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L’écoconduite est constituée d’une somme de pratiques que l’on acquiert avec l’expérience. Parmi elles, une erreur courante qui ne favorise pas l’efficience ni l’autonomie.
Si vous avez roulé votre bosse en voiture électrique avec quelques dizaines de milliers de kilomètres au compteur, vous commencez certainement à avoir une idée un peu plus précise et concrète des notions d’autonomie, d’efficience, de consommation et de récupération d’énergie. Autant de petites routines qui, mises bout à bout, constituent les bases de l’écoconduite.
Mais c’est aussi l’occasion de faire un peu le point sur ces pratiques, et de démonter quelques idées reçues sur le sujet. Et notamment la plus répandue, celle du « freinage régénératif ». Je mets volontairement des guillemets car il se pourrait que cette expression finisse par s’avérer quelque peu erronée.
Tout d’abord, on a tendance à confondre trois notions : celle du lever de pied régénératif, celle du freinage régénératif, et celle du one pedal driving, ou conduite à une pédale, à savoir la capacité qu’a une auto de freiner fort au lever de pied jusqu’à l’arrêt complet.
Ce sont trois choses différentes.
Le lever de pied régénératif est une fonctionnalité qui consiste simplement à ce que la voiture ralentisse (ou freine, selon les modèles) quand on soulage l’accélérateur, sans pour autant toucher la pédale de frein, ce qui ralentit le véhicule tout en récupérant une partie de l’énergie cinétique pour recharger la batterie. Pour faire court, le freinage utilise des moteurs électriques inversés pour récupérer cette énergie. Lorsqu’on lève le pied de l’accélérateur, l’essieu des roues entraîne les moteurs électriques en mode générateur, ce qui a pour effet de convertir l’énergie cinétique en énergie électrique, qui est renvoyée vers la batterie. Dans ce cas, il ne s’agit pas d’une action de freinage de la part du conducteur, mais c’est la voiture qui ralentit d’elle-même.
Le freinage régénératif procède de la même technique, à cela près que cette fois cela se produit quand le conducteur appuie sur la pédale de frein. Quand on freine avec une voiture électrique, le début de la course de la pédale de frein n’agit pas sur les mâchoires de freins mais déclenche la régénération de la batterie. Ce n’est que quand on écrase vraiment la pédale et qu’on arrive en bout de course que les freins mécaniques prennent le relais, ce qui arrive au final assez rarement.
Enfin, le one pedal, loin d’être disponible sur toutes les voitures électriques, consiste à ralentir la voiture sans action sur la pédale de frein jusqu’à l’arrêt complet.
C’est entre ces notions qu’il y a parfois une petite confusion, notamment en termes d’efficience.
En substance, activer la régénération ou la régler au maximum peut avoir du sens en parcours urbain ou péri-urbain, et dans le cas d’une descente prolongée, des situations ou en effet cela jouera favorablement sur l’autonomie, de façon variable selon la force de la régénération et les réglages constructeur. On sait par exemple qu’une Porsche Taycan, qui n’a pas de one pedal, est pourtant réputée fournir une régénération pouvant aller jusqu’à récupérer 290 kilowatts. On sait également que côté arithmétique, l’énergie cinétique générée par le freinage est proportionnelle à la vitesse au carré. Ainsi, lors d’un freinage à 100 km/h, une voiture électrique récupère quatre fois plus d’énergie que lors d’un freinage effectué à 50 km/h.
Faut-il pour autant régler sa voiture sur le mode régénératif ? Pas forcément. Car on a tendance à confondre efficience et confort. Ainsi, l’usage du mode de conduite à une pédale est davantage une question de confort que d’optimisation de l’autonomie. Et surtout, d’anticipation, qui est en fait le maître-mot en matière d’écoconduite. Car, une fois que l’on maîtrise ce mode de conduite, on ne touche pratiquement plus jamais la pédale de frein, sauf dans les cas d’urgence. Ainsi, fini l’épreuve des ronds-points, des feux rouges et autres stops, c’est votre mollet droit qui vous remerciera. Un confort tel que l’on peut considérer ce mode de conduite comme révolutionnaire car il change notre rapport à la gestion de la puissance et de la vitesse de la voiture. A tel point que certains de ceux qui y ont goûté ne reviendraient jamais à une voiture non équipée de ce dispositif. Autre avantage connu, la moindre usure des freins, et donc une moindre émission de particules fines, du fait qu’ils sont rarement sollicités.
Certaines voitures électriques n’ont donc pas de mode one pedal. Ou alors leurs utilisateurs ne souhaitent pas l’utiliser de façon permanente. Usent-ils davantage leurs freins pour autant ? Pas vraiment, puisque dans la grande majorité des cas, un freinage léger suffit, et que, comme vu précédemment, même quand on appuie sur la pédale, c’est le mode régénératif qui est enclenché, et pas les freins eux-mêmes. Une exception cependant, Tesla, qui n’utilise pas la régénération quand on freine « physiquement ».
En résumé, que l’on utilise la regen ou pas, le résultat est identique : on récupère de l’énergie et on on use moins ses freins.
La réponse est : cela dépend. Comme nous l’avons vu, dans certains contextes bien particuliers, oui. Mais l’erreur commune consiste à croire que l’on doit être systématiquement en mode regen pour aller plus loin. C’est faux. Sur route entre 80 et 90 km/h, sur voie express à 110 et sur autoroute à 130, le régénératif n’a plus beaucoup de sens. Mieux, dans ces configurations, c’est la roue libre qui est le mode le plus efficient. C’est encore là une loi physique qui dit que vous dépenserez beaucoup plus d’énergie à accélérer que ce que vous récupérez en freinant. Par conséquent, il vaut mieux mettre quelques légères impulsions sur l’accélérateur sur le plat et en montée, et tout lâcher dès qu’il y a la moindre descente. Sur certaines descentes ou faux plats, vous pouvez ainsi être en roue libre parfois pendant plusieurs kilomètres, alors qu’avec la regen enclenchée il faudrait solliciter régulièrement l’accélérateur, sans pour autant récupérer l’énergie dépensée en freinant. Vous consommerez alors moins d’énergie cinétique qu’en accélérant plus longtemps avant de freiner plus fort. Moralité, vive la roue libre pour l’efficience et vive le one pedal pour le confort. Entre les deux, on va dire qu’on est sur de la gestion fine de l’énergie, ou de l’autonomie.
Surtout pas ! On peut s’inscrire dans le flux sans se trainer, notamment sur le réseau secondaire, et même avoir une conduite relativement dynamique, tout en tutoyant des records de basse consommation. Le tout étant encore d’anticiper et de jongler habilement entre les différents modes régénératifs s’ils sont disponibles, et la roue libre le plus souvent possible.
Les subtilités de l’écoconduite s’acquièrent avec l’expérience, et celle-ci vient assez rapidement. Il se peut que votre voiture électrique ait une meilleure autonomie après quelques mois. Cela ne viendra pas de la batterie mais de ce qui se trouve entre le siège et le volant.
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