Les sociétés d’autoroutes ont été pointées du doigt cet été car elles toucheraient de généreuses commissions lors des recharges sur leur réseau. Certaines contestent.

Si vous avez pris la route des vacances avec votre voiture électrique cet été, vous avez pu constater qu’il était toujours facile de s’arrêter sur une aire d’autoroute pour recharger sans attendre. Le réseau s’est bien développé.

Il faut dire que les sociétés d’autoroutes n’avaient pas le choix. Une loi les obligeait à avoir des bornes sur toutes les aires de service, celles où il y avait déjà une station classique, dès 2023. Mais ont-elles profité de cette obligation pour créer un juteux business ?

Alors que les entreprises propriétaires des axes rapides sont sans cesse accusées de s’en mettre plein les poches avec les péages, sources de profits qui seraient bien supérieurs à la normale, elles ont été critiquées cet été à propos de la recharge. Ce serait leur “nouveau pactole”, pour reprendre le titre du Parisien qui a révélé l’histoire après avoir étudié un rapport de l’Autorité de régulation des transports sur ce sujet.

À lire aussi Témoignage – Jérôme nous fait son bilan de voiturier sur une station de recharge de l’A7

APRR monte au créneau

Selon le rapport, les sociétés d’autoroutes toucheraient de très généreuses commissions sur chaque recharge : “Plus de 18 % du prix de la recharge est reversé à la société concessionnaire d’autoroute en échange du droit, pour le titulaire du contrat, d’exploiter son installation sur le domaine autoroutier”. Si cela est vu comme une nouvelle manne, c’est parce que pour les autres biens vendus sur l’aire, la commission est d’environ 4 %.

De quoi faire tousser, d’autant que c’est la loi qui a imposé l’installation des stations de recharge et que celle-ci aurait livré sur un plateau aux sociétés d’autoroutes un nouveau moyen de s’en mettre plein les poches. Mais certaines contestent. Dans un communiqué publié cette semaine et titré “mise au point sur la question des recharges électriques sur autoroutes”, la société APRR, présente dans la zone entre Paris, Lyon et Mulhouse, souligne que le niveau de redevance chez lui est de 5 %, donc bien loin des 18 %.

APRR explique que la redevance “rémunère l’exercice d’une activité commerciale sur le domaine public. Elle s’applique sans exception à tous les contrats et à toutes les activités commerciales exercées sur autoroute. Elle est composée d’une part fixe (un loyer en compensation de l’entretien du foncier mis à disposition) et d’une part variable liée à la performance économique des activités déléguées aux sous-concessionnaires”.

À lire aussi Chassé-croisé des vacances en voiture électrique : la guerre sur l’autoroute A7 ?

Une faille des appels d’offres ?

Toutefois, pour installer des bornes, les sociétés d’autoroutes ont lancé des appels d’offres. Certaines ont pu être séduites par des propositions d’opérateurs comprenant le versement de généreuses commissions, le rapport de l’ART pointant cette faille dans la procédure des appels d’offres.

L’automobiliste serait donc perdant. Le rapport a été l’occasion de remettre en avant le coût élevé de la recharge sur les autoroutes. Mais les sociétés rappellent qu’elles ne décident pas du prix du kWh, ce sont les opérateurs. S’ils versent une commission plus généreuse, ce serait plutôt eux les perdants en rognant sur leurs marges. Il faut d’ailleurs noter qu’avec un même opérateur, les prix sont le plus souvent les mêmes que l’on soit sur autoroute ou non. Ainsi, chez Fastned, qui a commencé à proposer des stations hors du réseau concédé, le kWh coûte toujours 0,59 € hors abonnement.

Un tarif lié à la rapidité de la recharge, un aspect important mis en avant pour faire passer la pilule des prix élevés sur l’autoroute, où l’on trouve majoritairement des bornes de recharge rapide, voire ultra-rapide. Mais si certains opérateurs sont prêts à verser de belles royalties pour avoir un marché, cela ne va pas inciter à baisser le prix de la recharge.