Bilan Supertests 2024 : quelle voiture électrique recharge le plus vite ?

Pour une électrique, le volet recharge est tout aussi important que ses consommations. Voici le classement des voitures le plus rapides pour faire le plein sur l’autoroute.

Totalement insignifiant sur une voiture thermique, le ravitaillement d’une électrique est un des principaux critères d’achat, tant en matière de recharge lente que de recharge rapide. Mais si les constructeurs doivent respecter le protocole WLTP et en communiquer les résultats, ils n’ont aucune obligation concernant les performances de recharge. Si bien que, si le temps de recharge rapide de 10 à 80 % de charge est généralement communiqué, certains s’autorisent des pathétiques fantaisies. Peugeot donne un temps — erroné – de 30 minutes pour effectuer le 0-100 % pour la e-208, mais utilise la tranche de 20 à 80 % pour permettre au e-3008 de faire miroiter une recharge en une demi-heure. Ce temps sert aussi de référence pour la Renault 5 e-Tech, qui l’annonce sur le 15-80 %. Pire encore chez les constructeurs chinois comme BYD, qui, eux, se basent sur le 30-80 %. Voilà de quoi flouer le client, souvent aveuglé par la puissance en pic.

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Problème : comme toutes les valeurs en pic, la donnée induit en erreur. Il s’agit d’un maximum dans des conditions optimales, mais qui peut parfois être observé pendant de longues minutes… ou seulement pendant une poignée de secondes. Toutefois, la simple lecture des gros chiffres suffit à faire naître des attentes trompeuses chez le client. Plus la valeur est élevée, plus la recharge sera considérée comme rapide. Ce qui est une très mauvaise interprétation, cultivée par les constructeurs. Là encore, il convient de mettre en relation la taille de la batterie, et donc la quantité réelle d’électrons effectivement gagnés sur la période d’observation, donnant ainsi la puissance moyenne de recharge. C’est celle-ci qui permet alors de prendre toute la mesure de l’écart entre la promesse supposée par les gros chiffres et la réalité.

Notre mission, donc, est de remettre un peu d’ordre dans ce fourbi avec des mesures précises, dans des conditions maîtrisées, mais surtout avec la même base de comparaison. Nous compilons toutes les recharges (optimisées ou non) effectuées au cours des 2 000 km d’un Supertest, puis nous indiquons la courbe type et le temps de recharge rapide nécessaire pour passer de 10 à 80 % de charge, mais aussi jusqu’au plein complet. En fonction de l’énergie distribuée par les bornes sur un ravitaillement de 10 à 80 % (plus la recharge est courte, moins le rendement est bon), nous calculons une puissance moyenne. Enfin, nous indiquons aussi l’autonomie autoroutière récupérée en fonction du temps d’immobilisation en se basant sur la consommation relevée sur un parcours type. Cependant, précisons qu’en raison de la variabilité de cette donnée d’un usage à l’autre, cela ne correspond qu’à notre seule utilisation. Voyons les résultats des voitures passées entre nos mains cette année.

Quels sont les meilleurs puissances et temps de recharge ?

Les recharges rapides les plus efficaces ne sont pas celles qui permettent d’enjamber le plus rapidement le 10 à 80 %. Mais bien celles qui permettent de récupérer le maximum d’électrons en un minimum de temps. À noter qu’une approche encore plus technique, que ne nous soulèverons pas ici, s’exprime aussi en facteur de charge (C), qui correspond à la puissance rapportée à la capacité de la batterie. C’est un autre sujet. Avec une puissance moyenne de 265 kW sur l’ensemble de l’exercice, la Porsche Taycan est intouchable. Mieux encore, sa courbe plane lui permet d’afficher une moyenne assez proche du pic annoncé. Même chose pour le Kia EV9, qui arrive en seconde position avec 181 kW de moyenne sur le 10-80 %.

Sur la dernière marche du podium, la Lucid Air Grand Touring montre qu’il faut être prudent avec les chiffres communiqués. En annonçant une puissance maximale de 300+ kW, la berline électrique promet le meilleur. Dans la réalité, la courbe s’effondre et il faut compter 34 minutes pour passer de 10 à 80 % de charge, avec une moyenne de 145 kW. Le facteur de charge qui en découle n’est pas à son avantage non plus. Même comportement avec la Tesla Model 3 Grande Autonomie, qui fanfaronne avec un pic de 250 kW pour faire briller sa fiche technique, mais qui échoue à 106 kW de moyenne au bout des 33 minutes nécessaires pour atteindre la barre des 80 %. Une BYD Seal fait mieux avec 109 kW tout en affichant un pic de 150 kW (à condition que la batterie ne soit pas chaude), alors qu’une Volkswagen ID.7, avec une puissance annoncée de seulement 170 kW, boucle l’exercice à 129 kW.

Quelles voitures retrouvent le plus d’autonomie en 30 minutes ?

Si nous venons d’observer les performances de recharge avec un regard technique, c’est bien l’autonomie gagnée par temps d’immobilisation qui importe. En prenant en compte l’autonomie réelle constatée sur un trajet autoroutier type de 500 km entre le sud de Lyon et la Porte d’Orléans à Paris, nous établissons une courbe d’autonomie gagnée en fonction du temps de ravitaillement. Si nous indiquons aussi dans le tableau suivant les résultats pour trois tranches de mesure, nous retiendrons toutefois l’autonomie gagnée en une demi-heure pour établir la hiérarchie, puisque c’est le temps moyen que réclame une bonne pause sur l’autoroute lors d’un long trajet. Et cela correspond aussi au temps de recharge (10-80 %) moyen de 32 minutes de toutes les voitures essayées à ce jour.

Avec sa consommation mesurée et sa recharge très rapide, la Porsche Taycan se hisse une nouvelle fois en haut du classement, avec une valeur de 400 km en 30 minutes, un record ! Arrive juste derrière la Lucid Air Grand Touring avec une valeur de 340 km. Si sa puissance de recharge ne réveille pas la nuit, la Tesla Model 3 Grande Autonomie se rattrape ici avec 280 km en une demie-heure, ce qui est une très bonne performance. Précisons ici que la troisième place au général revient à la Hyundai Ioniq 6 (essayée l’an dernier) avec une valeur de 300 km en 30 minutes. Étonnamment, ce ne sont pas les citadines qui croupissent au fond du classement. Lent à recharger (44 minutes) et gourmand, le BYD Tang ne récupère que 140 km d’autonomie en 30 minutes. Sa petite sœur, la Dolphin, ne fait guère mieux même lorsque la batterie n’est pas chaude !