Des scientifiques ont publié une lettre ouverte dans laquelle ils s’en prennent ouvertement à la Toyota Mirai. Selon eux, cette voiture à hydrogène, partenaire des JO de Paris, retarde la transition énergétique et risque d’endommager l’image des Jeux.

Les voitures à hydrogène ont-elles leur place aux JO ?

Toyota va déployer 500 Mirai à l’occasion des Jeux Olympiques de Paris. Les véhicules vont intégrer la flotte officielle de l’événement avant d’être reconvertis en taxi. Cette voiture à hydrogène est actuellement la seule berline disponible sur le marché à être équipée d’une pile à combustible. Cette technologie n’est pas encore totalement au point et certains experts estiment même que l’hydrogène n’est pas une bonne option pour décarboner le transport routier.

Plusieurs scientifiques ont justement critiqué la présence de la Toyota Mirai sur les Jeux Olympiques de Paris. Selon eux, « les véhicules équipés d’une pile à combustible retardent la transition énergétique et ne devraient pas être promus par Toyota pendant les JO ». Dans une lettre envoyée au Comité international olympique, ils ajoutent même que « la promotion d’une voiture à hydrogène est scientifiquement en contradiction avec les objectifs d’émissions de CO2 mondiaux ».

Toyota fait l’impasse sur l’électrique

Toyota n’est pas de cet avis. Contrairement à la plupart des autres constructeurs, le japonais n’a pas fait des modèles 100 % électriques sa priorité. Loin de là ! L’entreprise développe plutôt des voitures hybrides et donc cette berline fonctionnant à l’hydrogène. Toyota a répondu aux scientifiques en affirmant que l’hydrogène jouerait un « rôle clé parmi les différentes technologies de décarbonation ».

La marque a rappelé que cette position était « partagée par la Commission européenne ». En effet, l’institution vient d’approuver un nouveau financement de 4,7 milliards d’euros pour développer cette technologie et accélérer l’initiative IPCEI Hy2Move. Toyota présentera 10 applications de l’hydrogène pendant les Jeux Olympiques, dont ces voitures qui bénéficient de deux avantages majeurs selon l’entreprise : une grande autonomie (environ 650 km) et une recharge rapide (5 minutes).

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« Une stratégie cynique » selon les scientifiques

Mais David Cebon, professeur d’ingénierie mécanique à l’université de Cambridge, est dubitatif. Selon lui, « Toyota promeut l’hydrogène depuis longtemps, mais ils cherchent seulement à retarder la transition vers les véhicules électriques ». Il estime que « c’est une stratégie dilatoire, très cynique de la part d’une des entreprises les plus puissantes du monde ». Toyota est par ailleurs l’une des seules marques au monde, avec BMW et Hyundai, à travailler sur l’hydrogène.

De leur côté, les scientifiques estiment que les véhicules 100 % électriques représentent la « façon la plus efficace de décarboner le transport ». Selon les données du Giec (le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), « les véhicules à hydrogène vert demandent trois fois plus d’énergie que des véhicules électriques équivalents ». Ils seraient aussi trois fois plus chers à l’usage. Sans oublier que l’hydrogène vert est très rare. Pour le moment, le gaz est principalement produit à base d’énergies fossiles.

L’hydrogène pourrait nuire à l’image des Jeux

Sur la base de ces différents constats, les scientifiques précisent dans leur lettre ouverte que « l’hydrogène ne peut jouer qu’un rôle mineur dans la transition énergétique d’ici à 2050 ». Par conséquent, ils demandent à Toyota de remplacer ses véhicules olympiques par des véhicules électriques ou, à défaut, « de ne pas en faire la promotion » car ils estiment que cela pourrait nuire à l’image des Jeux Olympiques de Paris. À quelques jours de l’événement, la firme ne tiendra vraisemblablement pas compte de ces recommandations.

Pour tenter d’arrondir les angles, Toyota promet que l’ensemble des 500 Mirai sera bien alimenté par de l’hydrogène d’origine renouvelable. Le gaz sera fourni par Air Liquide, un autre partenaire des Jeux. Enfin, le constructeur justifie sa stratégie « multi-énergies » en assurant qu’une seule technologie « ne peut pas répondre à toutes les situations ». Rappelons tout de même qu’en 2023, les modèles 100 % électriques n’ont même pas représenté 1 % des ventes chez Toyota.