesures, soit un appétit de 8,5 l/100 km en moyenne.
Si les modèles très accessibles étaient privilégiés voilà une décennie, ici le bio-éthanol est une affaire de sous. L’entrée de gamme E85 est fixée à 29.100€ sur le Ford Kuga Flexifuel, celle-ci démarrant à partir de la seconde finition (Titanium) et non la plus abordable (Trend).
Le surcoût à l’achat est de 100 € vis-à-vis du modèle essence, mais la différence se fait par le malus écologique. Le gouvernement applique en effet un rabais de 40% sur les émissions de CO2 calculées. Le Kuga E85 s’en tire ainsi à 95 g/km, contre 156 g/km pour l’Ecoboost de base pénalisé par un malus de 2.453 €. La version à boîte automatique 6 rapports, à 202 g/km d’origine, se limite à 121 g/km, soit un malus de 60€.
Outre la finition Titanium, les versions ST-Line et Vignale – mieux équipées – sont également disponibles. Les commandes sont d’ores-et-déjà ouvertes et les livraisons démarreront à partir du mois de juin 2019. Voici la grille tarifaire provisoire :
Pour rouler plus propre, les Français seraient plus attirés par l’achat d’un véhicule E85 que par tout autre type de propulsion. Selon une étude Ford/YouGov, ils seraient 43% à pencher vers cette carburation, contre 33% pour l’hybride et 16% pour l’électrique.
Selon des études, l’E85 émettrait 5% de CO2 en moins sur le bilan global (émissions + production/transport/modifications). De plus, l’E85 est essentiellement produit en France, pays n°1 pour la filière en Europe avec 23% du volume. « On a pas de pétrole, mais on a du bioéthanol » sourit-on chez Ford France. L’origine du carburant est ainsi principalement végétale, précisément issue de betteraves, céréales ou de résidus (sucre, amidon).
Si l’infrastructure pouvait paraître limitée il y a quelques années, elle n’est désormais plus un frein. De 300 stations en 2012, l’hexagone est passé à 1118 stations début 2019. Cela représente en moyenne 1 station sur 10 équipée voir 1 sur 5 dans certains territoires tels que l’Occitanie. Un réseau qui devrait encore s’étoffer. 200 à 300 nouvelles stations seraient attendues cette année selon le SNPAA (Syndicat National des Producteurs d’Alcool Agricole), tandis qu’une proposition de loi a émergé pour obliger leur disponibilité dans chaque station.
Rouler à l’essence ou au diesel signifie être pris au piège des fluctuations du prix de baril de pétrole, pouvant grimper de 50% en quelques mois. Ce fut le cas en 2008, en 2012-2013 et depuis le printemps 2018.
L’E85 est en comparaison plus stable et surtout moins cher. En février 2019, il est autour de 0,68€/l, contre 1,43€/l pour le SP95. C’est moitié prix, soit 41€ pour un plein de Kuga contre 86€ en essence. Sur un kilométrage de 15.000 km/an, surconsommation incluse, l’économie se totalise à 42%, soit près de 550€.
Enfin, la carte grise d’un modèle E85 est gratuite dans toutes des régions, sauf dans trois où elle est réduite de 50% (Bretagne, Centre-Val de Loire et Picardie). Pour les flottes d’entreprises ou administration, la TVA peut être déduite de 80% à l’achat.
Pour le moment, Ford ne se donne aucun objectif de ventes ni de modèles Flexifuel supplémentaires. Le succès de ce Kuga sera ainsi décisif pour l’avenir du super-éthanol dans la gamme française du constructeur.
Outre l’E85, Ford a pour ambition de lancer 40 véhicules électrifiés dans les 3 prochaines années. Parmi eux, 16 seront 100% électriques, et 24 seront hybrides, soutenus par un investissement de 10 milliards d’euros. D’ici 2025, le constructeur américain promet une électrification de l’ensemble de sa gamme.
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